Prix des broutards « Nous voulons être encore là demain »
Delphine Freyssinier est en Gaec avec son père Christian à Trizac dans le Cantal. Leur exploitation est forcément très orientée sur la production de bétail maigre car située en altitude au cœur de la zone herbagère du Massif Central. Elle subit actuellement de plein fouet la forte dépréciation du prix des broutards.
Delphine Freyssinier est en Gaec avec son père Christian à Trizac dans le Cantal. Leur exploitation est forcément très orientée sur la production de bétail maigre car située en altitude au cœur de la zone herbagère du Massif Central. Elle subit actuellement de plein fouet la forte dépréciation du prix des broutards.
« Avec nos Salers, nous avions cette année 97 vêlages dont 40 % en croisement et nos premiers broutards sont d’habitude vendus mi-septembre. Mais quand j’ai vu les cours, je me suis dit qu’il n’était pas possible de les faire partir à des tarifs si dépréciés. Avec mon père, on a décidé de les garder. Ils sont toujours à la maison et nous avons actuellement (NDLR : le 14 octobre) une soixantaine d’animaux prêts à être vendus. L’an dernier, le premier lot était parti le 10 septembre. Il se composait d’une dizaine de Salers vendus à 2,21 euros du kilo vif pour une moyenne de 360 kg payables et autant de croisés vendus 2,65 euros du kilo. Actuellement, pour des veaux de qualité et poids équivalent, on nous annonce 2 euros pour les Salers et 2,35 les croisés soit environ 100 euros/tête en moins comparativement à l’an dernier.
Dans notre département on essaye de retenir nos broutards conformément aux préconisations de la Fédération nationale bovine, mais ce ne sera pas possible partout. Les trésoreries sont parfois extrêmement tendues avec des éleveurs qui n’ont pas d’autres possibilités que de brader leurs animaux. Mais si on peut faire en sorte que 30 % des broutards soient retenus dans les fermes ce sera déjà ça.
Sur notre exploitation, nous avons subi notre troisième année consécutive de sécheresse, accentuée par la problématique des rats taupiers avec l’obligation d’acheter des fourrages à l’extérieur. Quand on discute entre collègues, on se fait peur. On ne voit pas où on va. Certains ne font pratiquement aucun prélèvement privé depuis trois ans. Cette situation ne peut pas durer. Dans le Cantal avec la FDSEA, nous sommes allés voir les principaux opérateurs qui travaillent avec ParmaFrance, Deltagro, Eurofeder ou Bévimac. Tous ont tenu peu ou prou le même discours en prétextant qu’ils subissent eux aussi la loi du marché. Ils nous ont prétendu que le marché italien était actuellement engorgé alors que les indicateurs interprofessionnels établis à partir des données de la DGAL et des douanes font état d’un nombre d’animaux maigres français importés très similaire aux chiffres de l’an dernier. Certains nous ont suggéré de demander des compléments pour l’aide vache allaitante, de modérer nos investissements ou de faire évoluer nos élevages vers des unités plus importantes associées à des méthaniseurs.
Ces propos me mettent hors de moi. Ils ne cherchent pas à nous défendre mais défendent leurs clients. Maintenant qu’ils ne sont plus que quatre opérateurs à traiter plus de 80 % des volumes, ce ne devrait pas être bien compliqué de se mettre autour d’une table pour défendre aussi les intérêts de leurs fournisseurs s’ils veulent que l’on soit encore là demain."