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Limousine : « Un lauréat des Sabots d'Or qui calcule tout »

Lauréat des Sabots d’Or en race Limousine en 2018, le Gaec Combelles est en recherche permanente de perfectionnement. Parmi les points forts : le vêlage à deux ans et la sélection du sans cornes.

Le Gaec Combelles, à Sainte-Radegonde, dans l’Aveyron, est un élevage reconnu de longue date dans la Limousine. Roger, le père de l’actuel exploitant, Christophe, en Gaec avec son épouse, Fabienne, fut l’un des pionniers de la race dès le début des années 1970 dans le département. Pas surprenant donc que les Sabots d’Or finissent par échoir à cet élevage. « Ça fait plaisir de recevoir les Sabots d’Or, surtout en étant hors du berceau de race. Ça compense le temps passé », apprécie Christophe Combelles. L’éleveur n’est pas un habitué des concours de race. « Ce n’est pas compatible avec le vêlage à deux ans », dit-il. Mais, la volonté de progresser est constante. « C’est un éleveur qui calcule tout et qui est tout le temps en recherche de perfectionnement, affirme Michaël Vayssade, son technicien Bovins Croissance. La productivité est bonne sur tous les critères et régulière dans le temps. » Un éleveur « animalier », souligne aussi le technicien, avec un cheptel très docile. Le Gaec Combelles élève 90 vaches. La reproduction, très maîtrisée, est basée sur des mises bas d’automne, de l’insémination et du vêlage à deux ans. L’intervalle vêlage-vêlage est de 363 jours.

Surveillance des chaleurs à l’ancienne

Depuis cinq ou six ans, les trois quarts des vêlages se déroulent du 20 août au 1er novembre. Sept ou huit vaches passent l’hiver dehors et vêlent au printemps. Quelques années ont été nécessaires pour grouper ainsi les vêlages. « Pour avoir des vêlages groupés, il faut bien alimenter les vaches et ne pas louper les chaleurs. » Bien qu’il teste un outil de détection des chaleurs et de suivi de la rumination dans le cadre du projet Degeram (Génomique des races de Massif), il préfère la « surveillance à l’ancienne », à savoir trois quarts d’heure le matin et une demi-heure le soir avant de distribuer l’alimentation. Le matin, il ne fait que repousser la ration. « Je n’en rate pas beaucoup. Repérer les vaches en chaleur, ce n’est pas mon problème. » « Peu d’éleveurs passent autant de temps à la surveillance des chaleurs. Avec une alimentation qui correspond aux besoins de la vache, le temps qu’il accorde à la détection des chaleurs est un des gages de la réussite », témoigne Michaël Vayssade. Cet hiver, 90 % des vaches et génisses ont été inséminées une fois. Le taux de réussite en 1re IA a été de 75 %. Les deux taureaux n’ont fait que les retours. Des reproducteurs nés dans son troupeau, dont un sans cornes. L’éleveur n’achète jamais d’animaux à l’extérieur.

Deux tiers des vêlages à deux ans

Le vêlage à deux ans est désormais une pratique bien ancrée et bien maîtrisée dans le cheptel. « Je garde 20 à 25 génisses pour renouveler le cheptel dont une quinzaine qui vêlent à deux ans, détaille l’éleveur. J’insémine toutes celles qui font plus de 460 kilos le moment voulu. Si elles ne sont pas pleines au premier ou deuxième coup, elles repartent pour un vêlage à trois ans, comme les plus légères, pour ne pas les retarder. Mon objectif n’est pas de les faire vêler en début de campagne mais entre le 20 septembre et le 20 octobre pour qu’elles soient le plus lourdes possibles. » L’éleveur et son technicien ont entrepris récemment d’évaluer l’incidence du vêlage à deux ans sur le poids carcasse des vaches et sur le coût d’élevage des génisses. « Nous allons continuer à les peser jusqu’à la première mise bas, voire jusqu’à la deuxième pour comparer les croissances entre les vêlages à deux ans et les vêlages plus tardifs, puis nous irons jusqu’au poids carcasse, explique Michaël Vayssade. Ainsi nous pourrons constater si le vêlage à deux ans a une influence sur le gabarit adulte des vaches et donc sur le poids carcasse. Cela nous donnera des informations supplémentaires pour évaluer les différences de coût de production et de rentabilité économique de ces deux conduites. »

De nombreux taureaux en stations et au catalogue de l’IA

La famille Combelles a depuis toujours fait le choix d’une orientation mixte viande. Les index en témoignent : 106,3 en DMsev et 102,8 en DSsev. « Le troupeau a un niveau génétique supérieur à la moyenne raciale dans la quasi-totalité des index », observe Michaël Vayssade. Et largement. Dans le bilan génétique (BGTA) de 2019, en ascendance maternelle, l’ISEVR est à 106,4 (+ 9 points par rapport à la moyenne raciale) et l’IVMAT à 108,5 (+ 10,5 points). Sur le poids à 210 jours, l’élevage affiche 31 kg de plus que la moyenne raciale. « Je recherche de la viande mais pas trop non plus, de la croissance aussi, des vaches avec du dessus car je fais la vente directe — ce sont les morceaux préférés de la clientèle — du lait et de la facilité de naissance. » L’index Ifnais des mères (98,1) est un des points à améliorer, sur lequel travaille prioritairement l’éleveur. Tout comme la finesse d’os — « des origines Ondit qui traînent. J’y fais attention aussi mais ce n’est pas catastrophique car les filles d’Ondit sont assez fines d’os ». Quelques exemples de taureaux qu’il utilise (veaux nés à l’automne dernier) : Gunadark sur génisses, Ludère, Gstaad, Histone, Dahair… Une vingtaine de mères à taureaux sont accouplées par le technicien de Créalim. L’élevage place tous les ans des veaux dans les stations : cinq ou six à Lanaud et deux à trois à Gelioc. Le catalogue de l’IA est relativement bien fourni avec des taureaux issus du Gaec Combelles : Vulpian, Chatelain, Patocle, Tehix, Pavaneur, Foleton, Ria Jensuis PP.

Sélection du gène sans cornes avec prudence

Jensuis PP est le premier fruit de la sélection du gène sans cornes, entamé il y a plus de dix ans. « C’est l’avenir », estime Christophe Combelles. Mais, prudence est mère de sureté. « Je cherche à faire de bons homozygotes, mais ce n’est pas facile. Les performances sont encore plus faibles en termes de croissance et de bassin. Depuis 4 - 5 ans, j’ai un taureau correct (Japonais, fils de Gunadark) dont les premières filles vont vêler à l’automne prochain à trois ans. Une vingtaine de génisses hétérozygotes vont mettre bas, mais je ne les ai pas inséminées avec du sans cornes. J’ai préféré assurer les vêlages avec un taureau qui fait vêler petit et amène du bassin. Je verrai l’année prochaine si un taureau PP donne enfin du bassin. C’est le gros problème du sans cornes. C’est moins grave si on revient un peu en arrière sur la croissance car on en a bien assez. Il faut surveiller les qualités laitières aussi. J’ai inséminé également des vaches avec cornes avec des taureaux PP. Quand tout le troupeau sera sans cornes, je ne serai sans doute pas loin de la retraite. » La sélection est l’œuvre d’une vie.

Complémentation différenciée des génisses

Veaux mâles et femelles sont conduits à l’identique jusqu’au sevrage (foin, paille et 1 kg d’aliment à 18 % de MAT par 100 kg de poids. À l’herbe, les petites génisses poursuivent leur croissance avec la même quantité d’aliment jusqu’à la mise à la reproduction des plus lourdes (soit 3 à 4 kg). L’hiver suivant, les génisses ont la même ration de base que les vaches, soit, pour une mélangeuse de 5 t : 1 t de maïs, 3,7 t d’ensilage d’herbe à 25 % MS, 150 kg de paille, 150 kg de foin). La différenciation s’effectue sur la complémentation. Rien pour les vaches adultes et les génisses qui passent leur tour jusqu’à trois ans. Celles qui vêleront à deux ans sont complémentées avec 750 g de tourteau de colza et 750 g de drêche de blé. À la pâture suivante, elles ont droit à 500 g d’orge et 500 g de colza drêche. Après vêlage à deux ans, les primipares continuent à être complémentées pendant tout l’hiver avec 1,5 kg de colza/drêche.

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