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Des essais pour valoriser protéagineux et oléagineux en élevage caprin

Remplacer les concentrés protéiques achetés par des protéagineux et oléagineux est un des leviers possibles pour améliorer son autonomie. Attention cependant à la forme de distribution qui conditionne leur digestibilité et donc leur valorisation par les chèvres.

Les matières riches en protéines complètent utilement les rations des chèvres. Produits localement, les protéagineux (pois, féverole, lupin) ou les tourteaux d’oléagineux (colza, tournesol ou soja) permettent d’équilibrer les rations des troupeaux en protégeant la souveraineté alimentaire nationale. Mais des questions se posent sur leur utilisation dans la ration : quel comportement d’ingestion des chèvres ? Faut-il utiliser les graines entières ou broyées ? Quelles sont l’utilité et l’efficacité du toastage ? Quelle valeur alimentaire pour les tourteaux fermiers ? Deux essais ont ainsi été conduits en 2021 dans le cadre du projet Cap Protéines sur la ferme expérimentale du Pradel (Ardèche) et la ferme du lycée agricole de Melle (Deux-Sèvres).

Faut-il aplatir les méteils ?

Au Pradel, la complémentation habituelle constituée d’un concentré du commerce à 26 % de MAT et de maïs grain a été remplacée par un mélange céréales-protéagineux, orge et féverole, présenté aplati ou non. « Cet essai a été conduit durant 6 semaines sur des animaux en fin de lactation et des futures lactations longues. La différence de production entre les deux lots est d’un peu moins de 100 g de lait par chèvre par jour. C’est significatif, mais ces résultats ne permettent pas de conclure pour justifier l’aplatissement des méteils, explique Claire Boyer, responsable expérimentation à la ferme caprine du Pradel. Cela vaudrait le coup de tester sur une plus longue période pour savoir si l’écart se creuse. » À noter qu’il n’y a pas de différences sur les taux (TB/TP) ni sur l’ingestion de fourrage entre les deux lots. De plus, il n’y a pas eu de baisse d’ingestion ou de décrochage de production laitière à la suite du changement de ration, qui s’est fait avec une transition de deux jours.

Intégrer du soja toasté

Les chèvres de la ferme du lycée agricole de Melle ont reçu du soja toasté produit localement en remplacement d’une partie du correcteur azoté habituel à 36 % de MAT (pour ne pas dépasser 4 % de matière grasse dans la ration). Les premiers résultats montrent qu’il n’y a pas d’effet significatif du changement de ration sur la production de lait brute. « Ce résultat confirme donc que la substitution est possible sans conséquences néfastes sur la production », avance Emilie Bonneau Wimmer du lycée agricole de Melle. Un effet relatif sur le TB a été observé. « Il s’explique par l’apport de matière grasse plus important par le soja comparativement à l’autre ration, mais d’autre source de matières grasses peuvent être utilisée comme de la graine de tournesol ». Si la valeur en PDI du soja toasté est intéressante, la limite d’incorporation liée à la matière grâce réduit son intérêt. Ici encore, aucune baisse d’ingestion ni de difficultés liées au changement de ration n’ont été observées.

« Le toastage permet d’augmenter la digestibilité des protéines. Malgré tout, on n’a pas atteint dans cet essai l’augmentation attendue de digestibilité indiquée dans les tables Inra. Il faut donc être vigilant à l’efficacité du process utilisé », préviennent les auteurs de ces essais.

« Par ailleurs, entre le prix d’achat ou même de production sur l’exploitation et le coût du toastage, nous sommes prudents sur l’intérêt économique de la culture de soja. Sa graine étant très grasse, on ne peut pas en incorporer beaucoup dans la ration crue ou toastée. La forme tourteau étant le mieux valorisée », expose Bertrand Bluet.

Un nouvel essai sera conduit fin 2022 à Melle avec de la féverole, plus intéressante à produire sur l’exploitation et toaster pour son apport en protéines dans la ration.

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