Quel place donner à l’enrubannage d’herbe ?
Dans la ration des jeunes bovins, introduire l’enrubannage de prairie est positif techniquement et économiquement dans le cas des rations sèches. Pour une ration à base de maïs, l'herbe ne présente un intérêt que si elle est de très bonne qualité.
Dans la ration des jeunes bovins, introduire l’enrubannage de prairie est positif techniquement et économiquement dans le cas des rations sèches. Pour une ration à base de maïs, l'herbe ne présente un intérêt que si elle est de très bonne qualité.
De nombreux essais ont été conduits en station expérimentale sur l’intérêt d’utiliser de l’herbe en engraissement de jeunes bovins. Ils portaient en majorité sur des Charolais, avec de l’enrubannage de légumineuses pures ou dans des prairies multiespèces. La synthèse de ces résultats montre que l’herbe trouve très bien sa place en engraissement dans les systèmes herbagers qui n’utilisent pas de maïs ensilage. Dans le cas de l’introduction d’enrubannage dans une ration sèche composée de paille et céréales à volonté avec tourteau équivalent colza, les performances de croissance ne sont pas modifiées (GMQ à 1500 g/j). « Quel que soit l’essai, 500 kilos de concentrés par jeune bovin sont économisés. On peut même se passer de correcteur azoté dès lors que le fourrage est très riche en légumineuses », résume Alexis Ferard, d’Arvalis-Institut du végétal. L’herbe, consommée à volonté, représente environ un tiers de la ration. « Les jeunes bovins en ingèrent en moyenne 3,3 kgMS par jour. Cela peut varier de 2,6 à 3,5 kgMS par jour selon la qualité de l’enrubannage, le poids vif et la génétique des animaux. » La durée d’engraissement n’est pas changée pour un poids d’abattage de 420-430 kg de carcasse. L’intérêt de l’enrubannage est un peu plus limité si l’abattage intervient à un poids plus faible.
En base maïs, surveiller la densité énergétique
Par contre, dans le cas d’une ration ensilage de maïs à volonté et 40 % de concentrés, l’ajout d’herbe ne permet pas de réduire sensiblement la quantité totale de concentrés nécessaire pour engraisser un jeune bovin, car la durée d'engraissement est allongée. Les besoins en tourteau équivalent colza sont cependant un peu réduits. Et cela permet de diminuer la sole en maïs, ce qui peut constituer un objectif en soi. Mais quinze à vingt jours supplémentaires d’engraissement sont nécessaires dans tous les essais, en lien avec des GMQ orientés à la baisse. « En ration maïs, les pertes de croissance peuvent être très limitées si on dispose d’une herbe très riche, à plus de 0,80 UFV/kgMS et plus de 12 % de MAT, et que cette herbe représente moins de 30 % de la ration. Mais on peut aussi dans une configuration inverse perdre beaucoup en GMQ parce que la densité énergétique de la ration est moins élevée », précise Alexis Ferard. Les essais ont permis de montrer qu’une variation de ± 0,05 UFV/kgMS de la ration totale sur ce type de régime alimentaire représente environ 180 g de variation du GMQ.
Meilleure stabilité du coût alimentaire d’une année à l’autre
Une étude du coût alimentaire a pu être faite à partir de ces résultats d’essais, avec une matrice de prix commune sur les cinq dernières campagnes. Le coût alimentaire est toujours réduit avec l’introduction d’herbe dans une ration sèche, quelle que soit la conjoncture, de 25 à 60 euros par jeune bovin. Par contre, pour une ration à base de maïs ensilage, l’enrubannage n’est compétitif sur le coût alimentaire que si les cours des matières premières sont très élevés. « C’est le cas si le ratio prix du maïs/prix de l’herbe est supérieur ou égal à 1,2. » Néanmoins, dans tous les cas, l’enrubannage permet d’amortir les variations de coût alimentaire d’une année à l’autre. « Le prix d’opportunité du maïs varie de 22 % sur les cinq dernières années, alors que celui de l’enrubannage de graminées et légumineuses de 8 à 9 %. »