Un engraissement tout automatisé
Le nouveau bâtiment d’engraissement de la ferme expérimentale des Bordes va permettre, grâce à une puissance expérimentale décuplée, de produire et de diffuser dans un laps de temps réduit, des références techniques sur l’engraissement.
Le nouveau bâtiment d’engraissement de la ferme expérimentale des Bordes va permettre, grâce à une puissance expérimentale décuplée, de produire et de diffuser dans un laps de temps réduit, des références techniques sur l’engraissement.
Située à Jeu-les-Bois dans l’Indre, la ferme expérimentale des Bordes s’est dotée d’un nouveau bâtiment pour l’engraissement et la finition de bovins viande. En fonctionnement depuis juin 2017, son objectif est de produire des références, avec par exemple des rations à base d’herbe, aussi bien sur jeunes bovins (mâles et femelles) que sur vaches de réformes. « Dans le passé, nous disposions d’un bâtiment de 70 places d’engraissement avec un potentiel d’expérimentation limité et où tout était fait manuellement. Nous avons décidé d’en construire un de 200 places d’engraissement (10 cases de 20 animaux) avec une quarantaine de 80 places où presque tout est automatisé afin de répondre, dans un laps de temps restreint, à une question bien précise issue du terrain sur une donnée technique. Avec une capacité expérimentale plus importante (multipliée par 2,5), nous pourrons également améliorer notre réactivité face aux dérèglements des marchés, en diminuant le nombre d’années nécessaires pour valider nos conclusions », explique Jean-Paul Girault, président de l’OIER des Bordes (organisme inter-établissements du réseau chambres d’agriculture) et éleveur de vaches allaitantes à Chasseneuil dans l’Indre, avant d’ajouter, « cet outil est à ce jour un peu novateur. Ce n’est pas un bâtiment type. Ici on a tout cumulé pour être performant expérimentalement (rigueur dans les observations, dans les quantités distribuées…) et disposer de références techniques et économiques de qualité optimale, ce qui représente un investissement important. Cela n’empêche pas un éleveur de se pencher sur les différents modules qui, pris séparément et adaptés à sa propre situation, sont reproductibles chez lui, notamment dans une réflexion sur l’automatisation de certains points. »
Précision des mesures, diminution de la pénibilité et meilleure sécurité
Le bâtiment est novateur sur plusieurs points : alimentation, paillage, contention, raclage, ventilation. La précision des mesures va être optimisée grâce à la mise en place de systèmes automatisés pour l’alimentation et le paillage. Le robot d’alimentation, adapté aux contraintes expérimentales (capacité nourricière de 600 à 700 animaux), apporte déjà une grande fiabilité dans les mesures et permet de distribuer plusieurs rations à différents animaux et ce, plusieurs fois dans la même journée. Actuellement, il distribue deux fois par jour la ration à chaque lot et la repousse trois fois par jour. Le paillage est réalisé une à deux fois par jour à l’aide d’une pailleuse à turbine suspendue, gérée manuellement à l’aide d’une télécommande. L’automatisme du matériel dédié à la pesée, à la contention et à la mise en lots des bovins assure une simplification du travail mais aussi et surtout la sécurité d'une main-d’œuvre entièrement salariée, lors de la manipulation des animaux. Deux racleurs hydrauliques acheminent par ailleurs le fumier vers la fumière couverte (trois à quatre mois de stockage) qui se situe à l’extrémité du bâtiment.
Enfin, les filets brise-vents sont reliés à une station météo avec capteurs intérieurs et extérieurs qui déclenchent leur ouverture ou fermeture, selon la température et l’hygrométrie. En cas de vents importants ou de pluie, ils se referment ainsi automatiquement. D’autre part, le choix s’est porté sur un bâtiment lumineux avec dôme éclairant, de nombreux translucides et une faîtière de 10 centimètres pour le confort des animaux.
Une phase d’adaptation et de prise en main
Les automates de ce nouveau bâtiment ont diminué la pénibilité du travail des salariés pour lesquels les contraintes expérimentales sont pesantes (toutes les rations étaient jusqu’à présent pesées, préparées et distribuées à la main). « Un apprentissage a été nécessaire pour les utiliser. Le temps gagné à ne plus distribuer l’alimentation et le paillage a été mis à profit pour d’autres activités telles que la surveillance, l’entretien courant (graissage, affûtage…) des automates et l’enregistrement des données via des logiciels informatiques. On peut par ailleurs se concentrer davantage sur le pilotage de l’alimentation et le suivi sanitaire des animaux. Le métier évolue. Le smartphone devient un outil de travail », observe Philippe Maugrion, technicien à la ferme.
Pour l’instant aucun essai n’est conduit. « Les différents lots d’animaux présents servent à tester les outils (étalonnages) et à les prendre en main. Les premiers essais commenceront à l’automne 2018 », note Émilie Bouriel, responsable administrative de la ferme expérimentale des Bordes.
La ferme expérimentale des Bordes
Née en 1975 d’un partenariat entre quatre chambres d’agriculture (Indre, Cher, Creuse, Haute-Vienne) et un institut technique (Arvalis - Institut du végétal), fa ferme expérimentale des Bordes est une structure de recherche appliquée en bovins viande. Elle est composée de trois exploitations bien distinctes qui permettent de produire des références technico-économiques sur trois systèmes différents (un atelier d’engraissement, un atelier conventionnel naisseur-engraisseur de Charolaises et un atelier naisseur-engraisseur de Limousines conduites en bio). L’exploitation expérimentale compte quatre commissions techniques spécialisées par thème : pâturage, agronomie-environnement, agriculture biologique et engraissement. Ces commissions regroupent des ingénieurs, des techniciens, des chercheurs des instituts techniques, de l’Inra, du développement, des organismes économiques et de l’enseignement, des éleveurs. Elles analysent les résultats des expérimentations et proposent de nouveaux thèmes d’études pour répondre aux questions des éleveurs et aux évolutions possibles.
Le système d’alimentation robotisé
La cuisine du robot d’alimentation est constituée de quatre zones de stockages pour mettre quatre fourrages différents, remplis une à deux fois par semaine à l’aide d’un manitou. « Un système de coupe vient débiter, selon le programme, la quantité nécessaire de fourrages qui tombe sur un mécanisme de peson géré par le robot. Dès que la quantité voulue est atteinte, le système de coupe s’arrête, le tapis convoyeur se met en mouvement et amène le fourrage jusque dans le bol mélangeur dans lequel pourront se rajouter si besoin les compléments (quatre possibles) stockés à l’extérieur et acheminés via des vis. Et enfin, le robot pourra intégrer de l’eau et/ou des minéraux (deux possibles) à la ration, selon la programmation choisie », explique Philippe Maugrion, technicien de la ferme expérimentale des Bordes.
L’investissement en chiffres
Portes ouvertes le 20 juin
Après une année de construction puis pratiquement une de fonctionnement, le nouveau bâtiment dédié à la mise en place d’essais sur l’engraissement ouvrira ses portes au public le 20 juin sur le thème Engraisser dans nos territoires avec des équipements automatisés. Différents ateliers permettront de comprendre les choix techniques réalisés pour ce bâtiment dans un contexte de site expérimental. Automatisation, construction, rations, mise en place des lots, échanges céréaliers-éleveurs, besoins de la filière seront autant de thèmes abordés.
Retrouvez le programme et inscrivez-vous en ligne sur le site : www.ferme-experimentale-des-bordes.fr