Mercosur : "le coup de poignard d'Ursula von der Leyen"
A l'annonce de la finalisation des négociations de l'accord commercial entre l'Union européenne et le Mercosur, les réactions des organisations syndicales agricoles sont sans appel. Cette décision représente pour elles un coup de force anti-démocratique de la part de la Commission européenne.
A l'annonce de la finalisation des négociations de l'accord commercial entre l'Union européenne et le Mercosur, les réactions des organisations syndicales agricoles sont sans appel. Cette décision représente pour elles un coup de force anti-démocratique de la part de la Commission européenne.
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Malgré l'opposition de la France, rejointe dernièrement par un certain nombre de pays dont la Pologne et l'Italie, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a validé l'accord commercial entre l'Union européenne et les pays du Mercosur le 6 décembre 2024, à Montevideo en Uruguay.
"La présidente de la Commission européenne vient de trahir les éleveurs, agriculteurs, citoyens et consommateurs européens", s'insurge La Fédération nationale bovine dans un communiqué. "Cette validation doit d'ores et déjà être considérée comme illégitime" poursuit la FNB.
UE-Mercosur : un accord mixte qui doit être approuvé à l'unanimité
L'organisation explique que conformément aux conclusions de la réunion du Conseil européen du 22 mai 2018, l'accord avec le Mercosur est un accord mixte qui doit être soumis à l'approbation à l'unanimité des Etats membres au Conseil, puis à celle du Parlement européen et enfin à celle des parlements nationaux. "Comment la présidente Ursula von der Leyen peut-elle valider un tel accord, en trahissant le mandat qui lui avait été donné."
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Pour la FNB, jamais les éleveurs, ni les consommateurs européens, ne se résoudront à laisser leur production être remplacée par des imports de viandes produites dans des conditions illégales en Europe. "Sans plus attendre, Emmanuel Macron doit déclarer son opposition à cet accord en exercant son droit de véto et le notifiant immédiatement à Bruxelles", réagit Patrick Bénézit, président de la Fédération nationale bovine.
Un coup de force anti-démocratique de la Commission européenne
Interbev, associé aux interprofessions Anvol, AIBS et Intercéréales, dénoncent un "coup de force anti-démocratique de la Commission européenne". Reste à savoir si Ursula von der Leyen est prête à aller jusqu'à une application temporaire de l'accord dans l'attente de sa ratification, "ce qui serait catastrophique pour les filières françaises viande bovine, volailles, céréales et sucre."
Pour ces organisations, la présidente de la Commission européenne néglige la réalité des pratiques des pays du Mercosur en assurant que dans le cadre de cet accord sont apportés "des garanties solides" ainsi que "des normes européennes de santé et de sécurité alimentaire intouchables."
UE-Mercosur : "le combat n'est pas terminé"
"C'est un véritable scandale", réagit La Confédération paysanne dans un communiqué. "Nous appelons à poursuivre la lutte, un combat surlequel nous sommes précurseurs depuis plus de trente ans." L'organisation rappelle que les accords de libre-échange tirent les prix vers le bas et organisent la course au moins-disant social et environnemental. "Ils se font au détriment du revenu paysan et de l'intérêt général."
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Véronique Le Floc'h, présidente de la Coordination rurale, a fait part de son indignation sur Franceinfo le 6 décembre. ""Nous allons travailler auprès des députés européens pour que cet accord en 2025 n'aille pas au-delà", explique la représentante du syndicat agricole."Il est plus que temps qu'il y ait cette exception agriculturelle, qu'on sorte de tous ces accords de libre-échange".
Pour Jeunes Agriculteurs et la FNSEA, Ursula von der Leyen trahit les agriculteurs européens et la bataille continue. "Nous engagerons tous les moyens au niveau européen pour que cet accord ne soit pas ratifié, ni par le Conseil, ni par le Parlement européen, ni par les parlements nationaux. C'est une question de justice pour les agriculteurs et de respect des consommateurs européens.
Le Copa-Cogeca annonce dans son communiqué que "la communauté agricole de l’UE refuse de payer l’addition." Pour l'organisation européenne d'agriculteurs et de coopératives, si elle reconnait la nécessité pour l’Union européenne d’approfondir ses relations commerciales, cela ne doit pas se faire à n’importe quel prix. "Les secteurs sensibles, tels que le secteur bovin, de la volaille, du sucre, de l’éthanol et du riz, risquent de se voir exposés à une saturation du marché et à une perte de revenus en raison de l’afflux de produits à bas prix issus des pays du Mercosur. Cet accord exacerbera les pressions économiques auxquelles sont soumises de nombreuses exploitations déjà en proie à des prix d'intrants élevés et à des conditions climatiques éprouvantes."