Fourrage
Une gestion de l’herbe précise pour contenter ovin et bovin
En Saône-et-Loire, Arnaud et Nicolas Dupont gèrent au plus précis leurs prairies. Les troupes ovines et bovines sont complémentaires et doivent tirer profit de cette mixité.
En Saône-et-Loire, Arnaud et Nicolas Dupont gèrent au plus précis leurs prairies. Les troupes ovines et bovines sont complémentaires et doivent tirer profit de cette mixité.
Sur la ferme d’Arnaud et Nicolas Dupont, les brebis partagent aussi leurs prés avec les vaches. En Gaec avec leur mère au Sud de la Saône-et-Loire, ils possèdent aujourd’hui 215 hectares, dont 240 d’un seul tenant autour de la bergerie et du bâtiment bovin. Le parcellaire est composé de 35 hectares de céréales (triticale, orge), de 30 ha de prairies temporaires et de prairies permanentes pour le reste de la SAU.
« L’élevage bovin en Saône-et-Loire a une particularité historique. Le métier d’emboucheurs était répandu, les éleveurs achetaient des veaux maigres qu’ils engraissaient ensuite. Ces ateliers spécifiques d’engraissement étaient calés sur la pousse de l’herbe », explique Laurent Solas, de la chambre d’agriculture départementale. Le bocage bourguignon produit des parcelles de taille souvent restreintes, délimitées par les fameuses haies. Le relief est vallonné et des cours d’eau sillonnent le fond des vallons. « La gestion de l’herbe se doit d’être très précise et elle peut s’avérer chronophage », souligne Nicolas Dupont, installé depuis 2012 sur l’exploitation parentale. Le troupeau bovin du gaec comptabilise 200 vêlages par an, en pur charolais. Les mises bas ont lieu de novembre à décembre en bâtiment.
Et les ovins dans tout ça ? Lorsque les vaches délaissent les prés pour vêler au chaud, les brebis entrent en action pour pâturer la ressource en herbe encore disponible. « Cela permet de limiter la perte de fourrage sur les parcelles peu portantes en hiver », appuie Nicolas Dupont.
La troupe de 180 brebis mères est gérée en deux lots (plus les agnelles), qui ne vont pas pâturer de la même façon. Un premier lot de 60 brebis va paître de mi-novembre au 20 décembre, ce sont les croisées charollaises x Suffolk x Romane, alliant qualité herbagère, prolificité et conformation bouchère. En décembre, elles rentrent donc en bergerie pour la mise bas et ressortent dès fin février sans leurs agneaux, qui sont sevrés à 60 jours et sont engraissés en système 100 % bergerie. Lorsque ce lot est remis à l’herbe, les brebis sont remplacées dans le bâtiment par les agnelles qui se préparent aux mises bas.
Le deuxième lot, constitué de 110 Mouton charollais pur, met bas en février – mars. Dès que le temps s’adoucit, les brebis suitées peuvent à nouveau sortir, mais sont rentrées la nuit tant que la température reste incertaine.
Les associés ont décidé de mettre sur une même parcelle en simultané les brebis avec les génisses et les vaches, pour un chargement maximum de 2 UGB/ha. Les éleveurs ont remarqué que les brebis étaient en meilleur état lorsqu’elles pâturent avec les vaches que quand elles sont conduites en spécialisé. « Les brebis trient beaucoup et ne vont manger que le meilleur, explique Arnaud. Elles profitent de l’action de nettoyage des vaches qui vont ingérer l’herbe haute. Les brebis ont ensuite accès à la jeune repousse appétente. » Les bovins permettent d’être la variable d’ajustement pour le pâturage des ovins. La troupe ovine conduite seule passe après les vaches, cela permet d’éviter d’être débordé par l’herbe tout en faisant baisser la pression parasitaire. « Les bovins sont un moyen de garantir de l’herbe aux moutons sans avoir besoin de passer mécaniquement pour gérer les refus que ces derniers laissent en cas de conduite spécialisée », apprécie Arnaud Dupont, qui gère l’atelier ovin du Gaec. Les éleveurs placent également les agneaux et leurs mères qui ont le plus besoin de reprendre de l’état dans les prairies les plus riches de fond de vallon. « Il faut néanmoins être très vigilant car ces parcelles sont submersibles du fait du ruisseau qui passe à travers ».