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Le végétarisme est un mouvement encore marginal en Europe

FranceAgriMer approfondit son analyse de la consommation de produits carnés pour éclairer les professionnels sur les nouvelles tendances de consommation.

steak vegan
© DR

Les Français consomment-ils vraiment moins de viande qu’avant ? Comment notre consommation se situe-t-elle par rapport à nos voisins ? Comment évoluent-elles ? Quelle est l’ampleur des tendances émergentes (végétarisme, flexitarisme…) ? Autant de questions auxquelles FranceAgriMer a cherché à répondre avec une étude exploratoire (1), afin d’éclairer et d’accompagner les filières sur la production à mettre en place à l’avenir.

Le premier fait marquant concerne la consommation globale de viande (environ 85 kg équivalent carcasse par habitant et par an). Après une décennie à s’éroder, elle s’est plutôt stabilisée, en France comme chez nos voisins (Royaume-Uni, Espagne, Italie, Pologne), exception faite de l’Allemagne. On observe même une croissance limitée des volumes consommés. « Et ceci est également vrai pour la consommation de viande bovine. Autre fait marquant : l’évolution des modes de consommation. En France, le lieu de consommation de la viande se déplace. Les achats des ménages pour leur consommation à domicile baissent, alors que la consommation en dehors du foyer se développe. De façon générale, le consommateur privilégie de plus en plus les produits élaborés au détriment des produits bruts. Ces évolutions témoignent d’un changement des préférences du consommateur qui peuvent refléter de nouvelles manières de cuisiner et de consommer », souligne Benoît Defauconpret, chargé d’études économiques à FranceAgriMer.

Une population de plus en plus flexitarienne

Si ces chiffres sont plutôt rassurants, il ne faut pas occulter les nouvelles tendances de certains consommateurs qui limitent voire suppriment complètement leur consommation de viande. Si le phénomène végétarien n’est pas nouveau et reste encore marginal, donc difficilement mesurable, il bénéficie d’un terrain porteur facilitant le changement de régime alimentaire : médiatisation croissante, urbanisation, développement de l’offre végétale, instauration de menu végétarien en restauration collective…

« Bien que les pratiques de suppression totale de produits carnés restent encore peu répandues dans la population, le courant végétarien influence au-delà de son noyau dur et a des implications sur la consommation de viande de l’individu moyen ou sur l’élevage de manière générale », explique Grazyna Marcinkowska, chargée d’études à FranceAgriMer. Ce phénomène minoritaire s’accompagne de l’apparition d’un nouveau concept, le flexitarisme, défini comme un individu limitant sa consommation de viande pour des raisons non financières, sans pour autant franchir le pas du végétarisme. Ils représentent entre 20 % et 25 % des populations des quatre pays étudiés.
Toutefois, il faut noter que certains facteurs peuvent intervenir dans l’abandon d’un régime végétarien après les événements de la vie comme la mise en couple ou l’arrivée des enfants.

Santé, bien-être animal et environnement

L’étude montre que les logiques de la non-consommation de viande, ou de sa réduction, sont dictées par de multiples raisons, variables selon le pays et le profil du répondant. Le végétarisme s’appuie sur trois problématiques, l’impact de l’élevage sur l’environnement, l’attitude à l’égard du bien-être animal et l’impact sur la santé. « Si la santé est la raison la plus citée, elle est surtout évoquée dans le cadre d’une réduction de la consommation de viande, alors que l’éviction complète est davantage dictée par des considérations éthiques, notamment la cause animale. Le souci du bien-être animal semble marquer un changement d’attitudes à l’égard de la viande, surtout chez les jeunes générations. Les jeunes sont aussi les plus nombreux à citer le dégoût de la viande et sont ceux également qui aiment le moins la viande. L’impact de l’élevage sur l’environnement, critère très médiatisé, apparaît encore rarement déterminant à l’évitement de la viande. L’argument est davantage présent chez les Allemands et les jeunes générations », ajoute Grazyna Marcinkowska.

Enfin, le prix de la viande représente une motivation dans la décision de limiter sa consommation mais relève de la contrainte plutôt que du choix.

Plutôt des jeunes, cadres et urbains

« Même si le profil d’un végétarien est difficile à établir, il semblerait qu’il concerne davantage les femmes, les jeunes (moins de 35 ans), les populations urbaines ou dotées d’un fort capital culturel (cadres ou très diplômés) », observe la chargée d’étude.

Le flexitarisme, plus répandu, touche au-delà des tranches d’âge les plus jeunes. Il semble que les flexitariens soient plutôt motivés par l’aspect santé et la tendance « à consommer moins, mais mieux ».

« Compte tenu de l’importance que ces tendances peuvent avoir sur l’avenir des filières à la fois animales et végétales. Nous avons décidé de nous inscrire dans ce nouveau contexte sociétal. La viande n’est plus une évidence dans notre alimentation. Notre campagne de communication collective en cours ‘Aimez la viande, mangez-en mieux’vise à dire que la viande a toute sa place dans le mode de vie actuel qu’est le flexitarisme. C’est aussi pour répondre à ces nouveaux enjeux que l’interprofession a inscrit la montée en gamme des viandes, par le biais des labels rouges », observe Denis Lerouge d’Interbev.
FranceAgriMer poursuit ses analyses sur le sujet et va mener prochainement une enquête d’ampleur qui permettra de poser les bases d’un suivi précis et systématisé du végétarisme et du flexitarisme dans la population française.

(1) Étude exploratoire sur le végétarisme en Europe réalisée par le Crédoc pour FranceAgriMer et l’observatoire Cniel des habitudes alimentaires en 2018. Au total, 1 009 individus en France, 865 en Espagne, 820 en Allemagne et 826 au Royaume-Uni ont été interrogés.

Définitions

Végétarien Abstention de la viande, du poisson mais consommation des œufs, du fromage, du lait.
Végétalien Abstention de la viande, du poisson, de tous les produits laitiers et des œufs. Ne mange que les céréales, les légumes et les fruits.
Végane S’efforce de vivre sans consommer de produits issus de l’exploitation des animaux (sans viande, produits laitiers, miel, cuir, laine…)
Flexitarien Limitant la consommation de viande sans être exclusivement végétarien et sans que ce soit pour des raisons d’argent.

Des taux variables selon les pays

La progression du végétarisme, par son caractère encore marginal, reste difficilement mesurable de manière précise et comparable dans le temps et entre les pays, faute d’enquêtes d’ampleur systématisées. De plus, il semblerait que ce taux soit surestimé. Certaines personnes, en effet, se déclarent végétariennes, mais n’excluent pas totalement la viande de leur consommation. Ces résultats sont donc à prendre avec prudence.

Les personnes qui se déclarent végétariens, végétaliens ou végans représentent 5,6 % des personnes interrogées en moyenne pondérée dans les quatre pays. Leur part est la plus élevée au Royaume-Uni (8 %) et la plus faible en Espagne (2,8 %). La France et l’Allemagne ont des taux moyens très proches l’un de l’autre (respectivement 5,5 et 5,6 %). Parmi ces trois identités, le végétarisme est dominant, le végétalisme et le véganisme étant marginaux. Moins de 1 % des enquêtés dans les quatre pays déclarent exclure de leur régime tout produit alimentaire d’origine animale. L’Espagne est ici une exception, les déclarants végans étant au moins aussi nombreux que les végétariens, certainement en lien avec le caractère récent du phénomène végétarien en Espagne et sa médiatisation.

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