Comment la végétation des bordures de champs évolue-t-elle pour s’adapter au changement climatique et aux pratiques agricoles ?
Une étude réalisée par Inrae et l’Anses arrive à la conclusion qu’en une décennie la végétation des bordures de champs a évolué en raison du changement climatique et des pratiques agricoles. Elle montre que les communautés de plantes des bordures de champs ont changé en conséquence pour inclure davantage d’espèces dotées de stratégies de tolérance à la chaleur et à l’aridité, au détriment d’espèces capables de résister aux perturbations liées aux pratiques agricoles.
Une étude réalisée par Inrae et l’Anses arrive à la conclusion qu’en une décennie la végétation des bordures de champs a évolué en raison du changement climatique et des pratiques agricoles. Elle montre que les communautés de plantes des bordures de champs ont changé en conséquence pour inclure davantage d’espèces dotées de stratégies de tolérance à la chaleur et à l’aridité, au détriment d’espèces capables de résister aux perturbations liées aux pratiques agricoles.

Des scientifiques d’Inrae et de l’Anses ont étudié l’évolution de la végétation des bordures de champs de 500 parcelles agricoles en France hexagonale pour comprendre les effets du changement climatique et des pratiques agricoles sur ces plantes. Pourquoi ce choix ? Selon eux, les bordures de champ occupent une position intermédiaire entre les milieux naturels et les champs cultivés et sont intéressantes à étudier parce qu’elles abritent aussi bien des espèces adventices (gaillet gratteron, cirse des champs) plus ou moins adaptées aux perturbations agricoles, que des espèces prairiales (oseille des prés, gesse des prés) qui sont importantes à conserver. Autre point important : leur rôle écologique primordial en tant que zones de refuge et corridors de dispersion pour de nombreuses espèces, y compris des auxiliaires de culture, des espèces qui repoussent ou régulent les ravageurs.
500 parcelles étudiées
C’est dans le cadre du plan Ecophyto que le ministère en charge de l’Agriculture a organisé le réseau de biovigilance 500 ENI (Effet non intentionnels) pour suivre les effets non intentionnels des pratiques agricoles sur la biodiversité des bordures de champs. Ainsi quelque 500 parcelles ont été choisies pour être représentatives des systèmes agricoles de la France hexagonale, dont 20 % en agriculture biologique, sur trois types de cultures : grandes cultures, vignes et cultures maraîchères. Entre 2013 et 2021, les scientifiques ont analysé les données botaniques, les données météorologiques de Météo-France (température, humidité du sol), mais aussi les données sur les pratiques agricoles déclarées par les agriculteurs incluant l’utilisation de fertilisants et d’herbicides ainsi que la gestion de la végétation dans la bordure par fauchage.
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Augmentation de la température et baisse de l’humidité des sols
Les résultats de cette étude qui ont été publiés dans Ecology Letters montrent qu’en dix ans la température moyenne a augmenté de 1,2 °C et l’humidité des sols a diminué de 14 % dans ces parcelles. Autre constat : dans le même temps, les pratiques agricoles sur les 500 parcelles n’ont pas significativement changé, bien qu’une légère baisse de la fréquence des fauchages des bordures de champs ait été observée.
Le scientifiques expliquent que selon les espèces et les milieux dans lesquels elles vivent, les plantes peuvent adopter trois stratégies fondamentales :
- La stratégie stress-tolérante, liée à la capacité des plantes à résister aux contraintes environnementales entraînant un manque de ressources (aridité, sol peu fertile…) ;
- la stratégie de compétitivité pour maximiser l’acquisition des ressources nécessaires à une croissance rapide dans les milieux favorables ;
- la stratégie rudérale qui permet aux plantes de résister aux perturbations de leur environnement, liées notamment aux activités humaines, mais qui peuvent aussi être des événements naturels comme des inondations.
Des changements observés dans les communautés végétales
« Chaque plante ne peut adopter qu’une seule de ces stratégies à la fois. Les communautés végétales reflètent donc des compromis entre ces différentes stratégies, selon les contraintes environnementales qui s’exercent le plus sur elles » font remarquer les scientifiques. En lien avec les changements climatiques marqués dans les parcelles sur la période étudiée, ces derniers ont observé des changements dans les communautés végétales des bordures de champs avec un déclin progressif des espèces végétales à stratégie compétitive et rudérale au profit d’espèces à stratégie stress-tolérante.
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Couverts végétaux, agroforesterie, réduction de l’usage des intrants : les pratiques recommandées par les scientifiques
Les communautés d’espèces végétales sélectionnées par l’augmentation des températures et l’aridité seraient donc mal adaptées pour résister aux effets des pratiques agricoles conventionnelles selon les scientifiques. « Afin de préserver au maximum leur potentiel d’adaptation, des pratiques d’atténuation du changement climatique comme les couverts végétaux et l’agroforesterie ou encore la réduction d’usages d’intrants en agriculture, permettraient de préserver les capacités d’adaptation de cette biodiversité » concluent les scientifiques.