Surabondance de vaches de réforme
Le marché des vaches de réformes et en particulier celles issues du cheptel allaitant est sérieusement engorgé cet hiver avec une nouvelle plongée des cours, laquelle concerne tout particulièrement les animaux de conformation R des principales races à viande. À côté des niveaux de consommation plutôt déprimés en particulier pour les muscles tranchés, ces tarifs en net recul sont aussi lié à l’abondance de l’offre. « Les cours des femelles allaitantes et laitières pâtissent de fortes disponibilités et d’une demande morose. Le cours de la vache R a perdu 6 centimes sur les 4 semaines de janvier pour tomber à 3,62 €/kg de carcasse en fin de mois (- 3% /2017) », explique l’Institut de l’élevage. Sur le terrain on entend plus souvent parler de tarifs qui peinent à franchir le seuil des 3,50 € pour du R.
Décapitalisation en cours pour faire face aux factures
Cette abondance des disponibilités est liée à des cessations d’activité mais également à un phénomène de décapitalisation dans certaines exploitations face à la nécessité d’acquitter les factures. À ces évènements vient s’ajouter la forte proportion de vaches vides. Beaucoup de cheptels et en particulier des cheptels en vêlages d’hiver sont actuellement lourdement pénalisés par les conséquences de la très mauvaise qualité des fourrages (foins et ensilages d’herbe notamment) récoltés en 2016, en particulier dans un large quart nord-est de la France incluant le bassin Charolais. L’impact des rations insuffisantes et surtout mal équilibrées de l’hivernage 2016/2017 est lourd de conséquences. Le taux de vaches vides ou qui ont rempli tardivement est bien au-delà de ce qui est habituellement constaté. Cela se traduit par un taux de réforme forcément supérieur à ce que l’on constate habituellement avec pas mal d’inconnues sur son importance sur les volumes à sortir dans les mois et semaines à venir.
Des animaux supplémentaires à sortir au plus tôt
« On a actuellement quatre semaines de retard en terme d’abattages. Et pourtant on a fait abattre sur janvier quasiment 30% de vaches en plus comparativement à une année habituelle », expliquait mi-février Yves Jehanno responsable commercial pour le groupe coopératif Feder. Difficile surtout de savoir quelle est la proportion de vaches vides ou de vaches qui se sont simplement décalées et qui au lieu de vêler en février-mars vont le faire en avril-mai. Sur le plan national un décrochage très important (- 207 000 vêlages) du nombre de mises bas de femelles allaitantes est constaté entre le second semestre 2017 et le second semestre 2016. « Si sur ces 20700 vêlages qui n’ont pas eu lieu on applique un taux de 30% de vaches vides cela fait quand même pas mal d’animaux supplémentaires à sortir dans les semaines et mois à venir », estime Yves Jehanno. Et ce chiffre de 60 000 vaches supplémentaires serait selon lui un scénario somme toute relativement optimiste.