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Au Gaec des Belins dans la Loire
« Un système broutards bien maîtrisé »

Dans la plaine roannaise, Alexandre Coudour et sa mère Marie-Pierre élèvent 115 Charolaises en système broutards avec vêlages d’automne. Les vaches de réforme sont valorisées dans les filières AOP « Bœuf de Charolles », label rouge et CCP.

À Saint-Forgeux-Lespinasse dans la Loire, l’élevage de Marie-Pierre et Alexandre Coudour est situé sur des sols argilo-limoneux à bon potentiel herbager. Ces sols craignent l’excès d’eau, mais les prairies naturelles repartent bien après des épisodes secs, sans nécessiter de sursemis, et le trèfle blanc est présent de façon naturelle en abondance. Seulement quinze hectares, sur les cent soixante-neuf que comptent l’exploitation, sont mis en cultures. « Le potentiel en céréales est de 55 à 65 quintaux », explique Alexandre Coudour. « Nous cultivons un peu d’orge, et du triticale et du blé. J’arrive à faire autant de paille avec de nouvelles variétés de blé (Midas) qu’avec un triticale. » La ration de base hivernale des vaches est constituée d’ensilage d’herbe récolté fin avril ou début mai. Cette année, les éleveurs en ont récolté 23 hectares fin avril, dont une moitié sur des prairies naturelles (37 % MS, 0,95 UFL et 77 g PDIN) et une moitié sur une association ray-grass hybride et trèfle violet (39 % MS, 0,70 UFL et 71 g PDIN). « Cet hiver, grâce à la qualité de l’ensilage et du foin, les vaches ont besoin de moins d’un kilo de céréales aplaties en complément. » Elles reçoivent aussi, avec leurs 30 kilos bruts d’ensilage, du foin à volonté, 500 g d’un aliment protéique complémentaire et des minéraux. Alexandre et Marie-Pierre Coudour récoltent du foin sur environ 55 hectares, dont seulement dix ne sont pas déprimés. Le troupeau pâture dès la mi-mars en déprimant les parcelles à foin. Au printemps, le chargement est de 48 ares par UGB, puis il passe au 20 juin à 62 ares par UGB, et 95 ares par UGB à l’automne. Les animaux rentrent le 20 novembre en général.

Une bonne préparation alimentaire et minérale avant vêlage

Les vêlages démarrent pour leur part mi-septembre, et fin novembre, environ 75 % des naissances ont eu lieu. Les vaches prêtes à vêler sont ramenées près des bâtiments et rentrées le soir. Une caméra permet de les surveiller durant la nuit. Depuis cette année, Marie-Pierre Coudour utilise la méthode de prise de température (au cornadis, le soir) pour détecter les vêlages et fait une marque de couleur sur les vaches qui sont à surveiller pour la nuit pour les repérer plus facilement avec la caméra. « Près de 40 à 50 % des veaux sont trouvés au pied de leur mère, et on compte dix-huit à vingt vêlages difficiles par an, dont sept césariennes en moyenne. Cette année, on laisse un peu plus faire qu’avant. » Les éleveurs traient les vaches et distribuent le colostrum tout de suite aux veaux (biberon ou seringue). La préparation alimentaire et minérale des mères avant vêlage est soignée. « Mi-août, elles reçoivent des oligo-éléments, en particulier du sélénium. Depuis, les veaux ont une meilleure vitalité et nous n’avons plus de vaches qui ne délivrent pas. Et quand elles arrivent à terme, nous leur distribuons un kilo de céréales aplaties et 300 à 400 g de tourteaux. Une analyse de sang avait en effet révélé un déficit énergétique autour du vêlage. Nous ajoutons 100 g d’un minéral apportant de l’oxyde de magnésium. La pesée du colostrum montre qu’il est toujours moyen à bon. Je vais l’évaluer au refractomètre désormais », explique Alexandre Coudour.

Depuis vingt ans, les vaches sont majoritairement inséminées. De manière pratique, les vaches ayant eu leur premier veau sont mises au taureau. « Elles sont ainsi toutes pleines rapidement alors que nous avons eu des problèmes de fertilité certaines années sur cette catégorie. Le taureau part ensuite au pré avec les vaches et saillit les retardataires. » Au final, les éleveurs obtiennent environ vingt-cinq veaux du taureau par an. Pour l’IA, Marie-Pierre Coudour axe ses choix d’abord sur la facilité de vêlage. « La docilité est aussi indispensable et le lait très important. On utilise aussi des taureaux non porteurs du gène culard, car ce gène est très présent dans notre troupeau. » Un protocole important de vaccination (contre le K99, le rotavirus, la BVD et en fin d’hiver contre les virus PI3 et RS, l’entérotoxémie) est assuré et les éleveurs doivent traiter contre la coccidiose.

Le taux de mortalité des veaux est de 9,3 % en moyenne sur trois ans. Le taux de jumeaux est régulièrement élevé (10 %) ce qui permet des adoptions. Les éleveurs arrivent à un taux de 98 veaux pour 100 vêlages, donc conforme à peu de choses près à l’objectif d’un veau par vache et par an. Si deux ou trois veaux n’ont pas pu être adoptés, une vache laitière est achetée pour les élever. Trente-quatre génisses sont conservées chaque année pour la reproduction. Pour les réformes, les éleveurs trient déjà à la rentrée en bâtiment celles qui ne seront pas remises à la reproduction. Elles partent au pré avec leur veau et leur engraissement commence un peu avant le sevrage, pour durer deux ou trois mois. Un lot de réformes peut ainsi être vendu début septembre.

Complémentation rationnée des broutards avec un mélange de matières premières

Toutes les vaches de réforme sont engraissées avec une ration à base de foin. Quelques unes sont valorisées dans la filière AOP « Bœuf de Charolles ». Celle-ci fonctionne depuis sept ans et rassemble 117 éleveurs. « Ici, un peu plus de dix hectares de prés d’engraissement sont référencés pour l’AOP. » Une partie des réformes passe en filière label rouge et d’autres en filière certification de conformité produit Carrefour et Casino, toutes via l’organisation de producteurs commerciale Actis Bovins (Sicarev). « Les vaches sont annoncées au moins deux mois avant leur sortie au groupement. » Leur poids moyen est de 467 kg C.

Pour leurs quatre premiers mois les veaux disposent en bâtiment d’un mélange acheté composé d’un quart de maïs grain, un quart de pulpes de betterave, un quart de luzerne déshydratée, et un quart de tourteau de soja 48. Une fois au pâturage, la complémentation au nourrisseur est mise en place en fonction de l’offre d’herbe, progressivement, à partir du 10 juin, pour les lots de mâles. Ils reçoivent, le matin, un kilo pour 100 kg de poids vif d’un mélange composé pour moitié de céréales aplaties et moitié d’un aliment complémentaire azoté. La plupart des mâles sont sevrés le jour de leur vente, les premiers début juillet, et la plus grande part en plusieurs lots au cours du mois d’août. Cette année à cause de la sécheresse, ils ont été vendus un peu plus tôt que d’habitude. « L’objectif est de vendre des broutards de 420 kg de poids net (440 kg poids brut). Je travaille avec principalement deux négociants pour les broutards. » Les femelles sont très peu complémentées, et pas avant fin juin. Elles sont sevrées fin juillet pour les premières. Celles destinées à la vente sont logées en bâtiment et complémentées en pouvant aller pâturer, dans l’objectif d’atteindre les 400 kilos vifs.

Recherche de valorisation pour les vaches de réforme finies

Une fabrique d’aliment et un racleur automatique en projet

« Pour l’instant, nous achetons trois tonnes d’aliment tous les mois. Nous allons installer une fabrique d’aliment et passer à trois livraisons par an en mettant toutes les céréales en cellules », explique Alexandre Coudour. « Un aplatisseur automatisé permettra de gagner en temps et en précision dans le rationnement. » D’autre part, pour pallier au manque de place pour les veaux en fin d’hiver, les éleveurs vont réaménager la stabulation principale et l’équiper d’un racleur automatique de trois mètres. Un bâtiment de stockage du fourrage sera construit. Il permettra de rassembler tous les fourrages sous le même toit.

À la retraite de sa mère, dans quelques années, Alexandre Coudour envisage de réduire le nombre de vêlages à 100 et de garder quelques laitonnes supplémentaires pour les engraisser à l’herbe. Il disposera d’un peu plus de surfaces pouvant être récoltée en foin. « Cela fait trois années consécutives que nous sommes juste en foin. Les 2ème et 3ème coupes sont très rares. Il faut sécuriser le système. » En 2016 par exemple il avait fallu acheter 10 ha de foin sur pied et se séparer de quelques vaches.

169 ha de SAU dont 150 ha de prairies naturelles, 4 ha de RGH-TV, et 15 ha de cultures (orge, blé, triticale)
116 vêlages de Charolaises
1,2 UGB/ha SFP de chargement apparent
2 unités de MO

« Un bon niveau de production autonome »

« Les poids de vente des principales catégories d’animaux sont bons, avec 410 kg pour les premières ventes de broutards, 420 à 440 kg pour les broutards repoussés, 380 à 390 kg pour les laitonnes repoussées et 465 kg en moyenne pour les vaches finies. La production de viande autonome (304 kgV/UGB) a un bon niveau avec une quantité de concentrés par kilo de viande vive maîtrisée (1,6 kg de concentré produit et acheté par kilo de viande vive). La qualité des fourrages récoltés (ensilage précoce, foin déprimé) et le pâturage y contribuent. Les frais vétérinaires sont un peu élevés dans la logique de prévention que les éleveurs ont adoptée. Mais les charges opérationnelles sont pratiquement en dessous de la moyenne, et le niveau d’EBE est correct. La valorisation des vaches finies est intéressante car il parvient à les commercialiser en proportion importante sur différentes filières complémentaires. La marge brute de l’atelier viande bovine est de 957 euros/vache allaitante, soit 614 euros par UGB ou encore 716 euros/ha SFP. »

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