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« Nous veillons constamment à optimiser chaque poste de production »

Installés depuis moins de dix ans, Alexis et Maxime Amblard ont fait évoluer leur système en polyculture élevage en cherchant méticuleusement à optimiser les conditions de travail et les coûts de production sur chacun des postes, à commencer par la gestion du troupeau charolais et des surfaces fourragères.

Non loin du parc naturel régional de la Brenne caractérisé par une mosaïque d’étangs, de landes, de bois et prairies se situe le Gaec des Petits Chézeaux, à Arthon dans l’Indre. Les sols y sont hydromorphes et plus propices aux surfaces fourragères qu’aux céréales aux modestes rendements (autour de 50 quintaux par hectare). « Le choix d’un système en polyculture élevage constitue le principal atout de notre exploitation, révèlent les deux frères Maxime et Alexis Amblard. Cette orientation prise nous permet de valoriser au mieux l’ensemble des surfaces, qu’elles soient pâturées, récoltées ou cultivées. »

Tabler sur la complémentarité entre cultures et élevage

Le fumier des bovins associé aux quatre-vingt-dix tonnes annuelles de fiente de volaille achetées et épandues, à raison d’une tonne de fiente pour six tonnes de fumier, permettent de couvrir un maximum de surfaces en matière organique. « Nous sommes de ce fait en complète autonomie pour les fourrages et la paille. Les charges à l’hectare sont largement réduites par rapport à un système céréalier classique en lien avec l’introduction de prairies dans les rotations céréalières. Cela coupe les cycles, diversifie les espèces cultivées, allonge les rotations et nous fait économiser des frais en produits phytosanitaires », expliquent les frères.

S’agissant de la conduite du troupeau, le pâturage tournant est la règle. « Nous faisons tourner nos animaux au fil en paddock tous les trois jours, aidés de notre chien de troupeau et nous réalisons des fauches précoces », indique Maxime. Sur les deux dernières campagnes, les performances de croissance des veaux au pré, courant de fin mars à fin août, ont atteint 1 560 g/j, pour les mâles, et 1 100 g/j pour les femelles. Ces derniers exploitent le potentiel laitier des mères. Quand la disponibilité en herbe commence à diminuer à la mi-juin, les mâles sont complémentés avec un mélange fibreux. Les femelles continuent leur parcours sans aliment, mais sont privilégiées dans le choix des parcelles. Elles rejoignent des prairies multiespèces de bonne qualité, avec un équilibre entre graminées et légumineuses. En année de sécheresse, les vaches sont affourragées avec un enrubannage de bonne qualité pour les maintenir en état.

Pas de place pour les vaches improductives

« Le deuxième point fort de notre élevage concerne le suivi de la reproduction », estime Maxime. Plus de 90 % des vêlages sont réalisés sur deux mois. « Le fait de grouper les vêlages nous aide à la bonne gestion des lots et favorise la maîtrise technique notamment de l’alimentation », reprend-il. Pour améliorer encore la productivité de l’atelier viande, le Gaec des Petits Chézeaux passe progressivement au vêlage à deux ans.

Sur les cinq dernières campagnes, la moyenne des intervalles vêlage-vêlage (IVV) s’est établie à 371 jours et celle du taux de mortalité atteint 7,2 %. C’est un résultat qui satisfait l’objectif d’un veau par vache et par an. Au sein du cheptel, il n’y a pas de place pour les animaux improductifs. La gestion des réformes est très stricte. « Nous mettons environ 145 vaches à la saillie du 1er février au 15 avril pour au final en garder 130 pleines. Celles qui ne remplissent pas, durant cette période ou bien qui ont perdu leur veau, sont systématiquement engraissées », précise Maxime. Le poids de mise à la saillie est fixé à 450 kg et le taux de renouvellement du troupeau atteint 30 %. Au cours de la dernière campagne, 11 % des veaux nés étaient issus d’insémination artificielle (IA).

80 % d’animaux finis

À la recherche de toujours plus de performances techniques et d’optimisation économique, les deux frères ont identifié des marges de progression sur le volet génétique. « Nous avons mis en place une première pratique cet hiver : plutôt que de sélectionner une quarantaine de vaches pour l’IA, nous avons opté pour mettre à l’IA l’ensemble des vaches sur le premier cycle de février, les rattrapages étant ensuite assurés par les taureaux de monte naturelle présents sur notre exploitation », explique Alexis.

Depuis deux ans, « nous avons rejoint l’Association charolais pays de la Châtre (lire l’encadré), poursuit-il. Nous nous investissons dans ce collectif, avec l’objectif, à terme, de valoriser commercialement notre génétique par la vente davantage de reproducteurs via ce groupe. »

Côté débouchés, la majorité de leurs animaux sont actuellement finis et commercialisés à l’abattoir local privé Tricoche-Somevia, situé à Mérigny dans l’Indre. L’outil valorise de petits lots à chaque vente. « Auparavant, nous produisions des taurillons finis à l’âge de 14 à 15 mois pour un poids moyen de 450 kg de carcasse (kgc), mais avec les nouvelles modalités de la PAC, qui incite à garder les bovins au-delà de 16 mois, nous avons opté pour alourdir nos taurillons qui sont désormais abattus entre 16 et 17 mois, à 480 kgc », explique Maxime.

Des aménagements pour simplifier le travail

« Le troisième atout majeur de notre système repose sur le fait que nous sommes polyvalents sur l’ensemble des travaux. Nous cherchons tous deux constamment à optimiser les conditions de travail et les coûts de production », explique Maxime. « Notre priorité est de s’occuper de nos familles. Mon épouse va rejoindre le Gaec à mi-temps pour s’occuper des tâches administratives et développer l’activité de vente directe présente depuis dix ans sur la ferme », ajoute-t-il.

« Structurellement, notre exploitation comprend trois grands îlots groupés situés respectivement à 9 km (45 ha), 4 km (90 ha) et le site principal de 120 ha. Nous avons pris la décision de construire un bâtiment pour les génisses d’élevage sur le site central d’Arthon. Les rapatrier là nous a économisé des trajets hivernaux gourmands en temps et en carburant. Nous avons même supprimé un tracteur, une pailleuse, une dérouleuse ! » Pour ce bâtiment, les éleveurs ont opté pour un toit photovoltaïque dans l’optique de développer la production d’énergie. Au niveau économique, l’activité rentre dans les produits de l’exploitation. « Le projet est amorti sur 15 ans et paie ainsi la totalité des annuités de construction de l’ensemble du bâtiment », précise Maxime. Par la suite, le Gaec envisage de convertir les toits des deux autres bâtiments d’élevage pour générer une plus-value énergétique supplémentaire.

Le souci d’amélioration raisonnée sur tous les postes de production est une priorité chez les deux jeunes associés. Les voies futures vont s’ouvrir au fur et à mesure du développement de l’exploitation qui a déjà finalisé de beaux projets. Mais ce qui les inquiète pour demain, c’est l’avenir de la région. Si la fratrie participe à une belle dynamique avec ses confrères éleveurs de charolais, le manque de repreneurs dans les exploitations voisines leur fait craindre un retour aux friches ou la création de réserves privées de chasse… Une perspective qui ne les séduit pas mais qui n’entame pas leur détermination à aller de l’avant.

Chiffres clés

285 ha de SAU dont 110 ha de cultures (colza, blé, triticale, avoine, maïs grain) ;
175 ha de SFP dont 47 % en prairies naturelles ;
130 vaches charolaises ;
Chargement de 1,1 UGB/ha SFP ;
2 UMO dont 1,5 sur l’atelier bovin viande.
 
L’Association charolais pays de la Châtre (APC)
L’Association charolais pays de la Châtre (APC) © APC

Un collectif d’éleveurs investi dans la génétique

L’Association charolais pays de la Châtre (APC) est composée de treize élevages adhérents à Bovins croissance et en majorité au Herd Book charolais, pour 1 300 vaches au total. Ses membres ont pour objectif de mutualiser leurs moyens pour acquérir et mettre aux normes un taureau par an, doté d’un pedigree original, d’en utiliser la semence, puis d’en valoriser les produits. Les orientations génétiques prioritaires visent la facilité de naissance, les qualités maternelles et la croissance… pour que « l’élevage de bovins charolais soit facile, rentable et durable » selon la devise de l’Association. Des échanges fréquents ont lieu sur des thèmes techniques et économiques auxquels participe Alexis. Chaque année, l’APC organise une présentation et une vente à l’amiable de jeunes reproducteurs génotypés et d’animaux adultes issus des taureaux de l’APC. Le 14 septembre prochain, l’APC fêtera son 20e anniversaire à La Motte-Feuilly dans l’Indre, où se tiendra notamment un concours de pointage.

 
Jean-Baptiste Quillet, conseiller bovins viande et fourrages à la Chambre d’agriculture de l’Indre
Jean-Baptiste Quillet, conseiller bovins viande et fourrages à la chambre d’agriculture de l’Indre © Gilles Gapihan

« Chez les Amblard, rien n’est laissé au hasard »

​​​​« Chez Alexis et Maxime Amblard, le système fourrager constitue un point central dans la gestion de leur troupeau. La qualité des prairies, mais aussi leur valorisation via la pratique du pâturage tournant et la réalisation de fauches précoces, permet d’obtenir de très bons résultats techniques, avec une utilisation raisonnée des concentrés. La génétique du troupeau s’extériorise à l’optimum grâce à une alimentation parfaitement adaptée aux besoins des animaux. Des analyses de fourrages et des pesées régulières dans le cadre du suivi à Bovins Croissance aide au pilotage assidu de l’exploitation. Le Gaec des Petits Chézeaux ne laisse pas de place au hasard. L’anticipation leur permet de s’adapter au mieux au contexte économique, mais aussi climatique. »

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