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XtremiA, un nouveau concept pour l’insémination

Trois coopératives d’insémination ont mis au point un nouveau protocole associant un nouveau pistolet d’IA et un constat échographique pré-inséminatoire.

« On va enfin pouvoir apporter une nouvelle solution pour diminuer les problèmes de fertilité en élevage », expliquait Clément Gouby, coordinateur des inséminateurs pour la Cecna, une coopérative d’insémination dont la zone d’activité s’étend sur différents départements des anciennes régions Centre et Bourgogne. Il s’exprimait à l’occasion de la présentation du concept XtremiA aux administrateurs et salariés de Cecna, Codelia et Eliacoop, trois coopératives d’insémination qui se sont réunies au sein de la société Elexinn pour faire aboutir ce projet. En quelques mots, ce dernier permet, grâce à un pistolet d’insémination novateur, d’aller déposer des spermatozoïdes au plus près du lieu de la fécondation, à la jonction utéro-tubaire, jusqu’à 25 cm au-delà du col de l’utérus. En réduisant le parcours que les spermatozoïdes ont à réaliser, cela optimise surtout les chances de fécondation. « Avec ce nouvel outil, ce n’est plus l’animal ou l’opérateur qui se plie à un matériel rigide et inflexible, mais le matériel qui se conforme à l’anatomie de l’animal, précisait Agathe Decherf, ingénieur de recherche à Elexinn. Les cornes utérines d’une vache mesurent selon les individus entre 30 et 40 cm. Déposer la semence au plus près de la jonction utéro-tubaire est un avantage pour améliorer les résultats lors de l’utilisation de semences sexées ou de microdoses. » Ce pistolet novateur a également été présenté comme d’un intérêt évident pour le transfert embryonnaire, en permettant là aussi d’aller déposer l’embryon très en amont dans la corne utérine.

Sélection par échographie des vaches à inséminer

Mais XtremiA va au-delà du seul nouveau pistolet d’insémination. Comme le soulignent d’une même voix les responsables des trois coopératives, il s’agit d’un nouveau concept. Il inclut systématiquement un constat échographique pré-inséminatoire. « Après échographie, seuls les animaux qualifiés aptes par l’inséminateur seront proposés à cette nouvelle technique. Il s’agit en cela d’optimiser les chances de réussite dès la première IA. » À quoi bon inséminer un animal avec des paillettes sexées si on sait d’avance que l’IA a de faibles chances d'aboutir à une gestation, car réalisée à un mauvais moment ! L’échographie a aussi pour objectif de déterminer sur quel ovaire se situe le follicule pré-ovulatoire pour déposer la semence au fond de la bonne corne utérine. Cette technique se traduit donc par la nécessité d’avoir des inséminateurs parfaitement formés à la lecture et à l’interprétation des images visibles sur l’écran de l’échographe, puis à l’emploi du nouveau pistolet. Échographie puis insémination seront effectuées dans la foulée. Autre aspect primordial pour obtenir de bons résultats : il faut pouvoir travailler sur des animaux parfaitement immobiles, donc très bien contenus.

« Cecna, Codelia et Eliacoop proposent ce nouveau protocole depuis février chez les éleveurs dont les exploitations sont situées sur les secteurs où les inséminateurs ont été formés. Ces trois entreprises de mise en place prévoient de former l’ensemble de leurs techniciens au cours de ce premier semestre », précise Hugues Dauzet, directeur de Codelia et Eliacoop. Ces IA nécessiteront forcément un peu plus de temps : environ le double comparativement à une IA classique. Côté tarif, il faudra compter autour de 15 euros supplémentaires.

Proposer un nouveau service

Dans l’actuel contexte de crise et de concentration du nombre d’élevages, auxquelles s’ajoute la progression régulière du nombre d’inséminations réalisées par les éleveurs, proposer cette technique novatrice est analysée comme un bon point pour maintenir l’activité des coopératives d’IA. « Les éleveurs sont en attente de nouveaux services. Les inséminateurs doivent aller au-delà du seul métier de « pousse-paillettes » en confortant leur rôle d’expert, en proposant du conseil, un savoir-faire et de nouveaux gestes techniques », explique Olivier Darasse, directeur de Cecna. « Quand des éleveurs font le choix d’investir dans des paillettes sexées plus coûteuses, ils doivent pouvoir obtenir de meilleurs résultats que ce qui est le cas jusqu’à présent », ajoutait Thierry Bernard, inséminateur pour cette même coopérative.

« La distribution sera faite dans un premier temps sur les zones couvertes par nos trois coopératives, puis dans un second temps sur tout le territoire français en collaboration avec les entreprises de mise en place qui le souhaitent. La commercialisation à l’international vient de démarrer », ajoute Hugues Dauzet.

Résultats expérimentaux

Le concept XtremiA a été testé par les trois coopératives à l’initiative du projet. Chacune a pour cela formé trois inséminateurs. La période d’essai a duré quatre mois sur une partie de l’été puis de l’automne 2014. Chaque inséminateur réalisait alternativement une journée avec des inséminations (sexées ou conventionnelles) selon le procédé XtremiA ,puis le lendemain des IA classiques. Il y a eu au total 5674 IA témoin et 2377 IA réalisées avec le procédé XtremiA. Ce travail a essentiellement été réalisé dans des élevages laitiers, donc souvent avec des vaches réputées peu fertiles. « On devrait théoriquement avoir pratiquement autant d’animaux pour chacun des deux modes opératoire. Au final, il y a moins d’animaux avec XtremiA car les résultats de l’échographie indiquaient que le moment n’était pas toujours opportun pour inséminer. Certaines journées en principe prévues pour travailler avec XtremiA se sont aussi parfois terminées avec des IA classiques, faute de temps mais également faute de contention adéquate pour travailler dans de bonnes conditions », précise Agathe Decherf.

« On a observé une amélioration significative des résultats pour les IA réalisées avec de la semence sexée. Le taux de gestation est de 42,3% pour le lot témoin et passe à 48,73 % pour le lot fécondé avec le procédé XtremiA. » En semence conventionnelle, l’amélioration n’est pas significative. Cette amélioration des résultats avec des semences sexées est très liée au nombre moins important de spermatozoïdes. Une paillette de semence sexée contient environ 2 millions de spermatozoïdes contre autour de 27 millions pour une paillette classique.

Ces premiers résultats ont également permis de mettre en avant des différences selon les inséminateurs, attestant de l’importance du savoir-faire de ce dernier dans la bonne maîtrise du geste.

Elixinn, start-up en biotechnologie

La démarche XtremiA est issue des travaux réalisés par la société Elexinn. Cette dernière est une start-up crée en 2012 à l’initiative de Cecna, Codélia et Eliacoop pour mettre en place des actions de recherche et développement de produits destinés à la reproduction et aux biotechnologies animales. Basée à Migennes, dans l’Yonne, au siège de la Cecna, elle est dirigée par Olivier Darasse, directeur de Cecna, et présidée par Pascal Beets, éleveur dans le Loiret.

www.xtremia.fr

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