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Seconde campagne d’affilée difficile pour les engraisseurs de chevreaux

Avec une cotation à 2,47 €/kg vif depuis avril, le prix du chevreau gras est à un niveau bas historique. Des solutions à court et moyen terme sont nécessaires pour assurer la pérennité de la filière.

« En démarrant la campagne 2020-2021 en août dernier, on ne s’imaginait pas revivre les difficultés de la campagne précédente, marquée par un confinement à la pire période pour nous », expose Anthony Garnier, président de la Fnenc, la toute jeune Fédération nationale des engraisseurs de chevreaux.

Et pourtant, avec une cotation du chevreau qui n’a pas décollé à Pâques 2021, la filière a connu une seconde année difficile. Partis à un maximum de 2,87 €/kg vif en mars-avril, les chevreaux ont certes été vendus 6 % au-dessus de la cotation plate de 2020, mais cela reste bien inférieur aux habitudes pascales. En 2019, le chevreau était ainsi resté plusieurs semaines à 3,40 euros. Cette année, après Pâques, la cotation a dégringolé à 2,47 €/kg, un prix historiquement bas.

Ces chiffres, présentés lors des rencontres annuelles du Brilac le 31 mai dernier, montrent que le chemin vers un marché assaini est encore incertain et peut-être long. « La filière a réussi à abattre tous les chevreaux, mais au prix de sacrifices sur les prix, avance François Frette, animateur de la section caprine d’Interbev. En résumé, en 2020, la filière a dû faire face à des stocks, en 2021, elle a dû dégrader les prix. Et cette campagne sera encore compliquée avec un coût de l’aliment d’allaitement en hausse ».

« Nous avons mené un travail autour du coût de production des ateliers d’engraissement. Même s’il est en cours de validation à la section caprine d’Interbev, ce coup de production se situerait autour de 3,14 €/kg, soit un niveau supérieur aux cotations depuis le début de l’année », constate Anthony Garnier.

« En parallèle, depuis fin 2020 et comme tous les éleveurs, nous subissons une hausse des charges, et notamment de la cotation de la poudre de lait, en augmentation de 250 €/t depuis fin 2020, poursuit-il. Ce qui, par ricochet, nous a obligés à acheter les chevreaux en ferme à des prix bas. Au final, les engraisseurs n’ont eu pas ou peu de revenus sur cette campagne. »

Pour sortir de cette situation, plusieurs réunions ont eu lieu à Interbev avec les différents acteurs et imaginer des solutions à long terme. « Nous sommes une petite interprofession, récente puisque créée en 2014. La filière chevreau construit son avenir avec des travaux prospectifs », expose François Frette, l’animateur de la section caprine d’Interbev.

« Ce travail collectif est très positif. Mais nous avons aussi besoin de solutions à court terme, insiste Anthony Garnier. Avec ces niveaux de prix très bas pendant deux campagnes de suite, nous, engraisseurs, sommes en grande difficulté. Hélas, nous ne sommes pas en mesure d’augmenter le prix du petit chevreau. Ce dont les naisseurs pâtissent. »

Parmi les propositions de la Fnenc, « la mise en place une prime PAC au maillon engraisseur pour pérenniser et consolider le résultat d’exploitation et garantir un prix minimum d’achat des petits chevreaux. Autre piste, à réfléchir au niveau de chaque entreprise : l’implication des laiteries. Certaines d’entre elles appliquent déjà une « prime chevreaux » de 4-5 €/1 000 l depuis quelques années. L’objectif est de venir soutenir directement les naisseurs pour améliorer l’élevage des chevreaux dès leur naissance ». Dernier levier évoqué, l’achat des chevreaux aux naisseurs au poids, comme cela se fait déjà dans le bassin Sud.

Parmi les travaux de la section caprine, une charte des bonnes pratiques d’élevage des chevreaux devrait voir le jour prochainement. « Cette charte est un moyen de redonner de la valeur au petit chevreau, mais cette valeur ne peut exister que si le prix du chevreau gras est rémunérateur », conclut Anthony Garnier.

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