Vers une normalisation du calcul de l'empreinte eau
Une méthode répondant
à une norme a été mise
au point de façon objective et reconnue scientifiquement
pour calculer l'empreinte eau.
De quoi permettre bientôt à
la filière de disposer d'éléments solides pour savoir et faire savoir quel est l'impact de l'élevage bovins viande français sur
la ressource en eau.
À la question de savoir quelle quantité d'eau est nécessaire pour produire un kilo de viande bovine vive, on trouve jusqu'à présent des réponses allant de 50 litres à 200 000 litres. En 2012, des scientifiques ont dénoncé le mauvais usage des chiffres publiés sur l'élevage par le Water Footprint Network - le fameux « 15 000 litres d'eau pour produire un kilo de viande bovine ». Ils ont fait valoir que cette méthode n'est pas pertinente pour l'élevage, car cette activité utilise des terres non arables et non irriguées, contrairement à ce que prend comme hypothèse le Water Footprint Network. Une méthode de calcul de l'empreinte eau qui répond à une norme (iso 14026) a été ensuite élaborée et sa parution est prochaine. Il s'agit de l'empreinte eau consommative.
Le tourteau de soja, part prépondérante de l'empreinte eau
« Cette méthode prend en compte l'utilisation de la ressource en eau et sa pollution potentielle. Elle part du principe que la consommation d'eau doit être modulée par un coefficient d'impact sur l'environnement local, qui est établi en fonction de la zone géographique, de la période de prélèvement, des capacités de stockage des éléments naturels, des usages agricoles et résidentiels... », explique Armelle Gac de l'Institut de l'élevage. Des premières évaluations nationales de l'empreinte eau selon cette méthode ont pu être faites sur des cas-types. « Nous avons évalué les flux d'eau prélevés et consommés, et pour les intrants, nous avons utilisé une base de données (Quantis 2013) », explique Armelle Gac. Pour un naisseur-engraisseur de jeunes bovins des Pays de la Loire, cette méthode aboutit au chiffre de 335 litres d'eau prélevés par kilo de poids vif produit. Pour un naisseur-engraisseur de boeufs en Normandie, elle est de 315 litres par kilo de poids vif produit. L'abreuvement représente environ 73 litres soit 20 à 23 % de cette eau. La part des fertilisants est de 10 %, celle du fuel est de 1 % et celle de l'électricité de 10 %. Ce sont les aliments achetés et en particulier le tourteau de soja, qui occupent une part prépondérante de l'empreinte eau (59 % en système jeunes bovins et 55 % en système boeufs). La méthode de calcul aboutit ensuite avec application du coefficient d'impact à une empreinte eau consommative de 49 litres équivalent H2O par kilo de poids vif en système jeunes bovins, et de 36 litres équivalent H2O par kilo de poids vif en système boeufs.
Plusieurs points à travailler pour valoriser les résultats
On est donc très loin des 15 000 litres par kilo du Water Footprint Network. Cependant, il reste plusieurs points à travailler pour pouvoir valoriser ces résultats. « Nous allons analyser davantage de systèmes pour explorer la variabilité et la sensibilité des résultats à la localisation, et établir des valeurs « France » plus robustes. Les bases de données actuelles pour prendre en compte les aliments achetés sont pour l'instant limitées et comportent des incertitudes », explique aussi Armelle Gac. Par ailleurs, l'empreinte eau consommative s'exprime en une unité difficile à s'approprier (litres équivalent H2O) et revenir aux prélèvements et consommations permettrait d'être plus concret.