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Nouveau règlement européen bio : quelles évolutions en élevage bovin viande ?

Certains points sont encore en cours de discussion sur le volet bovins viande du nouveau règlement européen en agriculture biologique. Mais en dehors de la période hivernale, le logement des veaux et l’engraissement d’adultes en bâtiment ne seront plus possibles sans accès à l’extérieur.

En fonction de la période de vêlage, de la conduite des veaux, de l'accès possible ou pas à une pâture attenante, des investissements pourront être nécessaires pour le logement des veaux.  © F. d'Alteroche
En fonction de la période de vêlage, de la conduite des veaux, de l'accès possible ou pas à une pâture attenante, des investissements pourront être nécessaires pour le logement des veaux.
© F. d'Alteroche

Voté en 2018, le nouveau règlement européen pour l’agriculture biologique a vu son entrée en vigueur repoussée d’un an à cause de la pandémie. Il s’appliquera à partir du 1er janvier 2022. Certains points concernant les bovins viande sont encore en cours de discussion (NDLR au 20 mai 2021). Il faudra attendre la parution de la nouvelle version du guide de lecture de l’INAO pour avoir toutes les précisions nécessaires.

« Deux changements importants sont à noter », explique cependant Christel Nayet de la chambre d’agriculture de la Drôme, référente nationale pour l’élevage de ruminants bio à l’APCA. Le premier point concerne le logement des veaux. En dehors de la période hivernale, quand les conditions le permettent, ils devront avoir accès à l’extérieur et/ou pouvoir pâturer dès que possible. Des âges limites sont encore en cours de discussion, aussi bien pour l’accès aux aires extérieures qu’au pâturage.

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Il est proposé une sortie au plus tard à l’âge de 6 semaines sur un espace extérieur. L’accès à une aire extérieure ne serait obligatoire que si le veau n’a pas accès au pâturage. Quant à l’accès au pâturage, il reste obligatoire pour tous les herbivores dès que les conditions le permettent. Pour les veaux, cela se traduit par un accès au pâturage dès que possible et au plus tard à un âge limite, encore en cours de discussion. Il oscillera entre 6 et 8 mois, en fonction de la conduite, de l’âge d’abattage, de la date de naissance.

Certains élevages devront aménager des aires extérieures

Le second point qui change avec ce nouveau règlement concerne l’engraissement des adultes. La phrase qui mentionnait « la possibilité d’engraisser les animaux en intérieur pendant moins d’un cinquième de leur durée de vie et au maximum trois mois » a disparu dans le nouveau texte. « On pouvait jusqu’à présent engraisser des vaches en bâtiment durant l’été pendant trois mois. Ce ne sera plus possible, explique Christel Nayet. En dehors de la période hivernale, un accès à une aire extérieure ou au pâturage sera obligatoire pendant l’engraissement des adultes (sauf pour les mâles de plus d’un an qui pourraient avoir accès à une aire extérieure plutôt qu’au pâturage)."

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Ces mesures ne sont pas un problème dans les élevages qui disposent déjà de pâtures attenantes au bâtiment, et pourront laisser entrer et sortir à leur guise les animaux quand les conditions le permettent. Pour s’adapter, certains pourront semer de telles pâtures, mais selon la configuration des bâtiments, ce ne sera pas possible dans tous les élevages. La définition précise d’une aire extérieure (ouverture des côtés, toiture partielle…) n’est pas encore arrêtée et sera précisée prochainement. Cela suppose cependant des aires bétonnées, des barrières, et un système de gestion des déjections, donc un investissement conséquent.

L’attache possible seulement pour les élevages de moins de 50 adultes

Le nouveau règlement européen réduit par ailleurs les possibilités de dérogation pour maintenir les animaux à l’attache dans des bâtiments pendant l’hiver. Cette dérogation ne pourra être obtenue que par les exploitations détenant au total moins de 50 animaux adultes (qui comprend les mâles de plus de 2 ans et les femelles ayant déjà mis bas). Cela fait une vingtaine d’années que l’attache était soumise à dérogation en bio, mais cette fois-ci un pas de plus est franchi. Il sera peut-être possible pour certains éleveurs de modifier le bâtiment pour ceux qui n’attachent que les génisses d’un an par exemple. Mais pour tous les autres, il n’y aura pas d’alternative à la construction d’un nouveau bâtiment pour continuer en agriculture biologique. Avec dans ce cas des conséquences économiques et financières considérables.

« Concernant l’ébourgeonnage des cornes des veaux, les conditions permettant d’obtenir une dérogation vont se durcir progressivement avec le nouveau règlement, informe aussi Christel Nayet. La justification et un accompagnement approprié de la douleur sont inscrits dans le règlement. » La castration physique n’est pas non plus interdite, mais c’est la même logique qui prévaut : intervention seulement si nécessaire, prise en charge de la souffrance, à l’âge le plus approprié, par du personnel qualifié. Pour les détails en pratique, il faudra consulter la nouvelle version du guide de lecture de l’INAO ou votre conseiller et interroger son organisme certificateur.

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D’autres points évoluent, mais ne représentent pas vraiment d’enjeu en élevage allaitant. À partir de 2024, au moins 70 % des aliments distribués aux animaux devront provenir de l’exploitation ou d’autres opérateurs bio ou en conversion de la région (= France) au lieu de 60 % aujourd’hui. Ce pourcentage passera ensuite à 80 %. Et les achats de matières premières en deuxième année de conversion (C2) seront limités à partir de 2022 à 25 % de la ration annuelle au lieu de 30 % aujourd’hui.

De plus en plus de précisions sur le volet bien-être animal

 

De nouvelles obligations mal vécues dans de nombreuses régions

Pour certaines régions, ce nouveau règlement ne pose pas trop question a priori. « Les systèmes d’élevage sont déjà conformes dans la quasi-totalité des cas. Dans quelques cas, cela nécessitera de créer des ouvertures dans des bâtiments, d’aménager un parc, et de changer la destination des parcelles attenantes (parcelle en cultures à mettre en prairie) ce qui me semble être du bon sens », estime Christophe Grosbois, chargé de mission viande bovine et référent bio à la chambre d’agriculture des Pays de la Loire. « Quand les conditions pédoclimatiques le permettent, donner accès à une prairie attenante à des vaches qui sont en finition en bâtiment n’a pas d’effet sur leurs performances », explique aussi Julien Fortin, de la ferme expérimentale de Thorigné en Maine-et-Loire.

En Nouvelle-Aquitaine en revanche, les nouvelles modalités pour le logement des veaux interrogent les professionnels. « Selon le type de conduite des veaux rosés ou des veaux de lait, en fonction des périodes de vêlage, de nombreux éleveurs seront obligés d’adapter leurs pratiques et/ou leurs bâtiments », explique Nicolas Desmaris, conseiller à la chambre d’agriculture de Haute-Vienne.

En Auvergne, à cette question s’ajoute celle des bâtiments à l’attache, et la situation est critique. « Certains éleveurs en conversion ou bien en fin de carrière risquent de quitter la filière bio », relate Vincent Vigier, conseiller à la chambre d’agriculture du Cantal.

En Occitanie, la lecture du nouveau règlement est encore plus négative. « Dans notre région, si les animaux passent la majorité de leur vie à l’extérieur, les aléas du climat et les structures des exploitations ne le permettent pas toujours y compris en dehors de la période hivernale. La période de finition en bâtiment reste indispensable pour obtenir des animaux de bonne qualité bouchère demandée par le marché », explique Nancy Fauré, directrice d’Interbio Occitanie. « Le règlement est très ambitieux et il faut donner aux éleveurs les moyens et le temps de s’adapter », fait valoir Henri Bonneaud, éleveur dans le Lot et président de la commission viande bio d’Occitanie.

Plusieurs interlocuteurs s’interrogent sur le bon sens de ce point du règlement sur l’accès à l’extérieur. « Alors que des bâtiments bien ventilés avec des surfaces par animal conséquentes sont en place, il faudra encore faire du béton ? » « Par rapport au bien-être animal, qu’en est-il des risques de courants d’air avec des aires extérieures ? et du stress métabolique qu’entraine un passage à l’herbe ? »

Une base de données pour les bovins des élevages bio

Le nouveau règlement européen mentionne la création d’une base de données des bovins conduits en agriculture biologique. Elle a pour objectif de recenser les disponibilités d’animaux bio en France en précisant la race, le sexe, l’âge, la finalité de production (lait/viande). « Ce pourra être un moyen pour les éleveurs de trouver des reproducteurs en priorité auprès d’autres élevages bio, avant de solliciter une dérogation pour acheter dans des élevages conventionnels », explique Nicolas Desmaris, conseiller d’entreprise à la chambre d’agriculture de Haute-Vienne. D’autres informations pourront y figurer comme le niveau génétique et le statut sanitaire. Ce dispositif sera volontaire. La base de données sera consultable gratuitement par les éleveurs et l’administration (INAO, organisme de certification…). Sa mise en place devrait être effective dès 2022.

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