Nettoyer les drains pour maintenir le potentiel des parcelles
Le maintien du potentiel des parcelles hydromorphes drainées nécessite un entretien régulier du réseau de drainage.
Le maintien du potentiel des parcelles hydromorphes drainées nécessite un entretien régulier du réseau de drainage.

« Un terrain avec un drainage dysfonctionnel est pire qu’un terrain non drainé », affirme Stanislas Biotteau, agriculteur et dirigeant de Nestagro, importateur des nettoyeurs de drains du fabricant néerlandais Sieger. Avec le temps, les drainages peuvent devenir moins efficaces, localement ou sur toute la zone drainée. « Il s’agit bien souvent d’un problème de profondeur irrégulière de drain : l’inclinaison n’est pas constante et si le drain remonte un peu trop, les limons finissent par s’accumuler et boucher le tuyau », poursuit l’importateur. Une autre cause peut être un drain écrasé ou abîmé. Mais la raison peut aussi être biologique. Certaines cultures à racines traçantes, comme le colza, la luzerne ou le radis, sont souvent responsables de bouchages de drains. Leur système racinaire tend à se développer de manière importante en profondeur : « il se dirige préférentiellement vers les drains, parce que cette zone respire mieux en hiver quand le sol est saturé d’eau, ou au contraire parce qu’elle est plus fraîche par conditions sèches en été : les racines plongent alors dans les drains », explique François Ratel, responsable commercial Est de la France, pour HB, importateur des nettoyeurs de drains du constructeur néerlandais Homburg.

8 000 à 35 000 euros pour acquérir un nettoyeur de drains
Aussi pour toutes ces raisons, il est important d’entretenir les drains avec des nettoyeurs. Avec le contexte très humide de ces derniers mois, beaucoup d’agriculteurs investissent en équipement propre ou en commun, pour un tarif allant de 8 000 à 35 000 euros selon les marques, les modèles, la longueur de tuyau, les équipements et le mode de distribution (vente directe ou via un réseau de concessionnaires). « Le coût peut sembler important pour une utilisation d’une à trois semaines par an, confie Matthieu Sarran, gérant de la SARL française Brard et Sarran, qui fabrique ses nettoyeurs depuis les années quatre-vingt. Mais sans drainage fonctionnel, il n’y a pas de culture. Un bon drainage permet de revenir plus vite pour faire les premiers apports d’engrais et d’augmenter les rendements. Il faut raisonner l’investissement sur le long terme. »

Basse ou haute pression, haut ou bas débit
Sur le marché des nettoyeurs de drains, il existe deux familles : ceux à basse pression (maximum 50 bars), tels que Homburg et Sieger, et ceux à haute pression (jusqu’à 180-200 bars), comme Brard et Sarran. Les modèles haute pression mettent en avant leur forte capacité à découper les racines, ainsi que les dépôts de terres ou les incrustations ferreuses. « La puissance est telle que sur les drains percés en plastique, l’eau sous pression sort du tuyau, ce qui crée un réseau de petits canaux améliorant encore les drainages futurs », détaille Matthieu Sarran. « Mais également une voie privilégiée pour les racines », rétorquent les promoteurs de la basse pression. Ces derniers prônent le plus grand respect des drains, tout en ayant un nettoyage optimal. « Il n’est pas utile de monter au-dessus de 35-40 bars, car à cette pression il ne reste rien dans le drain, recommande Stanislas Biotteau. Avec une pression trop forte, on risque de dégrader le drain. Si l’on constate des copeaux de plastique ou des éclats de poteries, c’est trop fort. » Les solutions à basse pression emploient des pompes à pistons-membranes qui peuvent aspirer des eaux plus ou moins propres, donc directement dans les fossés d’écoulement ou dans une tonne, moyennant une crépine et un filtre. Le système Brard et Sarran à haute pression emploie le même type de pompe que sur les nettoyeurs haute pression et intègre un filtre supplémentaire pour aspirer une eau plus claire. En revanche, les pompes basse pression affichent des débits d’eau plus élevés (135 à 142 l/min, selon les marques, contre 30 à 41 l/min chez Brard et Sarran). Un débit d’eau plus élevé permet d’évacuer plus facilement la terre et les racines détachées par la buse, mais nécessite une logistique d’approvisionnement en eau adaptée.

Une cage pour guider le furet dans le drain

Les constructeurs proposent plusieurs variantes de buses (ou furets). Vissées à l’extrémité du tuyau, elles comptent un à cinq trous à l’avant, ayant pour vocation de percer le bouchon, et jusqu’à 18 trous à l’arrière dont l’objectif est de poursuivre le nettoyage et d’évacuer les résidus arrachés aux drains. Dimensionnés pour les drains, les furets peuvent être dotés d’une cage (ou guide-buse) qui les maintient en position centrale dans les conduites de plus grand diamètre, comme les collecteurs.

La motorisation du tuyau augmente le débit de chantier

Les nettoyeurs haute pression premier prix utilisent la poussée de l’eau (vers l’arrière) pour faire avancer le tuyau dans la buse. Rien qu’en le déroulant, le tuyau avance tout seul sur les 80 à 100 premiers mètres. Au-delà, il est nécessaire d’aider manuellement le tuyau à rentrer jusqu’à 120 à 150 m. Des modèles plus évolués (haute et basse pression) intègrent des galets moteurs pour pousser le tuyau, la vitesse d’avancement étant paramétrable. La motorisation de l’avancement du tuyau augmente potentiellement le débit de chantier et réduit les besoins en eau. Les modèles les mieux équipés permettent en plus de piloter le nettoyeur à l’aide d’une télécommande. Cet équipement procure davantage de liberté à l’opérateur qui peut piloter l’outil depuis la fosse où se trouve le drain ou encore préparer le drain suivant. Les nettoyeurs haut de gamme disposent par ailleurs d’automatismes en cas de rencontre d’un bouchon. Mesurant la résistance au déroulement du tuyau, des capteurs détectent l’obstruction et effectuent plusieurs allers et retours sur quelques mètres avec l’objectif de passer au travers. En cas d’échec, le système s’arrête ou retire tout le tuyau. Ces automatismes apportent du confort à l’opérateur qui n’a plus à être en permanence vigilant aux moindres patinages des roues d’entraînement du tuyau, ce dernier ne subissant ainsi plus de dégradation.
Les détecteurs compensent les erreurs de plan

Pour s’aider dans la préparation du nettoyage des drains, les agriculteurs s’appuient, lorsqu’ils en ont en possession, sur les plans de drainage. Mais il arrive régulièrement que ces derniers soient faux et fassent perdre du temps en terrassement. L’utilisation d’une sonde et d’un détecteur de métaux permet de gagner du temps et de la précision. Logée dans un boîtier étanche, la sonde est fixée en bout de tuyau et envoyée dans le drain. À la surface, un opérateur peut suivre son cheminement en profondeur à l’aide du détecteur lui indiquant la direction à suivre à l’aide d’un écran et d’un signal sonore. Les modèles les plus évolués vont jusqu’à indiquer la profondeur de la sonde.
