Une transmission bien préparée pour une reprise réussie du troupeau limousin
Bernard Morantin a pris sa retraite le jour de ses 60 ans, et son troupeau de limousines est passé dans les mains d’un jeune passionné d’élevage, Christophe Pasquiet. Une belle réussite pour les deux éleveurs.
Bernard Morantin a pris sa retraite le jour de ses 60 ans, et son troupeau de limousines est passé dans les mains d’un jeune passionné d’élevage, Christophe Pasquiet. Une belle réussite pour les deux éleveurs.
"Je m’étais préparé de longue date. C’est tout un cheminement", explique Bernard Morantin, qui a été éleveur de limousines à Pornic, en Loire-Atlantique, jusqu’en novembre 2020. Il lui tenait à cœur de transmettre son outil en tant qu’entité bien équilibrée.
"C’est une exploitation de 114 hectares très groupés, avec des accès aménagés partout pour le pâturage, et un troupeau limousin que j’ai créé. J’ai fait mon possible pour transmettre à un jeune éleveur. Si cela avait échoué, je n’aurais pas eu de regrets avant de vendre."
L’éleveur a commencé à travailler à 16 ans, s’est installé à 20 ans, et depuis l’âge de 45 ans, il a commencé à se projeter sur cette retraite à 60 ans tout en maintenant son exploitation performante. Cinq ans avant la date visée, il a suivi une formation d’une journée organisée par la chambre d’agriculture pour bien cerner la démarche de la transmission.
Une préparation de longue date
Il a aussi pris le temps de mûrir la réflexion sur cette étape avec son fils, qui suivait alors une formation agricole. "L’essentiel pour moi est que mon fils choisisse un métier où il soit heureux ; je préfère une personne étrangère à la famille qui s’épanouisse avec mon troupeau, plutôt qu’un enfant malheureux sur l’exploitation."
Lire aussi : Transmission d'élevage - « On avait envie d’installer des éleveurs sur notre exploitation »
Bernard Morantin s’est alors tourné vers le répertoire départemental à l’installation. Il a reçu une douzaine de candidats, venant d’un peu partout en France. "C’était de belles rencontres, mais soit l’exploitation ne leur convenait pas car ils avaient des critères exigeants, soit ils n’obtenaient pas le financement de leur projet par les banques."
Il était ouvert à tous types de projets, mais demandait que toutes les surfaces (dont les trois quarts appartiennent à sa famille) et tous les bâtiments soient repris. "J’avais mentionné dans l’annonce que la location des bâtiments était une option, bien qu’on m’ait prévenu que c’était une source potentielle de problèmes. Je n’ai rien imposé pour le troupeau ni le matériel. J’ai d’ailleurs bien revendu sans problème ce qui n’a pas été repris."
Se mettre à la place du repreneur
Bernard Morantin a fait preuve de pragmatisme par rapport à la réalité économique en viande bovine - de lourds investissements pour une faible rentabilité du capital. "Je ne voulais pas que le repreneur se retrouve en difficulté au bout de cinq ans. Ce n’est pas ma conception des choses. Il faut se mettre à la place de l’autre."
C’est en décembre 2020 que l’exploitation a été transmise à Christophe Pasquiet. "Le parcellaire m’a plu, et le système naisseur-engraisseur herbager me correspondait bien" raconte-t-il. S’installer était un projet depuis la petite enfance, pour ce passionné de vaches allaitantes et de tracteurs. Christophe Pasquiet a commencé sa carrière avec plusieurs expériences dans le milieu équin, puis il est revenu vers les bovins, en travaillant notamment pour un service de remplacement.
Un cédant disponible et discret
"Si je voulais m’installer un jour, il fallait se lancer - et sans les aides, car je passais les 40 ans, raconte l’éleveur. J’ai passé mon BPREA et j’ai visité une vingtaine d’exploitations dans la région." Il y a beaucoup d’offres. Mais à chaque fois, c’était une proposition de reprise à prendre telle quelle, sans réelle ouverture pour la négociation. Et Christophe Pasquiet répondait de façon directe que cela n’allait pas passer.
"Les banques sont archi-frileuses en viande bovine, même avec un bon dossier financier. J’ai eu aussi beaucoup de propositions pour m’associer, en lait notamment. Mais quand les discussions commençaient, je ne voyais pas ça possible. Je décidais de ne pas prendre le risque d’une séparation de Gaec au bout de quelques années", explique Christophe Pasquiet.
Non sans avoir échappé à des périodes de doutes et à des complications administratives, il a porté son choix sur l’exploitation de Bernard Morantin. Dans cette transmission, le cédant s’est montré disponible et ouvert, tout en restant discret. Ce dernier est passé à autre chose, et il est très heureux de profiter de son temps libre avec son entourage. Il n’y a pas eu de période de transition formalisée entre les deux éleveurs. "J’ai eu quelques galères les premiers mois, et j’ai fait aussi quelques erreurs. Mais cela m’a permis de me responsabiliser tout de suite", observe Christophe Pasquiet. Qui depuis, vit sa vie d’éleveur allaitant.
"J’ai créé un lien avec le troupeau"
L’éleveur est particulièrement attaché à la partie du travail qui se fait au contact des animaux. "J’ai créé un lien avec le troupeau". Dès son installation, Christophe Pasquiet s’est équipé en matériel de contention. Il a décalé les deux périodes de vêlage et mis en place quelques changements dans les cultures, en introduisant par exemple du méteil grain dans l’assolement. Pour les travaux, il fait appel à des entreprises.
Presque deux ans après son installation, il teste la vente directe sur une génisse. "Dans ce métier, il faut être bon partout et toujours se remettre en question et rester ouvert pour améliorer le système. C’est ce qui est passionnant."