Les fromages de chèvre résistent tant bien que mal à la déconsommation
Si l’inflation a montré quelques signes de ralentissement ces dernières semaines, les consommateurs ajustent leurs achats depuis plusieurs mois. Consommés quotidiennement, les produits laitiers sont en première ligne de cette déconsommation.
Si l’inflation a montré quelques signes de ralentissement ces dernières semaines, les consommateurs ajustent leurs achats depuis plusieurs mois. Consommés quotidiennement, les produits laitiers sont en première ligne de cette déconsommation.
« L’alimentaire est devenu le premier poste contributeur à l’inflation (+16 % à fin mai), a rappelé Romain Le Texier, directeur des études au Cniel*, lors de la rencontre des partenaires des producteurs de lait de chèvre organisée par le Brilac (Bureau Régional Interprofessionnel du Lait de Chèvre) début juillet. Ce contexte est source d’inquiétudes pour les ménages français. Et si l’inflation se stabilise, ils doivent encore l’absorber. Les produits laitiers, produits du quotidien avec 4,6 consommations par semaine, sont en première ligne de leurs arbitrages. L’inflation sur les fromages de chèvre et de brebis est de 18,3 % sur un an en avril 2023. »
Face à cette hausse du coût des aliments, les consommateurs ont plusieurs réactions : réduction des quantités achetées, descente en gamme, achat de plus petits formats, changement de marque… jusqu’à l’arrêt des achats.
+ 1,2 % pour les marques de distributeur
Les marques de distributeurs (MDD), voient leurs parts de marché progresser de 1,2 % en volume pour les fromages de chèvre en libre-service. Tous produits confondus (produits de grande consommation frais et libre-service), les MDD ont une croissance en volume deux fois supérieure à celle des marques nationales (13,3 % vs 5,9 %). Les fromages de chèvre en libre-service résistent bien, à l’indice 101 en volume en avril 2023, versus 100 en 2019. Dans ce rayon, la concurrence est forte avec les pâtes fraîches salées (feta et mozzarella), à l’indice 121 en volume (base 100 en 2019).
Autre voie d’arbitrage dans les achats, la réduction de la part des produits les plus valorisés. Ainsi, les fromages de chèvre AOP baissent de 0,4 point en volume en libre-service et de 1,1 point à la coupe.
Fréquences d’achat maintenues
« Nous avons constaté une bonne résistance des ventes en libre-service en 2022, a confirmé Nicolas Benoit de Lactalis, ainsi qu’une hausse des volumes en MDD. En 2023, si les quantités achetées baissent, les fréquences d’achat se maintiennent. Sur la partie restauration hors domicile, on assiste à une reconsolidation progressive des marchés. C’est encourageant. Si la loi Egalim a permis d’augmenter le prix du lait aux producteurs, l’enjeu à venir pour nous laiteries est d’accompagner le renouvellement des générations, notamment sur la zone caprine historique de Nouvelle-Aquitaine. »
« Les hausses de prix nécessaires ont été passées auprès de nos clients pour répondre à l’inflation des coûts de production, a souligné Mickaël Lamy de la Coopération laitière. Depuis quelques mois, la consommation est moins dynamique que ce qu’on avait l’habitude de connaître. Les produits premium et ceux aux grammages les plus élevés sont les premiers concernés car ils affichent des prix unitaires de vente plus importants. À nous transformateurs de faire preuve de résilience, et surtout ne pas toucher aux tarifs. Sur la catégorie des produits laitiers, grâce au travail collectif, nous ne sommes pas concernés par les renégociations tarifaires potentielles de cet été. »