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Bruno Dufayet, président de la Fédération nationale bovine
« Stopper les négociations avec le Mercosur pour la viande bovine »

La FNB réaffirme sa position qui consiste à vouloir une exclusion pure et simple du secteur sensible de la viande bovine du processus de négociation alors que les discussions avec le Mercosur pour un accord de libre-échange ont repris de façon très inattendue en octobre.

Le spectre de la conclusion d’un accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Mercosur a subitement repris de la consistance début octobre. Ou en sont les négociations ?
Bruno Dufayet - " Nous attendons que l’État français fasse valoir au maximum son pouvoir politique à Bruxelles pour stopper le processus de négociations. L’offre européenne formulée début octobre a été refusée par le Brésil. Le 10 octobre, Emmanuel Macron a dit qu’il n’était pas envisageable de mener des négociations à partir d’un mandat négocié il y a autant de temps. Il date en effet de 1999, et les situations sont complètement différentes aujourd’hui. Derrière ces propos, nous saisissons l’opportunité, dans le cadre de la rédaction d’un éventuel futur mandat, de l’exclusion claire et définitive de la viande bovine des négociations.

Ce sera un moment de vérité sur le poids politique de la France au sein de l’Europe. La France et l’Irlande, les deux principaux producteurs de viande bovine européens se positionnent fortement contre l’avancée de cet accord. Le gouvernement italien par contre ne s’y oppose pas, ce que les éleveurs de ce pays ne comprennent absolument pas.

Ne serait-il pas possible de réduire les nuisances d’une éventuelle ouverture de nouveaux quotas d’importation ?
B. D. - Non. La viande bovine doit être exclue des négociations. Un accord économique avec le Mercosur est peut-être bénéfique pour certains secteurs de l’économie française, mais il ne peut pas y avoir d’ouverture du marché européen à de nouveaux quotas de viande bovine en provenance de ces pays. Si elles se concrétisaient, les importations supplémentaires en provenance du Mercosur seraient constituées uniquement d’aloyaux. Nous ne pensons pas qu’une partie des contingents pourraient en partie être composés de viande pour la transformation.

Si on parle de 70 000 tonnes à droit de douane nul ou réduit, l’impact serait énorme sur un marché aussi restreint que celui des aloyaux. C’est la partie la mieux rémunérée de la carcasse et de plus, étant donné le niveau concurrentiel sur ce créneau, même avec une faible part d’importations en plus, les prix européens baisseront de façon très forte.

N’est-ce pas une position parfois mal comprise ?
B. D. - On nous reproche parfois de vouloir développer l’export de notre viande sur les pays tiers tout en luttant contre les importations. Mais nous cherchons à développer l’export de nos produits essentiellement vers des pays qui ne sont pas producteurs de viande bovine, et qui ont formulé des besoins. En s’opposant aux accords de libre-échange, nous voulons empêcher la déstabilisation du marché européen, qui est l’une des plus grandes zones de production de viande bovine à l’échelle mondiale.
Pourquoi les négociations sont-elles relancées maintenant ?   
B. D. - On assiste en effet à Bruxelles chez certains de nos responsables à une volonté d’accélérer la libéralisation des échanges et des marchés. Cela concerne entre autres l’accord de libre-échange entre l’Europe et le Mercosur.

Il n’y a aucune cohérence politique des décisions bruxelloises d’une direction générale à l’autre. La PAC s’engage vers un modèle d’élevage le plus vertueux possible, vers des services rendus par l’élevage à la société et en même temps, l’Europe souhaite s’ouvrir à des produits qui représentent l’opposé de ces valeurs.

Le scandale sanitaire qui a éclaté ce printemps au Brésil ne peut-il pas en effet faire évoluer  le rapport de force entre Europe et Mercosur ?
B. D. - Nous espérons que ce scandale va orienter les négociations. Ces affaires ont mis au jour un système très corrompu. Elles ont aussi montré les limites du système actuel selon lequel ce sont les pays exportateurs qui réalisent eux-mêmes les contrôles avant l’expédition des viandes."
« Un moment de vérité sur le poids politique de la France à Bruxelles »

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