Moisson 2024 : « Nous essuyons entre 35 000 et 40 000 euros de pertes liées à l’excès d’eau »
David Moisan et son frère, à la tête d’un troupeau de cent soixante vaches charolaises en Loire-Atlantique, ont été, comme beaucoup d’autres, victimes de l’excès d’eau. Il leur manque 200 tonnes de paille pour passer l’hiver. Les éleveurs pointent la gestion catastrophique des marais au sein du Parc naturel régional de Brière, zone où ils exploitent habituellement 80 ha pour le pâturage de leurs bovins et la récolte de roseaux pour la litière.
« Nous avons dû attendre le 25 novembre pour commencer à semer le blé (10 ha) et le triticale (17,5 ha). Certaines parcelles ont été complètement noyées. Les soixante-dix hectares de terres drainées dont nous disposons n’ont pas suffi à sauver la mise. Nos sols hydromorphes, peu profonds et pour la plupart argileux, ont compliqué la donne. Nous n’avons pas pu rentrer dans les champs avant avril, et en laissant des traces. N’ayant pas suffisamment de fourrages en stock, nous n’avons pas eu le choix que de sortir les bêtes en pâture à la même période mais elles ont aussi largement contribué à abîmer les parcelles. Nous avons dû demander des dérogations pour laisser certains de nos terrains nus à cause de l’excès d’eau (1), où nous espérions implanter de l’orge au printemps mais sur lesquels nous avons fini par semer du maïs au 15 juin. Pour les terres qui s’en sont les mieux sorties, les rendements de blé n’ont pas dépassé 50 quintaux, contre 65 habituellement.
80 hectares de marais inexploitables
Au total, nous avons récolté 70 tonnes de paille alors qu’il nous faut 450 tonnes de litière pour passer l’hiver. Nous avons été contraints de commander déjà six camions (150 t). Nous avons même acheté du vieux foin chez nos voisins pour pallier le déficit. Quand le troupeau est en bâtiment, 15 tonnes de litière sont nécessaires par semaine alors ça chiffre vite. À 110 euros HT la botte, notre trésorerie va être plus que tendue. Mais ce qui est le plus préjudiciable, c’est l’incapacité totale à exploiter ou faire pâturer nos 80 ha de marais et bordures de marais, situés dans le Parc naturel régional de Brière. Les autres années, nous parvenions à récolter 250 tonnes de roseaux pour la litière des bovins, en complément de la paille.
Une association pour dénoncer la gestion des niveaux d'eau
Nous déplorons la gestion catastrophique de cette zone Natura 2000 qui, à cause de l’eau stagnante, voit sa diversité floristique s’éteindre à petit feu. Quand l’eau se retire, il ne reste que la vase. Pire, la jussie, plante invasive, est en train de coloniser le milieu. À l’échelle de notre exploitation, nous accusons 35 000 à 40 000 euros de pertes mais sur l’ensemble du bassin, qui comprend aussi le bassin-versant du Brivet, les dommages causés aux cinquante autres exploitations agricoles qui entretiennent ce territoire s’élèvent à 800 000 euros au total. Nous nous sommes regroupés au sein d’une association il y a quelques mois - pour défendre collectivement nos intérêts auprès des instances en charge de la gestion de l’eau et réclamer des indemnisations. »
Chiffres clés du Gaec Le Rocher Du Fresne
160 vêlages en race charolaise et système naisseur engraisseur ;
300 ha de SAU dont 30 ha de maïs (3 à 4 ha conservés en maïs humide pour l’engraissement des taurillons et le reste en ensilage de maïs), 35 ha blé tendre et de triticale, 80 ha de prairies naturelles humides (marais ou bordures de marais en zone Natura 2000) et le reste en prairies temporaires ;
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