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Cinq « bassines » interdites en Charente-Maritime et des agriculteurs qui veulent capter plus d’eau

En raison d'études d'impact insuffisantes, cinq retenues d'eau qui font l'objet de nombreuses contestations en Charente-Maritime et dans les Deux-Sèvres viennent d’être jugées illégales par la justice administrative en appel à Bordeaux. Une décision qui tombe alors qu’un risque de sécheresse menace la France actuellement. La présidente de la FNSEA estime que les agriculteurs ont besoin de stocker plus d’eau.  

Les retenues d’eau construites pour permettre aux agriculteurs d’irriguer leurs cultures font débat. Cinq de ces « bassines » controversées en Charente-Maritime et dans les Deux-Sèvres viennent d’être interdites par la cour administrative d’appel de Bordeaux.
© Christian Gloria

C’est la fin d’une longue bataille. « Les cinq " bassines " agricoles de Cram-Chaban de nouveau jugées illégales », c’est ce que titre France Bleu qui retrace en détail l’histoire de ces retenues d’eau controversées qui ont fait l’objet de nombreuses manifestations en Charente-Maritime et dans les Deux-Sèvres. Les réserves ont finalement été interdites par la justice administrative en appel à Bordeaux en raison d'études d'impact insuffisantes. La cour administrative d'appel de Bordeaux a rejeté le 17 mai la requête de l'association des Roches, représentant les irrigants, qui visait l’autorisation de cinq réserves d'eau à remplir par prélèvements sur le bassin de la rivière Le Mignon, sur les communes de La Laigne, Cramchaban et la Grève-sur-le-Mignon (Charente-Maritime). En 16 ans de procédure, ces « bassines », autorisées par deux arrêtés préfectoraux, ont donné lieu à nombre de recours de Nature Environnement 17 qui s'oppose à ces retenues d'eau, et à des demandes d'études d'impact.

En 2021, deux de ces retenues d’eau avaient fait l’objet de dégradations lors d’une mobilisation citoyenne contre des projets de bassines dans le Marais poitevin. Pour les irrigants, ces ouvrages ont été construits avec un permis d’aménager délivré en 2009.

Dans son jugement communiqué le 18 mai, la cour administrative d'appel a noté « l'insuffisance » ou « l'absence de données » de certains aspects des études d'impact avancées par les irrigants, notamment sur les effets des prélèvements, l'absence de sources de certains chiffres avancés ou des mesures ne permettant pas un « ajustement pertinent » du remplissage des retenues.

« Le climat change, on doit changer »

Ces interdictions arrivent alors que le manque d’eau est déjà préoccupant pour les agriculteurs en France.Le ministère de la Transition écologique vient de publier une carte du risque de probabilité de sécheresse hydrologique par département d’ici à la fin de l’été.

Christiane Lambert, qui était l’invitée de Bruno Duvic sur France Inter ce mercredi 18 mai est revenue sur le sujet. Elle parle d’une « sécheresse précoce » qui affecte en particulier les céréales.

 

La question des retenues d’eau a été abordée avec une auditrice qui a interrogé la présidente de la FNSEA sur les « méga-bassines ? ». La syndicaliste a souligné que ce ne sont plus les mêmes réserves d’eau qu’il y a 10 ou 20 ans. Les bassines réalisées actuellement le sont « après des études hydrologiques et topographiques plus précises qu’il y a une dizaine d’années ».

Christiane Lambert a tenu également à faire remarquer que « la France ne capte que 1,7 % de l’eau de pluie quand l’Espagne en capte 20 % ». Les Pays-Bas et le Danemark ont plus de réserves d’eau que la France. Des pays qui ont compris que « le changement climatique nécessitait plus d’eau » a-telle souligné. La profession agricole demande à pouvoir stocker notamment les pluies diluviennes. Christiane Lambert a pris en exemple le Maine-et-Loire, département où se trouve son exploitation. Dans ce département, 3 h de pluies diluviennes « suffisent à tous les irrigants » a-t-elle affirmé au micro de Bruno Duvic, en ajoutant que cette eau va de toute façon à la mer. Quand au pompage dans les nappes phréatiques, « c’est encadré », a-t-elle rappelé.

 

Aux mouvements anti-bassines, elle oppose le besoin alimentaire. « Le climat change, on doit changer », a-t-elle martelé à la radio. « Quand on va avoir moins 20 ou moins 30 % de récolte, je pense qu’il y aura d’autres débats. » Et d’évoquer les pays comme le Maroc et l’Egypte, qui craignent la famine et développent des programmes hydrographiques importants. « On ne peut pas faire d’agriculture sans eau » a lancé Christiane Lambert. Elle a rappelé par ailleurs que 90 % des agriculteurs ne sont pas irrigants et que seulement 6 % des terres agricoles françaises sont irriguées.

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