Ces agriculteurs qui préfèrent la HVE au bio : un débat au sein de la profession agricole
La certification HVE, comme Haute valeur environnementale, est moins connue que le label bio. Les deux démarches répondent à un cahier des charges spécifique mais beaucoup d’agriculteurs qui pratiquent le bio dénoncent « l’illusion de transition écologique que constitue la certification HVE ». Le débat anime et divise la profession agricole.
La certification HVE, comme Haute valeur environnementale, est moins connue que le label bio. Les deux démarches répondent à un cahier des charges spécifique mais beaucoup d’agriculteurs qui pratiquent le bio dénoncent « l’illusion de transition écologique que constitue la certification HVE ». Le débat anime et divise la profession agricole.
« Le label Haute valeur environnementale (HVE) gagne du terrain auprès des agriculteurs de la Beauce, » c’est ce qu’annonce le journal Le Parisien dans un article daté du 15 mars. Les agriculteurs engagés dans cette démarche veulent répondre à la demande des consommateurs de « manger sain », explique le journal. Pourtant ce label est encore « mal connu des consommateurs » affirme le journal. La certification HVE susciterait moins d’engouement que le Label rouge ou le sigle AB de l’agriculture biologique. En 2019, Réussir Vigne indiquait que la certification devait séduire les consommateurs.
Lire dans Réussir Vigne « La Haute valeur environnementale en quête de notoriété ».
Issue d’une réflexion engagée dans le cadre du Grenelle de l’Environnement en 2007, la certification HVE a été créée en 2008 et lancée en 2011. En 2018 est née l’Association nationale pour le développement de la certification Haute valeur environnementale. Le dispositif comprend 3 niveaux.
Niveau 1 : respect des pratiques essentielles de la réglementation environnementale.
Niveau 2 : l’adoption de techniques à faible impact environnemental.
Niveau 3 : la mesure de seuils de performance environnementale en matière de biodiversité et de faible dépendance aux intrants.
Bio et HVE : des différences de cahier des charges
Le cahier des charges est strict mais « il n’interdit pas totalement le recours aux intrants », note Le Parisien qui laisse entendre que le fait de pouvoir utiliser du glyphosate pèse beaucoup dans le choix de cette certification. Un élément important qui explique les nombreux adeptes de la démarche en Beauce et dans les autres régions. L’association HVE Beauce Val de Loire, qui vient de se créer, réunit trois cents agriculteurs, apprend-on encore dans l’article de Stéphane Frachet.
« Des différences notables » sont à noter dans les cahiers des charges des deux démarches, remarque le journal Les Marchés. Avec Katia Merten-Lentz, du cabinet Keller & Heckman, le média de l’alimentaire fait le point sur le positionnement de la HVE dans le paysage des certifications européennes, notamment avec la certification Agriculture biologique.
Lire dans Les Marchés « La HVE française a t-elle une place face au bio européen ? »
« Agriculture biologique et Haute valeur environnementale sont aujourd’hui considérés comme deux labels complémentaires, mais cela n’a pas toujours été le cas » remarque le média Les Marchés.
Lire dans Les Marchés « AB et HVE : une histoire mouvementée ».
La profession divisée
Bio et HVE semblent aller dans la même direction. Pourtant, dans les faits, les deux courants peuvent s'opposer. « La HVE fait de l’ombre au bio, il faut l’éliminer, » n’hésite pas à dire le média alternatif Alerte environnement. Appuyant cette idée, plusieurs organisations militant en faveur de l’agriculture biologique ont dénoncé lors d’une conférence de presse en décembre 2020 « l’illusion de transition écologique que constitue la certification HVE ».
Lire dans Réussir Bio « Les acteurs du bio vent debout contre la HVE ».
Pour le ministère de l’Agriculture, la Haute valeur environnementale est « une mention valorisante pour les agriculteurs et leurs pratiques ». Certains agriculteurs y voient en effet une meilleure prise en compte des paramètres environnementaux par l’agriculture. Pourtant, pour ses détracteurs, la démarche s’apparenterait à du Greewashing. Dans Basta, Jean-Bernard Lozier, polyculteur dans l’Eure, dénonce carrément un « foutage de gueule phénoménal ». Des idées divergentes au sein d’une même profession. De quoi alimenter le débat…
Un débat qui était aussi le 5 mars le sujet d'un reportage de La Quotidienne sur France 5.