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Joël Mazars, éleveur caprin dans l’Aveyron et administrateur à la Fnec
« Répondre aux attentes des citoyens et communiquer sur nos pratiques »

L’élevage caprin jouit d’une bonne image auprès du grand public. Doit-on se préoccuper des remises en cause de l’élevage ?

Joël Mazars - On aurait pu croire que la filière caprine est à l’abri des controverses avec l’image sympathique de la chèvre pâturant les collines ou celle des fromagers vendant leurs produits sur les marchés. Il n’en est rien. La remise en cause de l’élevage est une vraie préoccupation de la filière et l’interprofession y travaille en discutant avec des associations de défense des animaux d’élevage. Nous devons entendre les attentes de la société et on sera sûrement obligés de faire évoluer nos pratiques pour prendre en compte les attentes de nos concitoyens demain sur le pâturage, la séparation du chevreau, le transport, l’écornage ou l’utilisation d’hormone. Ce ne doit pas être des virages à 180° mais des changements progressifs. Pendant des années, les agriculteurs français ont produit en délaissant la pédagogie et les explications. Aujourd’hui, 60 % de nos compatriotes ne savent pas comment sont produits les aliments et ils se posent des questions.

Comment réagir face à cette méconnaissance ?

J. M. - 95 % de ce que nous faisons au quotidien est positif. C’est à chacun de nous de le montrer en ouvrant sa ferme ou via les réseaux sociaux. Il y a quelque temps, j’ai posté sur les réseaux sociaux une vidéo de 15 secondes avec des chevrettes d’une semaine qui gambadaient. Ce n’était rien du tout à faire mais j’ai eu 10 000 vues et cela véhicule des images positives d’animaux ensembles, dans la paille fraîche et visiblement contentes d’être là. Aujourd’hui, tout le monde a un téléphone portable et peut véhiculer des bonnes images. Les végans militants et les anti-élevages utilisent ces réseaux sociaux. À nous de nous former à l’utilisation de ces nouveaux médias car le digitale est un très bon moyen de faire passer des idées.
Il ne faut pas vouloir tout justifier mais plutôt expliquer ce que l’on fait chez nous. Par exemple, si je cautérise les cornes, c’est pour réduire les risques d’accident quand j’aide les chèvres à mettre bas. Dans tous les cas, que l’on soit bio ou conventionnel, pâturant ou non, livreur ou fermier, on ne doit pas se justifier en dénigrant les pratiques de son voisin car tout le monde fait quelque chose de potentiellement mal perçu par le consommateur.

Comment se former à la communication 

J.  M. - Dans mon département, nous avons mis en place un groupe communication avec des agriculteurs et des organisations professionnelles afin de comprendre et contrer les oppositions à l’élevage. En se formant, on apprend à anticiper les questions. On apprend aussi à parler simplement en évitant les jargons techniques. Pour faire passer des messages, on peut aussi être dans l’affectif. Par exemple en expliquant que si cette chèvre est câline, c’est parce que je l’ai fait naître et que je la vois tous les jours. Il faut entretenir la sympathie que le grand public nous porte naturellement. De même, il faut toujours finir en invitant à visiter l’élevage pour voir que les chèvres sont bien. Cela montre que l’on est sincère et que l’on ne cache rien.

Cette communication est-elle un enjeu d’avenir

J. M. - Absolument. Si on ne s’approprie pas ces questions, cela risque d’entraîner une baisse de consommation, comme c’est déjà le cas pour la viande, et à terme une baisse de production et de rémunération. Si 80 % des éleveurs postaient chaque semaine une communication positive sur les réseaux sociaux, les messages des antis seraient complètement noyés. Les chartes de bonnes pratiques sont aussi un moyen d’avancer collectivement vers de meilleures pratiques.

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