Engraisser les chevreaux à la ferme pour mieux les valoriser
Lors du salon Capr’Inov, Franck Moreau et Jean-Philippe Bonnefoy de la Fnec ont présenté l’intérêt d’engraisser ses chevreaux à la ferme.
Lors du salon Capr’Inov, Franck Moreau et Jean-Philippe Bonnefoy de la Fnec ont présenté l’intérêt d’engraisser ses chevreaux à la ferme.
Franck Moreau, Fnec et Interbev
« On a besoin d’abattoirs ou de revoir la réglementation »
« Au fur et à mesure du développement de la filière caprine, l’engraissement de chevreaux a été sous-traité au point que seul un quart des chevreaux sont actuellement engraissés à la ferme. Les éleveurs de chèvres ont sous-traité l’engraissement pour des raisons d’organisation de travail, de manque de rentabilité, de temps disponible ou de disponibilité des bâtiments. Avec la Fnec et Interbev, nous avons remis en avant la destinée des chevreaux. Le projet Valcabri a permis d’asseoir cette possibilité d’engraisser les chevreaux à la ferme, une chose qui était complètement sortie de l’esprit des éleveurs avec des faibles valorisations. Les éleveurs peuvent maintenant se réapproprier la destinée de leurs chevreaux.
Mais aujourd’hui, les trois gros abattoirs spécialisés français ne font pas de prestations d’abattage à la demande. C’est donc les abattoirs prestataires qui le font, non sans difficultés. Si on veut amener des éleveurs vers l’engraissement des chevreaux, on a besoin d’abattoirs sur toute la France. Peut-être faut-il aussi revoir la réglementation pour que ce soit possible d’abattre les chevreaux à la ferme puisque avec leurs 10 kilos, ils sont réglementairement plus proches de la volaille que des ruminants. D’ailleurs, les chevreaux étaient autrefois ramassés par les volaillers. »
Jean-Philippe Bonnefoy, vice-président de la Fnec
« Engraisser ces chevreaux, c’est rentable »
« Dans ma région, les engraisseurs demandent que les chevreaux sachent téter avant de partir dans les ateliers d’engraissement. Or ce long travail d’apprentissage représente la plus grosse tache, mais n’est pas rémunéré. Concrètement, une exploitation de 200 chèvres qui vend des chevreaux à 8 jours va y passer 45 heures de travail, et cela pour un chiffre d’affaires dérisoire. En revanche, en les engraissant jusqu’au bout, cela fait 95 heures de travail pour un plus gros chiffre d’affaires. Même si ce n’est pas énorme, c’est plus valorisant moralement de se dire qu’on ne travaille pas pour rien.
Quitte à y passer du temps, autant essayer de les engraisser jusqu’au bout. En gardant trois semaines de plus un chevreau de 6 kilos, il n’y a pas un travail supplémentaire énorme et on peut espérer une valorisation d’une trentaine d’euros qui permet de payer le temps de travail passé. La moitié des éleveurs de chèvres sont des fromagers fermiers qui sont directement au contact des clients. Ces éleveurs ont la capacité de mettre en valeur la viande de chevreau en proposant des recettes et en la faisant goûter aux consommateurs. C’est une viande très fine, très tendre, festive qui est très souvent consommée dans les pays méditerranéens. »
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