Mélange avoine + pois ensilé et pâturé
Au Gaec des Gimeys, le mélange avoine + pois semé derrière céréales assure une partie des stocks et est régulièrement pâturé par les brebis ; plus occasionnellement par les bovins.
Au Gaec des Gimeys, le mélange avoine + pois semé derrière céréales assure une partie des stocks et est régulièrement pâturé par les brebis ; plus occasionnellement par les bovins.
La petite route qui mène au hameau de Gimeys longe cet automne une vaste parcelle de 23 hectares d’un seul tenant couverte d’une belle association avoine et pois. « Sur l’exploitation mon père a commencé à utiliser les dérobées en 1976 », précise Fabien Bidon, doyen des associés du Gaec. « On a un fort chargement. Il nous faut produire beaucoup de fourrages à l’unité de surface. Chez nous, les dérobées c’est impératif. Elles occupent des surfaces plus ou moins importantes selon ce qui a été récolté au printemps. » Tout ce qui n’est pas enrubanné ou ensilé est de toute façon utilisé pour prolonger la saison de pâturage. "On faisait à une époque des navets pâturés par les seules brebis. On est ensuite passé à une association avoine + pois + vesce et on se cantonne désormais à de l’avoine + pois compte tenu du coût de la semence de vesce. »
Épaisseur de terre parfois très réduite
Toutes les parcelles sont sur roche mère calcaire avec une épaisseur de terre parfois réduite qui les rend d’autant plus sensibles à la sécheresse, laquelle a sévèrement sévi ce printemps. « On fait en moyenne 60 q/ha en céréales. Nettement moins cette année. On était à 30 q sur l’orge de printemps. » Ces mauvais rendements ont forcément aussi concerné les fourrages de printemps. « Il nous manque 60 % des volumes habituels pour l’ensilage d’herbe et le foin. On ensile chaque année 40 ha de prairie naturelle, 20 ha de luzerne + dactyle et 16 ha de maïs. L’objectif est de faire quatre coupes sur la luzerne. Cette année, on en aura fait deux : une au printemps et la seconde à l’automne. » Pour le maïs, quelques orages tombés au bon moment ont sauvé la situation.
Début octobre, il restait 1,5 silo couloir à remplir soit 520 m3. « Compte tenu du bon développement de nos dérobées cette année, nous ne sommes pas trop inquiets. » Toutes ces surfaces ne seront pas nécessaires pour conforter les stocks. « Selon la météo de la fin de l’automne, avec ce qui ne sera pas fauché on espère faire pâturer une bonne partie de nos brebis jusqu’en décembre. Ce sera autant de fourrage économisé pour le reste du troupeau. »
Semer au plus tôt
Cette année, 60 hectares de dérobées ont été semés : 40 ha sur des parcelles du Gaec et 20 ha supplémentaires chez un voisin avec lequel Fabien Bidon et ses fils entretiennent de bonnes relations. « Dans tous les cas de figure, on sème les dérobées derrière une céréale à paille. On passe un coup de chisel puis semis à 200 kg/ha d’un mélange associant 110 kg de pois et 90 d’avoine. La semence nous est revenue à 40 euros/ha cette année. Nous réalisons nous-mêmes la préparation du sol pour un prix de revient avoisinant 40 euros/ha. Le semis est réalisé par une entreprise pour 35 euros/ha. On met ni engrais, ni fumier. On veut aller au plus vite. Pour se donner toutes les chances d’avoir un peu de rendement, il faut semer au plus tôt. On ensilera cette année notre grande parcelle de 23 ha en complétant au besoin sur d’autres. Des récoltes qui auront lieu mi-octobre de façon à maximiser le rendement qui devrait avoisiner 3,5 TMS/ha. On vise le stade avoine en lait et pois pâteux, on arrive généralement à ce stade à cette saison selon la clémence de l’automne. »
Ensilage et pâturage
La part restante sera valorisée sur pied par un lot de brebis. « On fait pâturer un lot d’environ 300 têtes. Pour cela, les parcelles en dérobées sont cloisonnées avec du grillage électrifié par petits paddocks d’environ un hectare en composant selon le contour de la parcelle. Elles y restent une petite semaine selon la densité du couvert. »
Certaines années les dérobées sont également pâturées par des bovins. Cela dépend de la localisation des parcelles. « Quand elles sont contiguës à une prairie permanente cela ne pose pas de difficultés. Quand ce n’est pas le cas on préfère ne pas tenter. Les années où on l’utilise pour les vaches, on met un lot d’environ 25 vaches suitées dans une prairie permanente donnant accès à de petits paddocks d’environ un hectare cloisonné avec un fil. Sur la prairie permanente contiguë à la dérobée, on laisse libre accès à un râtelier de fourrage grossier. »
La ration hivernale des femelles suitées (vaches et brebis) est habituellement composée d’un mélange des trois ensilages (prairie naturelle, prairie temporaire luzerne + dactyle et maïs) et d’une ration de concentré (orge, pulpe déshydratée, complémentaire) qui, elle, n’est pas incluse dans la mélangeuse de façon à ajuster au mieux la ration. Pour cet hiver, il est prévu que l’ensilage d’avoine + pois soit lui aussi inclus dans la mélangeuse dans des proportions qui, à quelques jours de la récolte, n’avaient pas encore été déterminées. À la dérobée fait suite un maïs, systématiquement ensilé, ou bien de l’orge de printemps sous laquelle est souvent semée une luzerne.
- 210 ha de SAU dont 111 ha de prairie permanente, 20 ha de prairie temporaire luzerne + dactyle, 16 ha de maïs ensilage, 11 ha de colza, 23 ha d’orge de printemps et 27 ha de blé.
- 130 vaches allaitantes (100 Blondes et 30 Limousines) avec vente des mâles en maigre alourdi, finition de toutes les femelles et mise en pension d’une partie des génisses et vaches suitées à la belle saison.
- 450 brebis
- Importante activité de vente directe
Bon fourrage pour des femelles d’élevage
« Avec de mauvaises récoltes de fourrage ce printemps, nous avons eu beaucoup de demandes de la part de nos adhérents pour mettre en place des dérobées après la moisson. Le mélange avoine + pois est très utilisé en Lorraine. Il est assez productif et avec des semences fermières limite les frais de mise en place. Récolté dans de bonnes conditions, le fourrage obtenu permet de composer l’essentiel de la ration de femelles d’élevage. 2017 a été dans le Grand Est une année idéale pour ces couverts. Il a plu au bon moment avec ensuite suffisamment de chaleur pour un bon développement de la végétation et une récolte qui a idéalement lieu 90 jours après semis, mais souvent un peu plus tôt. On ne peut pas prendre le risque de se faire rattraper par l’hiver surtout quand le stock de fourrages est déjà insuffisant. »