Redonner par les prix des perspectives aux producteurs de maigre
Les effectifs du cheptel allaitant français sont en recul depuis quatre ans. Avec des prix des bovins qui n’évoluent guère depuis 20 ans, le manque de rentabilité de cette production est clairement mis en avant par les producteurs.
Les effectifs du cheptel allaitant français sont en recul depuis quatre ans. Avec des prix des bovins qui n’évoluent guère depuis 20 ans, le manque de rentabilité de cette production est clairement mis en avant par les producteurs.
La fonte des effectifs allaitants français est la triste démonstration d’une production dont la rentabilité se dégrade au fil des ans. D’après les statistiques de la BDNI, le nombre de vaches allaitantes est en recul de 252 000 têtes entre 2016 et 2020, soit - 6,2 % en seulement 4 ans pour un peu moins de 3,75 millions de vaches mères le premier août dernier. Ces évolutions ne sont pas uniformément réparties. Le recul est sévère dans le Sud-Ouest et les Pays de Loire et en particulier en Mayenne (-4%), Maine-et-Loire (-3,5%) et Vendée (-2,5%). L’érosion est moins sensible dans tous les départements du nord Massif Central jusqu’à la Bourgogne où elle oscille entre -1 et -2,4% mais avec un impact important dans la mesure où ces départements sont à forte spécialisation « allaitante » avec des effectifs initiaux conséquents. Le sud Massif Central (Ardèche, Cantal, Haute-Loire, Lozère) fait figure de bon élève mais la progression des effectifs demeure modeste (entre +0,5 et 1%). Ce recul du nombre d’animaux est associé à une accentuation de l’érosion du nombre de détenteurs. Alors que depuis le début des années 2000 le nombre de cheptels de plus de vingt mères diminuait en moyen de 720/an, ce rythme s’est brutalement accéléré depuis 2016. Ce recul est désormais de 1300 cheptels/an. La France compte cette année 56 700 cheptels de plus de 20 vaches allaitantes contre 72 900 en 2001.
Contrer l’érosion du cheptel
Comment va évoluer la situation dans les mois à venir ? La succession de quatre étés secs et brûlants dans bien des départements, en particulier du grand quart Nord-Est de la France, risque d’être un facteur incitatif supplémentaire pour diminuer le cheptel français en ajustant dans bien des élevages le nombre de bouches à nourrir aux stocks de fourrages disponibles. A plus long terme, la pyramide des âges des éleveurs laisse augurer d’un nombre important de cessations d’activité à échéance de cinq à dix ans. Pour contrer la poursuite de cette érosion prévisible du cheptel, le meilleur moyen serait évidemment de permettre une meilleure rentabilité de la production de viande bovine, incitant par là même davantage de jeunes à s’installer. Si on s’en tient aux seuls prix du maigre, particulièrement déprimés en ce début d’automne, les tarifs n’ont guère évolué ces vingt dernières années. Quand on sort des archives les cotations de l’Ofival, (NDLR : l’ancêtre de FranceAgrimer) rapportées par l’Institut de l’élevage, la cotation du broutard charolais de 350 kilos âgé de six à douze mois était en fin d’été 1998 de 16,5 Francs (2,5 Euros) du kilo vif. 22 ans plus tard, début septembre 2020, la cotation de ce même broutard charolais de six à douze mois de 350 kg est toujours de 2,50 € !
Le Ministre réunit les principaux exportateurs
Face à cette situation décourageante, le ministre de l’Agriculture a réuni le 16 octobre les principaux exportateurs de broutards et des représentants de la Fédération Nationale Bovine. « L’examen des principaux indicateurs de marchés, présenté par le ministère sur base des données de FranceAgriMer a confirmé le maintient des flux d’export vers l’Italie » souligne un communiqué de la Fédération Nationale Bovine. « La réunion s’est conclue sur l’objectif de définition à brève échéance, sous 3 semaines, d’actions pour une meilleure organisation, favorisant la valorisation des broutards », rapporte le communiqué. Le ministre a souligné les enjeux de valorisation des produits français, dont le broutard vers l’Italie mais également vers d’autres destinations sur l’Europe et les pays-tiers. La petite note favorable dans ce contexte morose est liée à la cotation italienne du JB italien de Modène (voir graphique), laquelle a enfin entamé sa remontée saisonnière avec plusieurs semaines de retards comparativement à la date habituelle. « En Italie, la hausse saisonnière des cours a tardivement démarré à Modène. En semaine 41, le JB charolais de 1ère catégorie cotait 2,50 €/kg vif (-6% /2019 et -1% /2018). » indique l’Institut de l’élevage dans sa dernière note mensuelle de conjoncture.