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Denis Lerouge, directeur communication produit et promotion d’Interbev
Nous promouvons un « omnivorisme éclairé »

Les jeunes générations ne mangent pas forcément moins de viande que leurs aînés. Ils la consomment différemment et sont davantage « flexitariens » dans leur comportement d’achat.

Denis Lerouge codirige le département communication d’Interbev avec Valérie Mestre. Ensemble, ils ont piloté le déploiement de la dernière campagne de communication d’Interbev : « Aimez la viande, mangez en mieux », illustrée par un film publicitaire diffusé à la télévision, au cinéma et sur les réseaux sociaux et visible sur le site Naturellement-Flexitariens.fr
© I. Heeren/Pâtre

Interbev a récemment commandé une étude (1) afin de resituer la consommation de viande auprès des jeunes générations. Que vous a-t-elle appris ?

D. L. - "Ce travail ciblait tout particulièrement les millénials. Ce terme millénials apparu aux États-Unis à la fin des années 1990 désigne les personnes nées après 1982 qui ont eu 18 ans en 2000 ou après et ont donc actuellement entre 18 et 37 ans. En France, ils représenteront la moitié de la population active en 2020 et 75 % dans 10 ans. Leurs valeurs, leurs goûts et leurs comportements sont les clés pour comprendre les nouvelles dynamiques de consommation. Cette génération est celle de l’essor de la circulation, des biens, des idées et des personnes. Même s’ils ont gardé certaines références du monde dont ils ont hérité, ils créent de nouveaux repères, adoptent de nouveaux comportements, de nouvelles formes de consommation, lesquelles présagent d’une partie des évolutions sociales et culinaires à venir."

En quoi leurs habitudes de consommation sont réellement différentes de celles de leurs aînés ?

D. L. - "Leur métissage, leur nomadisme et leur vision du monde ont un impact direct sur leur alimentation. Chez eux, le repas traditionnel 'à la française' est remplacé par le plat unique ou une multiplicité de plats. Ils reçoivent souvent à l’occasion d’apéritifs dinatoires rapidement organisés où la table traditionnelle est souvent remplacée par la table basse, ou même par pas de table du tout ! Chez les millénials, l’habituelle 'cuisine de transformation' fait place à une 'cuisine d’assemblage' : sandwiches, salades et bols se développent. Cette génération cherche également à réduire ce que l’on appelle la dissonance cognitive, c’est-à-dire l’écart entre les valeurs auxquelles ils croient et leur comportement. Cela explique leur sensibilité à l’environnement, à l’éthique et au bien-être animal. Et ils ne se contentent pas de les vivre en secret. Ils affirment haut et fort leurs convictions et les partagent sur les réseaux sociaux. Ils vivent smartphone à la main et ils l’utilisent pour satisfaire de façon quasi instantanée leur besoin de consommer et de se restaurer."

La viande semble moins prisée par cette frange de la population. Quelle est votre analyse ?

D. L. - "On trouve au sein des millénials, une petite fraction de la population très concernée par le végétarisme, le véganisme ou l’antispécisme. Chez certains, la viande est radicalement remise en cause. Les chiffres régulièrement annoncés à ce sujet par certains médias vont souvent bien au-delà de ce qui est réellement constaté. À Interbev, on estime à 4 % le taux de végans et végétariens pour cette génération soit le double de l’ensemble de la population. Une partie de la population se déclare végétarienne dans les sondages mais ne l’est pas réellement. Ils pensent être végétariens car ils ne sont pas adeptes des côtes de bœufs saignantes mais mangent régulièrement des hamburgers ! La grosse majorité des millénials aime la viande. Elle reste un produit plaisir apprécié."

Ces évolutions ont donc été largement prises en compte pour la dernière campagne de communication d’Interbev ?

D. L. - "Mieux vivre, mieux consommer, mieux manger sont les préoccupations partagées par les millénials et de nombreux autres Français. Elles ont donné naissance au flexitarisme. Les flexitariens sont les omnivores du XXIe siècle. Ils mangent en conscience, c’est-à-dire en quantité raisonnée et privilégient autant le plaisir que la qualité, mais aussi l’équilibre et la variété, le local et la durabilité.

C’est la raison pour laquelle les professionnels de la filière élevage et viande française ont lancé un mouvement collectif, prônant les valeurs d’une filière responsable et en démarche de progrès. Elle est portée par la nouvelle de communication dont le slogan : « Aimez la viande, mangez-en mieux » est soutenu par la signature 'Naturellement flexitariens'".

(1) Étude conduite par Richard Délerins, anthropologue et Pierre Raffard, géographe visant à resituer la consommation de viande dans l’ensemble de la consommation alimentaire et l’évolution des comportements.

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