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Ferm’Inov teste le « zéro complémentation » des broutards charolais nés à l’automne

L’expérimentation menée à la ferme de Jalogny, en Saône-et-Loire, montre que des veaux mâles charolais nés à l’automne peuvent être conduits sans aucune complémentation de leur naissance à la vente pour un objectif de poids vif autour de 400 kilos à la fin juin. Une conduite qui dépend de la météo de l’année.

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Les veaux non complémentés ont réalisé une croissance de 1,1 à 1,2 kg par jour sur la phase hivernale, significativement inférieure à celle des veaux complémentés (1,5 kg par jour). Ils ont ensuite bien prospéré au pâturage avec un GMQ de 1583 g/jour en moyenne.
© Ferm'Inov

La ferme expérimentale Ferm’Inov à Jalogny, en Saône-et-Loire, poursuit ses recherches de références sur la conduite des broutards charolais nés à l’automne. L’objectif zootechnique, qui avait été fixé dans ce cadre il y a quelques années, était d’atteindre un poids vif net payable de 400 à 420 kilos entre la fin juin et début juillet, dans l’optique d’une vente pour le marché italien avant la baisse saisonnière des cours. Le pâturage tournant à cinq parcelles sans complémentation a été testé avec succès en 2021 et 2022. Depuis 2023, une conduite sans aucune complémentation, ni en phase hivernale en bâtiment ni au pâturage pendant le printemps, fait l’objet d’un essai.

« Les veaux consomment dans ce cas uniquement le lait de leur mère et l’herbe pâturée de leur naissance à la vente », présente Jérémy Douhay, chargé d’études à l’Institut de l’élevage à Ferm’Inov. Ils sont comparés à des veaux qui reçoivent une légère complémentation à chaque étape : 1 kilo de mash par tranche de 100 kilos de poids vif par jour pendant la phase en bâtiment (de mi-novembre à la mise à l’herbe), puis un autre mash au nourrisseur au pré de façon plafonnée. « En 2023, la consommation moyenne s’est établie à 1,5 kilo de mash par jour et par animal de la naissance à la vente », chiffre Jérémy Douhay (1).

Les veaux non complémentés ont réalisé une croissance de 1,1 à 1,2 kg par jour sur la phase hivernale, significativement inférieure à celle des veaux complémentés (1,5 kg par jour). Ils ont connu une croissance rapide au pâturage avec un GMQ de 1 583 grammes par jour en moyenne. Le poids moyen de vente pour ce lot est de 387 kilos vifs. « Nous avons choisi de faire partir ces broutards au moment de la chute de la pousse de l’herbe pour décharger les prairies. Mais on considère que cette conduite permet d’atteindre l’objectif zootechnique de poids vif et de date de vente. » S’agissant du lot de veaux complémentés, il avait été vendu sept jours plus tôt à un poids moyen de 419 kilos vif.

Arbitrer entre coût alimentaire et météo

« En conjoncture 2023, du fait de l’évolution du coût du mash et de celle du prix du broutard, la conduite sans complémentation depuis la naissance a permis de dégager une meilleure marge moyenne malgré de moindres performances techniques », analyse Jérémy Douhay. Elle était de 1 434 euros par broutard contre 1 411 euros pour la conduite avec complémentation.

Le succès est cependant dépendant de la météo – et de ses conséquences sur la pousse des prairies – ainsi que du niveau de maîtrise de la technique du pâturage tournant. Ferm’Inov fait tourner les lots sur cinq paddocks à raison de 35 ares par équivalent vache veau, avec une entrée à 9-12 cm de hauteur d’herbe et une sortie à 4-6 cm. Les temps de séjour varient de trois à cinq jours. En 2023, l’année avait été peu favorable à cette conduite avec un printemps sec et une chute de la pousse de l’herbe dès début juin.

(1) Le mash distribué en bâtiment est composé de 50 % d’orge aplatie, 25 % de pulpes de betterave, 23,5 % de tourteau de colza et 1,5 % d’aliment minéral et vitaminique 3-25 (12 % de cellulose brute et 19 % MAT). Celui qui est donné au pré contient 50 % d’orge aplatie, 48,5 % de pulpes de betteraves et 1,5 % d’aliment minéral et vitaminique 3-25 (14 % de cellulose brute et 12 % de MAT). Son prix de revient sur l’ensemble du cycle a augmenté de 60 % entre les années 2020-2021 et les années 2022-2023.

Des objectifs zootechniques amenés à évoluer

L’évolution du marché des broutards de ces dernières années est à prendre en compte dans le choix de la conduite. Depuis 2023, les prix des broutards se maintiennent globalement à un niveau élevé sur l’année avec un moindre décrochage des prix à partir de juillet comme les années précédentes. «D’autre part, un débouché pour des broutards charolais plus légers, pesant entre 370 et 400 kilos et pas forcément vaccinés contre la FCO, émerge pour le marché de l’engraissement en France », explique Jérémy Douhay.

Ferm’Inov envisage de faire évoluer la composition du mash qui est distribué pour complémenter les broutards de sorte à se passer des pulpes de betteraves déshydratées, devenues plus rares et plus chères, au profit d’une autre source d’énergie. Le passage au pâturage tournant dynamique représente une autre piste pour sécuriser davantage les croissances des veaux au pâturage.

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