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« Trouver l’adéquation entre production et consommation de viande de chevreau »

Pour les trois principaux abatteurs français de chevreaux, l’amélioration de la valorisation du chevreau ne passe pas forcément par moins d’animaux, mais une disponibilité aux périodes de plus forte consommation.

La plan de filière soutenu par les pouvoirs publics devrait notamment permettre de finaliser la charte de bonnes pratiques d'élevage du chevreau.
© D. Hardy

La seconde partie de l’enveloppe budgétaire visant à soutenir la filière chevreau a été validée au niveau du ministère. Les trois principaux abatteurs français (Loeul & Piriot, LDC et Ribot) vont ainsi pouvoir clore le chapitre covid et répercuter aux engraisseurs la hausse de leurs coûts de production, notamment celui de la poudre de lait. Aujourd’hui, le prix du chevreau se situe autour de 3,10-3,12 €/kg vif, supérieure à 2019 (voir p. 18). En revanche, la question de l’impact sur le prix du petit chevreau reste entière et tout n’est pas résolu.

« Pour nous, la solution n’est pas forcément moins de chevreaux au total, mais à la bonne période. Nous avons presque des difficultés à fournir assez pour les fêtes de fin d’année », expliquent-ils via leurs fédérations, la FIA et le Cnadev. « En 20 ans, nous sommes passés de 14 à 7 % de l’activité annuelle faite sur Noël. Et ce chiffre continue de baisser, alors que la consommation, elle, reste très saisonnée. » Le même phénomène est observé à Pâques, avec un volume important à commercialiser en février-mars et les années où la fête est positionnée plus tard dans le calendrier.

Aujourd’hui, seuls 45 % des volumes de petits chevreaux traités par ces trois opérateurs sont commercialisés en France : environ 60 % en supermarchés, 24 % en boucherie et 16 % via des grossistes.

Pas de marché pour les chevreaux lourds

55 % des volumes sont donc vendus à l’export : Portugal, Italie, Espagne, dont 21 % en viande congelée. « Et sur ce volume, difficile de passer des hausses auprès de nos clients étrangers, particulièrement sur la viande congelée, peu valorisée », expliquent-ils.

« Nous recherchons en permanence des solutions pour nous diversifier et de nouveaux marchés, à l’export notamment (à l’exemple du travail mené pour rouvrir les frontières du Japon suite à un embargo fièvre aphteuse). Le travail collectif mené au sein d’Interbev vient compléter la communication que nous faisons à nos marques. Concernant les découpes, nous avons démarché la restauration collective. Et bien sûr, nous négocions des hausses de tarifs auprès de nos clients de la grande distribution », expliquent-ils.

Pas de lait sans chevreaux

Sur la question des chevreaux lourds, « il n’y a pas de marché régulier dans nos circuits de commercialisation et nos outils ne sont pas agréés pour des animaux au-delà de 20 kg poids carcasse. Concernant les abattages de chevreaux de producteurs en vente directe, c’est compliqué pour nous à organiser logistiquement en termes de ramassage. »

La solution doit se trouver collectivement selon eux. « Une des recommandations du CGAAER est que la filière lait soit associée aux discussions, pourquoi pas via un comité de liaison. Les chevreaux sont nécessaires si on veut du lait, et aujourd’hui, on ne trouve pas l’équilibre entre les besoins des uns et des autres. »

L’étude prévue par le plan de filière sur les attentes de consommateurs permettra peut-être de trouver des pistes pour désaisonner et augmenter la consommation du chevreau.

Soutien du gouvernement au plan de structuration de la filière viande caprine

Alors que la mission d’appui à la filière viande de chevreau du CGAAER a rendu son rapport, le ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation, Julien Denormandie, a annoncé le soutien du gouvernement au plan interprofessionnel de structuration de la filière chevreau.

« Dans le cadre du Plan de relance gouvernemental, Interbev caprins a déposé auprès de FranceAgriMer un programme de projets structurants collectifs ayant pour objectif de générer de la valeur pour l’amont et l’aval de la filière viande de chevreau », a annoncé l’interprofession dans un communiqué.

Ce programme, qui sera donc soutenu par les pouvoirs publics, s’articule autour de quatre actions clés : le déploiement d’une charte de bonnes pratiques en élevage, transport, engraissement et à l’abattage ; l’incitation à l’engraissement à la ferme ; le développement du nombre de prestataires d’abattage-découpe pour les chevreaux ; l’identification des attentes et des freins concernant le développement du marché de la viande de chevreau auprès des consommateurs et des acheteurs professionnels.

Quelques jours plus tôt, le CGAAER avait rendu le rapport de sa mission d’appui à la filière viande de chevreau. Après avoir dressé un état des lieux, la conclusion est qu’ « il n’existe pas de solutions miracles. La filière chevreaux légers doit être confortée mais doit évoluer et rechercher de la valeur répercutée sur l’ensemble des acteurs. La filière chevreaux lourds doit être soutenue pour se développer à nouveau. Enfin, il faut continuer à diminuer le nombre de chevreaux, en particulier avec les lactations longues », avancent ses auteurs.

Plusieurs recommandations sont formulées, notamment : demander une cartographie précise des capacités des abattoirs prestataires de service pour l’abattage et la découpe des chevreaux lourds ; modifier le fonctionnement de l’interprofession en mettant en place des indicateurs de coût de production, une présidence tournante et un comité de liaison entre les deux interprofessions, lait et viande ; finaliser l’accord interprofessionnel sur la mise en place d’une charte de bonnes pratiques de production du chevreau chez les naisseurs, en échange d’une contractualisation portant sur la garantie de collecte et une référence aux indicateurs de coût de production du chevreau de huit jours pour le prix payé par les engraisseurs ; favoriser la filière chevreaux lourds en étudiant la mise en place d’un soutien public à titre transitoire.

Dans toutes les régions, des initiatives fleurissent pour trouver des solutions, collectives ou individuelles, afin d’améliorer la valorisation du chevreau. Espérons que cette campagne 2021-2022 soit meilleure que les deux précédentes.

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