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Pac : la campagne « le bio à poil » qui divise le gouvernement et les agriculteurs

A l’appel de la fédération nationale de l’agriculture biologique et soutenue par le collectif Pour une autre Pac, la manifestation des agriculteurs bio hier à Paris dénonçant les arbitrages de Julien Denormandie pour la nouvelle Pac suscite des débats sur les réseaux sociaux.

Bio à poil
Quelque 300 personnes se sont rassemblées hier à Paris à l’appel de la fédération nationale de l’agriculture biologique (Fnab) pour dénoncer les arbitrages ministériels sur les subventions aux agriculteurs bio.
© Compte twitter du collectif Pour une autre Pac

Quelque 300 personnes se sont rassemblées hier à Paris à l’appel de la fédération nationale de l’agriculture biologique (Fnab) pour dénoncer les arbitrages ministériels sur les subventions aux agriculteurs, jugées par le syndicat insuffisamment tournées vers le maintien de la production en bio.

Sous le slogan « la bio à poil », lancé depuis plusieurs jours sur les réseaux sociaux, les manifestants ont épinglé des photos d’agriculteurs et agricultrices dans le plus simple appareil sur l’esplanade des Invalides et ont posé un peu plus tard sur la pelouse en sous-vêtements.

Le ministre de l'Agriculture Julien Denormandie tend à « rhabiller confortablement une certaine agriculture quitte à en déshabiller une autre », a dénoncé Philippe Cambure, le nouveau président de la Fédération nationale d'agriculture biologique (Fnab) qui a décidé de se tourner vers la ministre de la transition écologique Barbara Pompili et le président de la République.

Lire aussi : [Pac]: « la HVE risque de siphonner l'agriculture biologique », selon la Fnab

La Plateforme pour une autre Pac, rassemblant la Fnab, des ONG et la Confédération paysanne, aurait obtenu un rendez-vous le 10 juin prochain à l’Elysée, selon nos confrères d’Agrapresse. Les antennes européennes des organisations de la plateforme commenceraient par ailleurs à travailler avec la Commission européenne « pour lui monter que le plan stratégique national français n’est pas à même de répondre aux objectifs du Green deal », relaient nos confrères en citant Mathieu Courgeau, président du collectif.

Lire aussi : La comédienne Lucie Lucas se met à nue pour défendre les agriculteurs bio

La Fnab a pour sa part été reçue dès hier par Barbara Pompili qui a déclaré dans un tweet : « le ministère de l’écologie sera toujours présent aux côtés des agriculteurs bio pour les soutenir dans une transition à grande échelle et permettre à tous les Français d'avoir accès à des produits de qualité ».

Et ce alors que le ministre de l’Agriculture Julien Denormandie tentait de son côté sur le réseau social de rétablir certains faits. « Non, il n’est pas question de baisser les enveloppes bio. Au contraire : au niveau national, les enveloppes au revenu restent stables et celles dédiées au bio augmentent de 30% » écrit-il, dénonçant des « chiffres mis en avant par la Fnab » qui « reposent sur des calculs biaisés ».

Lire aussi : PAC : le ministère se défend de baisser les aides à la bio

Le ministre évoque une hausse des aides à la conversion bio de 250 à 340 millions d’euros dans le deuxième pilier de la Pac et défend son choix de donner la priorité à l’aide à la conversion : « c’est comme cela que l’on développe la production et que l’on répond à la demande du consommateur qui augment », écrit-il.

Dans une interview accordée à Géraldine Woessner pour Le Point, le ministre de l’agriculture déclare : « opposer les agriculteurs bio et les autres est une folie ! ».

Une opinion visiblement partagée par plusieurs agriculteurs influents sur Twitter qui à l’initiative de l’Agritwitto Bruno Cardot ont également posé nus dans leur champ avec le message : « Pac, la Fnab nous divise, mission commune nourrir donc tous paysans, tous agriculteurs, tous unis, tous à poil ».

 

Lire aussi : Réforme de la PAC : grandes cultures, élevage, zones intermédiaires... qui sont les gagnants et les perdants ?

La FRSEA Pays de la Loire a pour sa part publié un communiqué de presse intitulé « le bio oui, mais pas à tout prix ! ». « En matière d’agriculture biologique, certains ont fait de la manipulation des chiffres et des esprits leur fonds de commerce, opposant systématiquement agriculture biologique et conventionnelle et en portant une logique de développement de l’agriculture biologique déconnectée de la réalité », y déclare Jacques Mousseau, président de la section agriculture biologique de la FRSEA. Dénonçant « fermement ces comportements », il poursuit : « que l’on soit bio ou conventionnel, nous voulons des prix rémunérateurs pour nos produits ». Plutôt que l’aide au maintien, la FRSEA Pays de la Loire demande pour la bio « une nouvelle mesure agroenvironnementale, au sein du deuxième pilier de la Pac ».

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