Pâturage : quantifier la production d’herbe avec les données des satellites
Le projet Herdect utilisé les données satellites Sentinel-2 pour estimer les quantités d’herbe disponibles afin d’améliorer la conduite du pâturage dans les élevages.
Le projet Herdect utilisé les données satellites Sentinel-2 pour estimer les quantités d’herbe disponibles afin d’améliorer la conduite du pâturage dans les élevages.
Le projet Herdect avait pour ambition, grâce à la télédétection par drone et satellite, de mieux déterminer la disponibilité en fourrages dans les prairies, afin d’améliorer le pilotage du pâturage, en évitant les gaspillages et en évaluant facilement les dates de fauche. « Pour ce faire, on s’est appuyés sur des mesures au sol et des images satellites (images Sentinel-2) », souligne Alain Airiau, responsable du pôle prairies de la chambre d’agriculture des Pays de la Loire.
Un ensemble de données ont été exploitées pour juger la capacité des modèles produits à estimer la hauteur d’herbe et la biomasse des prairies et ce, sur 18 sites majoritairement situés dans la partie Ouest de la France. Environ 4 000 mesures ont ainsi été réalisées au sol avec un herbomètre (grasshopper qui permet la géolocalisation de chaque point d’impact) ainsi que 500 à 600 mesures de biomasse.
Les estimations biomasses et hauteurs d’herbe obtenues grâce au satellite ont été comparées aux données terrains issues des fermes du projet Herdect et du réseau pousse de l’herbe. Ces données ont permis d’élaborer un modèle d’estimation de la hauteur.
Attribuer une classe de hauteur d’herbe
Les hauteurs d’herbe estimées par le satellite sont bien corrélées avec celles mesurées au sol. Par ailleurs, le modèle d’estimation des hauteurs d’herbe suit bien la dynamique de croissance de la pousse. Le satellite évalue bien la hauteur mesurée sur le terrain. L’erreur moyenne de la hauteur d’herbe n’était que de 1,6 centimètre par rapport aux mesures de l’herbomètre.
Le satellite a tendance à sous-estimer les hauteurs d’herbe et les prévisions apparaissent plus précises en dessous de 10 à 12 centimètres. Si le champ des perspectives semble très intéressant, les technologies d’acquisition comportent certaines limites. En effet, les nuages complexifient voire rendent impossible le traitement des images satellitaires et par conséquent, la prédiction de la pousse de l’herbe.
« Toutefois, dans le cadre de ce projet, une enquête a été menée auprès d’une centaine d’éleveurs. Elle a révélé que ces derniers attendent une donnée hebdomadaire et une classe de hauteur d’herbe, plutôt qu’une donnée herbomètre précise.
Le modèle d’estimation de la pousse de l’herbe est donc adapté aux besoins des éleveurs », observe Élise Michel, conseillère prairies à la chambre d’agriculture des Pays de la Loire, avant d’ajouter : « pour évaluer le modèle en 2020, on a mis en place un outil qui permettait d’envoyer à chaque éleveur, de façon hebdomadaire, une feuille récapitulative où ils retrouvaient des notions d’hauteurs d’herbe de différentes parcelles. Un code couleur indiquait la situation des parcelles : à débrayer, à mettre dans le circuit de fauche… »
Des perspectives intéressantes
À l’avenir, ce modèle de prévisions de pousse de l’herbe pourrait être valorisé dans une application smartphone d’aide à la gestion du pâturage, permettant de connaître la quantité d’herbe disponible sur l’ensemble des prairies de l’exploitation et d’indiquer les bonnes décisions de pilotage du pâturage.
Les modèles construits ont pour vocation à être utilisés dans des outils d’aide à la gestion du pâturage. Ces indicateurs peuvent être illustrés avec une cartographie des parcelles et le code couleur établi selon la quantité d’herbe disponible, avec également des courbes de production et des indications chiffrées. Coupler les données biomasse et hauteurs d’herbe aux besoins alimentaires du troupeau permettrait d’obtenir des indicateurs pour une gestion fine du pâturage : la biomasse disponible par parcelle, les parcelles à pâturer en priorité (biomasse, hauteur importante), le nombre de jours d’avance, les parcelles à débrayer, l’estimation de la productivité des prairies…
Satellites Sentinel-2
Les satellites Sentinel-2, en mesurant la réflexion des ondes électromagnétiques, permettent l’acquisition de données suffisamment précises pour assurer un suivi de la végétation. En passant tous les 3 à 5 jours et avec une résolution de 10 à 20 mètres dans un large spectre, le satellite Sentinel-2 a permis un fort développement de l’usage de la télédétection.
C’est ce satellite qui permet le suivi de la hauteur de l’herbe et de la biomasse avec le modèle Herdect.