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Bio : pas de mâles maigres au Gaec du Masbareau

Mâles ou femelles, tous les bovins nés au Gaec du Masbareau sont vendus finis. Les mâles sont orientés vers une production de veaux sous la mère ou de bœufs âgés d’un peu plus de 30 mois à la vente.

À Royères, en Haute-Vienne, aucun bovin né au Gaec du Masbareau n’est vendu maigre. L’élevage fait partie des pionniers de l’agriculture biologique en Limousin et la conversion bio a été initiée en 1996. Aurélien Boudet s’est installé sur l’exploitation familiale en 2004, suivi en 2008 par Lidewij Van Oers, sa compagne. Ils sont désormais les seuls associés secondés par un salarié à temps plein, un à mi-temps et un apprenti, donc l’équivalent de 2 UTH. Au fil des ans et des installations, l’exploitation a forcément enregistré des évolutions dans la dimension et le fonctionnement des deux principaux ateliers bovins et porcins. La conduite de la partie bovine est désormais bien calée.

Veaux de lait et bœufs de 30 mois

« Pour les bovins, nos ventes se répartissent entre les veaux sous la mère vendus autour de 5 mois, les bœufs d’un peu plus de 30 mois et les vaches de boucherie, âgées de 3 à 12 ans », soulignent les deux associés. Le troupeau totalise actuellement pratiquement 140 vêlages par an équitablement répartis entre septembre à octobre puis de février à mi-avril. « Je préfère nettement les vêlages d’automne. C’est, je trouve, plus simple à conduire. Cela permet ensuite des choix de taureaux plus opportuns grâce à l’IA. Pour les vêlages de printemps, toutes nos femelles sont en monte naturelle », précise Aurélien Boudet. « Cette double période de vêlage permet d’étaler les ventes et de faire vêler toutes les primipares à 30 mois. Cela limite le nombre d’UGB femelles improductives et va dans le sens d’une meilleure occupation des cases du bâtiment dans lequel sont finis les bœufs et une partie des vaches de boucherie », précise Arnaud Gaulupeau, responsable Bovins Croissance Haute-Vienne.

Une bonne quarantaine de veaux sous la mère

Mâles ou femelles, le Gaec engraisse chaque année une quarantaine de veaux de lait. L’idée n’est pas d’en faire des veaux rosés dont la conduite se rapprocherait de celle de broutards comme cela se voit souvent dans les élevages bio. Ce sont au contraire de vrais veaux sous la mère, élevés « à la Corrézienne » avec tétée biquotidienne et logement isolé en cases confortablement paillées. En 2018, le bilan commercial fait état de 17 femelles (147 kg carcasse en moyenne) abattues pour la plupart à 5,5 mois et 19 mâles (152 kg carcasse en moyenne). Ce débouché concerne les veaux de toutes les vaches de réforme finies simultanément à l’allaitement de leur veau. Il concerne également une dizaine de veaux de primipares. « On fait vêler toutes nos génisses, soit une quarantaine par an avec une répartition équitable entre vêlages d’automne et de printemps. Celles que l’on est certain de ne pas conserver sont inséminées avec des taureaux à profil 'veau sous la mère'. En les choisissant bien, les conditions de vêlages sont rarement un problème et cela nous fait un veau de lait supplémentaire ! », précise Aurélien Boudet. Ces jeunes vaches sont ensuite finies tout en allaitant, comme les réformes plus âgées. Cette conduite concerne environ un tiers des primipares. « Par exemple on a fait vêler cette année 41 génisses et seulement 26 ont été remises à la reproduction. » Le cahier des charges bio interdit le lait en poudre. Pour avoir suffisamment de lait, le Gaec dispose de neuf tantes montbéliardes, pour la plupart conduites en croisement Blanc Bleu. Viennent s’ajouter une dizaine de multipares limousines qui ont le bon profil pour cette production car dociles, précoces, conformées et pouvant être utilisées sans difficultés pour supplémenter en lait un second veau après que le leur soit parti à l’abattoir.

 

 

Une quarantaine de broutards castrés à la pince

Depuis quelques années, s’ils ne sont pas destinés à devenir des veaux de lait, tous les mâles sont castrés avec l’objectif de sortir des bœufs idéalement âgés de guère plus de trente mois à l’abattage. « On n’a pas développé cette production d’un coup. » La capitalisation sur pied était progressive. Elle a coïncidé avec l’installation de Lidewij et au développement du troupeau de vaches mères et de l’atelier porcin.

Nés au printemps ou à l’automne, les futurs bœufs sont castrés à la pince autour de 8 mois peu après leur sevrage. « On a toujours procédé ainsi. » L’objectif est de vendre au deuxième trimestre le lot né à l’automne. Ceux nés au printemps sont planifiés pour une vente au quatrième trimestre. La complémentation sous la mère concerne uniquement les veaux d’automne avec 1 kilo d’épeautre aplati/jour en hiver puis plus rien une fois à l’herbe. Les croissances sous la mère avoisinent 1 000 g, puis au cours du premier hiver qui suit le sevrage le GMQ objectif de 600 g est globalement atteint.

À l’herbe, le pâturage tournant est la règle. Les lots restent en moyenne de quatre à cinq jours sur un paddock avant de passer au suivant. « Les bœufs sont des animaux calmes, pas compliqués à conduire. On a pourtant des lots parfois conséquents. À la mise à l’herbe, on regroupe les bœufs d’un an nés au printemps et ceux de 18 mois nés à l’automne. Cela fait près de 50 têtes ensemble mais cela se passe bien. Mais on ne mélange jamais génisses et bœufs du même âge. Ils ont tendance à cavaler. Pour leur faire prendre des kilos, ce n’est pas l’idéal ! », souligne Lidewij Van Oers. En revanche le premier hiver, bouvillons et génisses bénéficient de la même ration, laquelle vise aussi à avoir sur les femelles des croissances suffisamment soutenues pour une première mise à la reproduction à 20 mois.

L’ensilage a remplacé l’enrubannage

Disposer de fourrages suffisamment riches est une priorité. Longtemps adeptes de l’enrubannage, l’arrivée de la mélangeuse s’est traduite par une réorientation sur l’ensilage d’herbe récolté en deux fois sur 25 à 30 ha, en misant sur des coupes très précoces de façon à maximiser la MAT. « En bio pour obtenir de bons résultats, il convient d’être le plus autonome possible pour l’alimentation. Les fauches précoces sont impératives même si le rendement est forcément moins bon », souligne Arnaud Gaulupeau. L’an dernier, la première coupe a eu lieu le 27 avril et la seconde le 8 juin.

Avant l’arrivée de la mélangeuse, la finition reposait sur une association enrubannage, ensilage de maïs et méteil grain aplati distribués successivement. La ration complète est allée dans le sens d’une amélioration des performances et d’une moindre pénibilité du travail. Même s’il faut forcément composer avec les aléas climatiques, la conduite des animaux est désormais calée. L’objectif de vendre les bœufs les plus lourds possible mais sans trop aller au-delà de 30 mois est respecté. « La sécheresse de l’automne dernier va quand même compliquer les choses, avec des animaux qui sont rentrés moins lourds et moins en état que d’habitude », souligne Aurélien Boudet.

Des épaisseurs plus que des hauteurs

Côté sélection, pas question d’accroître déraisonnablement les formats. Le poids moyen de carcasse des réformes a été de 391 kg l’an dernier et inclut 14 jeunes vaches abattues entre 31 et 40 mois. La volonté est de mettre l’accent sur les épaisseurs et non sur la croissance et le format de façon à pouvoir finir les bœufs précocement. Pour les IA comme pour les taureaux achetés, priorité est également donnée aux souches à bonnes aptitudes laitières. « Le niveau moyen des index d’ascendance paternelle pour les taureaux utilisés est de 110 en DM, 93 en DS et 102 en ALait », précise Arnaud Gaulupeau.

Les bovins finis sont orientés sur trois débouchés. « L’essentiel des veaux et vaches sont vendus à la SCA Le Pré Vert. On commercialise également quelques veaux et vaches en direct à un boucher de Limoges. » Le prix des derniers veaux gras vendus a avoisiné les 9 euros du kilo. La totalité des bœufs (42 l’an dernier) sont contractualisés auprès d’Unébio et abattus à Montluçon ou Alençon. Ces dernières semaines, les bons U3 étaient valorisés sur une base de 5,35 euros du kilo. « Mais il ne faut pas moins pour que ce soit intéressant. »

Des porcs bio doublement précieux

L’exploitation totalise 220 hectares de SAU dont 15 de maïs. Il est récolté en ensilage plante entière ou en grain humide dans des proportions variables selon les années. « En 2018, on a fait davantage d’ensilage pour compenser le manque d’herbe du fait de la sécheresse. » Côté cultures, 25 ha de céréales dont 15 ha d’une association triticale-pois, 8 ha d’épeautre et un peu d’orge complètent les stocks. Une quinzaine d’hectares de prairies sont ressemées chaque année avec des mélanges suisses. Le maïs c’est une sécurité. Il est semé après un méteil semé à l’automne derrière une céréale et récolté en enrubannage juste avant de semer le maïs.

À côté des Limousines, la production porcine est devenue en quelques années l’autre atelier clé de l’exploitation. Elle repose sur 80 truies en système naisseur engraisseur avec naissage en plein air et engraissement en bâtiment sur litière paillée. Cette activité est analysée comme doublement intéressante. D’abord, car la demande en porcs bio est supérieure à l’offre. Les parcelles bénéficient ensuite indirectement de l’atelier porcin grâce à la production de fumier lequel va dans le sens d’une bonne fertilisation de toutes les surfaces. Qu’ils soient produits par l’atelier bovin ou porcin, la plupart des fumiers sont compostés.

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