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Carnets de Berger : les éleveurs et bergers de La Roya s'attaquent au loup sur les réseaux sociaux

C’est une lettre entre colère et tentative d’apaisement. Les éleveurs et bergers de La Roya expriment leur point de vue sur la présence du loup dans les montagnes. L’histoire d’une « compétition » sur le même territoire entre un prédateur et sa proie. Pour éviter que la proie disparaisse, ils demandent un débat public et contradictoire. Joseph Boussion a posté le texte sur son « Carnet de berger ».

© Didier Fromonteil / flickr

Il s’appelle Joseph Boussion, mais sur les réseaux sociaux, les internautes connaissent son pseudo : Carnet de berger. Avec 20 000 personnes sur sa page Facebook et 2000 sur Twitter et Instagram, l’homme que l’on pourrait croire un peu isolé dans sa montagne, s’est créé une belle communauté. Normal, « communiquer, c’est son dada », révèle Pâtre. « Avant de garder les brebis en alpage, Joseph Broussion a travaillé dix ans comme chargé de communication dans le sport de haut niveau, entre le Pays basque, d’où il est originaire, et les Alpes, son foyer aujourd’hui », explique la revue spécialisée.

Désormais, il rêve d'une « planète avec des éco-systemes véritablement compris dans lesquels hommes et animaux d’élevage ou sauvages puissent vivre ensemble dans des rapports respectueux les uns des autres. »

Dans les vidéos qu’il met en ligne, le berger aborde différents sujets qui le préoccupent au quotidien : la météo, la sauvegarde du pastoralisme ou encore les relations avec les touristes qui parfois ne respectent ni son métier, ni son intimité.  Et puis, il y a « l’épineuse question du loup »…

Lire aussi « Loup abattu - le berger Joseph Boussion recadre Hugo Clément : la vidéo vue plus d’un million de fois »

Ce 4 septembre, le berger de la toile a posté non pas des images mais un texte. Joseph l’a relayé car il y « adhère complètement » mais il n’en est pas l’auteur. Ce sont les éleveurs et bergers de La Roya, entre France et Italie, qui l’ont écrit.

« Le texte est long, » prévient le berger, « mais vous prendrez bien quelques minutes de votre journée à le lire ». Il y est question du loup, justement.

Rupture du lien au vivant dans nos sociétés hyper urbanisées

Les éleveurs et bergers de Roya appellent « les citoyens et les populations de nos vallées et au-delà, à résister à la colonisation des esprits par la nouvelle industrie du "ré-ensauvagement" ». Les mots sont forts et résonnent dans l’actualité mais il ne s’agit là que d’animaux et d’un courant de pensée qui a fait du loup son « produit phare ». Les bergers s’expliquent : « Le loup, entend soumettre nos territoires ruraux aux exigences du marché mondialisé, afin d'en faire un terrain de jeu pour classes moyennes urbaines diplômées en perte de repères naturels ». Et de poursuivre : « La simple idée qu'il suffise de quelques clics de souris pour protéger la nature et sauver la planète en dit long sur l'état de rupture du lien au vivant de l'immense majorité de la population dans nos sociétés hyper urbanisées. »

Cette longue lettre le décalage total qui existe entre différentes visions de l’écologie. A la « compassion animaliste » ils opposent la notion de « réseau trophique », c’est-à-dire de « chaînes alimentaires reliées entre elles au sein d'un écosystème ».

Les bergers mettent en garde contre le spectacle frauduleux d’une « "nature sauvage" rendue enfin valorisable sur le marché mondial de l’éco-tourisme et des activités "outdoor" » et parlent du « mépris assumé de la ruralité qui s'exprime sans filtre sur les réseaux sociaux et les médias depuis maintenant plus de deux décennies. »

Une écologie à double facette

Le regard des éleveurs et bergers de la Roya, lui, se porte sur une « l’écologie réelle », qui  « ne peut que s'appuyer sur l'intelligence collective prenant en compte tous les usages ancestraux et les savoir-faire des populations concernées qui se sont construits lentement au fil des siècles sous la pression de l'environnement, et permettent encore aujourd'hui de faire de nos montagnes des milieux ouverts et vivants ».

Ils sont excédés des « calomnies » dont ils sont la cible et entendent réagir « sans violence, mais sans concessions non plus ». Au sujet du loup, ils demandent « un débat public et contradictoire » sur tous les territoires où la présence du loup est avérée en y impliquant toutes les parties concernées (chasseurs, éleveurs, élus locaux, citoyens, acteurs et associations du monde rural) ».

« Dans une perspective de transition écologique », l'élevage herbager et pastoral doit « être considéré comme la clé de voûte d'une nouvelle politique de souveraineté alimentaire, basée sur un modèle d'agroécologie bio et paysanne, celle qu'il incarne déjà depuis des millénaires », estiment encore les auteurs du courrier.

Ils exercent un « métier de passion » qu’ils sont « prêts à partager » et sont fiers de leurs « produits d’excellence, viande, lait, fromages, issus d'animaux nourris en alpage et en plein air où le bien-être animal est une réalité vécue au quotidien ».

Lire l’intégralité de la lettre des éleveurs et bergers de La Roya sur le compte Facebook « Carnet de berger ».

Lire aussi « Vis ma vie de berger » dans Réussir Pâtre

 

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