Bruno Colin, président de la filière bovine de Coop de France
« Nous n’allons pas en rester là pour l’aide à l’engraissement »
Réaction à l'annonce tardive du non-versement de l’aide à l’engraissement pour la campagne 2012.
Quelle est votre réaction à la modification de l’aide à l’engraissement de l’article 68 annoncée par le ministère ?
Bruno Colin - Nos adhérents ne comprennent pas et sont en colère. L’aide est notifiée à la Commission européenne. Une circulaire est parue en avril 2012 et a été transmise à la Commision. Comment est-il possible qu’on annonce fin novembre que les aides pour la campagne 2012 ne seront pas versées ? Les organisations de producteurs ont des contrats à respecter. Environ 5 000 éleveurs se sont engagés dans ce dispositif et ont déclaré cette aide PAC. Ceci est d’autant plus incompréhensible que le ministre délivre dans le même temps, des messages allant dans le sens de l’organisation de la filière et du développement de l’engraissement, qui est gage de maintien des emplois dans les régions. Rappelons qu’un élevage, c’est huit à dix emplois induits dans le reste de la filière agricole. Coop de France avec le SNIV-SNCP et la FNICGV, et à côté de la FNSEA, étudient les recours possibles sur cette aide de l’article 68. Nous n’allons certainement pas en rester là !La concurrence entre productions végétales et animales est rude en ce moment. Que faire ?
B. C. - La restructuration laitière s’accélère. Ceux qui arrêtent le lait, une fois sur deux, arrêtent toute forme d’élevage. Il faut trouver des solutions par l’accompagnement technique pour éviter ce phénomène, et les organisations de producteurs y emploient leur fonds de développement avec des aides à la trésorerie pour création ou reconversion d’ateliers. Mais vu l’ampleur du mouvement, il faudrait une aide d’État. Les organisations de producteurs s’emploient aussi à faciliter la transmission du capital pour la reprise des cheptels allaitants et la sécurisation des premières années.Vous avez travaillé sur la compétitivité, pour les élevages. Peut-elle progresser selon vous et comment ?
B. C. - On observe des écarts allant de 1 à 6 entre les élevages sur le critère du coût de production et de la productivité en kilos de viande vive par UGB. Une énorme marge de progrès technique existe et nous mettrons l’accent sur le développement de l’accompagnement technique des éleveurs. Il y a aussi des efforts importants à faire sur l’autonomie fourragère. Nous avons des races formidables, mais il faut exploiter en génétique les qualités maternelles d’une part, les indices de consommation et la croissance des animaux d’autre part.
Une meilleure compétitivité passe aussi par une meilleure relation avec l’administration. La réglementation sur les installations classées freine la création et l’agrandissement des ateliers, de même que le plafonnement du plan de modernisation des bâtiments d’élevage. En Allemagne, le pragmatisme prévaut et ces règles n’existent pas.
Le problème de compétitivité est aussi celui de l’aval. Avez-vous des idées à ce sujet ?
B. C. - Le dumping social avec le cas de la rémunération du travail dans les abat- toirs en Allemagne est toujours notre principal thème de travail. La sur-segmen- tation est également une problématique, même si cela est beaucoup plus aigu en aviculture. La multiplicité des marques et des signes officiels de qualité ne coûte- rait-elle pas plus que ce qu’elle ne rapporte à la filière bovine française ?