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L’objectif ambitieux de 40 % de label rouge à échéance 2023

Le plan de filière défini par Interbev dans le cadre des Égalim ambitionne de faire passer à 40 % l’offre de viande bovine labellisée à l’horizon 2023. Ce ratio était d’à peine 3 % l’an dernier !

Limousin junior a la particularité d’être la seule démarche label rouge permettant de valoriser des taurillons de race allaitante.  © F. d'Alteroche
Limousin junior a la particularité d’être la seule démarche label rouge permettant de valoriser des taurillons de race allaitante.
© F. d'Alteroche

Le label rouge pour tous ! Tel semble être l’objectif du plan de filière défini en 2017 par Interbev dans le cadre des États généraux de l’alimentation et confirmé en décembre dernier. L’ambition est de développer rapidement les tonnages de viande bovine commercialisés sous signes officiels de qualité et notamment en label rouge, en faisant passer la part de l’offre produite dans le cadre de ces démarches de 3 % l’an dernier à 40 % d’ici 2023. « Deux des objectifs clés de ce plan de filière sont de mieux satisfaire les consommateurs de façon à encourager la consommation de viande bovine française et assurer une rémunération correcte aux différents maillons de la filière et des marges suffisantes à chacun d’entre eux de façon à leur permettre d’investir », expliquait Annick Jentzer, responsable de la section bovine d’Interbev lors de la journée Grand angle viande organisée par l’Institut de l’élevage en décembre dernier. Un produit bénéficiant de ce signe officiel de qualité apporte une garantie organoleptique supérieure correspondant aux attentes d’au moins une partie des consommateurs. Le label rouge, c’est aussi un logo bien connu et à bonne notoriété. Il est utilisé pour de nombreux autres aliments (volaille, viande de porc, charcuterie, fruits et légumes…) et sa crédibilité est renforcée par un cahier des charges public validé par l’Institut national de l’origine et de la qualité (Inao) et homologué par arrêté interministériel.

 

Evolution de l'abattage de gros bovins abattus sous signes officiels de qualité et d'origine et en bio : Progresssion régulière du bio mais stagnation du label rouge

 

 

 

 

Génisses et jeunes vaches

Pour autant, l’objectif d’atteindre 40 % de l’offre semble pour le moins ambitieux. Les viandes label rouge concernent les seules races à viande et en dehors du label Limousin junior, les taurillons ne peuvent pas être labellisés. Compte tenu du nombre de plus en plus limité de bœufs produits à partir du cheptel allaitant, ce signe de qualité ne concerne donc désormais guère que les femelles. Même s’il peut y avoir de petites nuances selon chacun des différents labels gros bovins existants, les cahiers des charges prévoient un âge maximum pour ces dernières. Il est par exemple de 8 ans en race Charolaise et de 10 ans en Salers. Par conséquent, il permet de faire entrer dans ce créneau seulement une partie des femelles de boucherie et à condition bien entendu qu’elles aient été finies dans des élevages agréés et qu’elles correspondent aux exigences du cahier des charges sur les volets poids carcasse, conformation et état de finition. Qui plus est, tous les élevages allaitants sont encore très loin d’avoir été agréés pour produire génisses et jeunes vaches dans ce cadre. D’après les chiffres de l’interprofession, il n’y a actuellement guère plus de 15 000 élevages agréés pour la production d’animaux label rouge.

Contractualisation obligatoire

Par un arrêté paru au Journal officiel du 10 décembre, les ministres de l’Économie et de l’Agriculture ont étendu un accord interprofessionnel daté du 22 mai, lequel prévoit de rendre obligatoire la contractualisation pour les animaux finis en vue de produire de la viande bovine label rouge. Cette contractualisation obligatoire implique désormais un engagement de tous les maillons de la filière, depuis l’éleveur jusqu’au distributeur en passant par tous les autres différents maillons intermédiaires. Pour les quatre ans à venir, les opérateurs devront conclure des contrats (d’un an minimum) pour toute transaction de bovins vifs ou de viande bovine label rouge. L’accord interprofessionnel prévoit que « les opérateurs s’engagent mutuellement sur des volumes prévisionnels ». L’objectif est que le vendeur bénéficie ainsi d’une meilleure visibilité sur ses débouchés et que l’acheteur soit rassuré sur la régularité de son approvisionnement (qualité, quantité, modalités de livraison et prix). Pour l’amont, ces volumes devront être exprimés « en têtes d’animaux ou en nombre de carcasses entières ».

Pour ce qui est des tarifs auxquels ils seront réglés, Interbev fait simplement état de la volonté « de favoriser une juste rémunération de chaque acteur de la filière, et notamment des éleveurs, par la prise en compte d’un indicateur de coût de production dans la détermination du prix". La section bovine d’Interbev a d’ailleurs validé un accord interprofessionnel définissant la méthodologie de calcul de ces indicateurs de coût de production en filière bovin viande et les tient à la disposition des différents opérateurs. Ce même accord indique également que les « cocontractants s’efforceront d’optimiser le nombre d’animaux labellisés (pour l’amont) et le taux de la valorisation de la carcasse (pour l’aval)." Et de rappeler que la cocontractualisation vise à favoriser les relations commerciales entre les parties prenantes.
Ce nouvel accord est bien accueilli par la Fédération nationale bovine. « En label rouge, les pratiques commerciales du passé privant l’éleveur d’une juste rémunération n’ont donc plus lieu d’exister », souligne Bruno Dufayet son président dans un communiqué.

Révision du cahier des charges commun

La prochaine étape sera la révision du cahier des charges commun aux 12 labels rouges. Elle devait être soumise à l’Inao fin janvier. Les évolutions proposées visent à mieux répondre aux nouvelles attentes des consommateurs, telles que l’alimentation des animaux sans OGM et sans huile de palme, un minimum de 80 % d’autonomie alimentaire sur les exploitations produisant des gros bovins label, l’absence de traitement antibiotique durant les quatre derniers mois de vie des animaux et l’intégration progressive de Boviwell, un outil de diagnostic du bien-être animal en élevage. Initialement, cet outil avait été mis en place par McDonald’s principalement pour la production d’animaux de type laitier (vaches et taurillons) dont une partie des carcasses sont destinées à son unité de fabrication de steaks surgelés approvisionnant par la suite ses restaurants français.
L’évolution du cahier des charges vise également à permettre une meilleure gestion de la douleur en ayant recours à un analgésique ou à une anesthésie au moment de l’écornage ou de la castration.

Labelliser la quasi-totalité des femelles et bœufs allaitants

Proposer 40 % de viande label rouge signifierait labelliser pratiquement la totalité des bœufs et des femelles allaitantes produites par les éleveurs français.

Une des caractéristiques de la production française de viande de gros bovins concerne la sur-représentation des femelles et la part somme toute confidentielle des bœufs. Si on s’en tient aux tonnages et non au nombre de têtes, 64,3 % de la viande issue des outils d’abattages français provient de vaches et de génisses. Rien d’étonnant à cela dans la mesure où, qu’il s’agisse de broutards ou de veaux laitiers, une part conséquente des mâles nés dans les élevages laitiers et allaitants français sont exportés maigres pour être finis dans d’autres pays.
La part des réformes laitières est conséquente : 25,7 % des tonnages abattus en 2017. Autant d’animaux largement utilisés pour satisfaire une demande croissante en viande hachée mais qui ne sont éligibles à aucun label. Les seuls animaux susceptibles de correspondre aux exigences du cahier des charges d’un label rouge sont une partie des vaches et génisses allaitantes, quelques bœufs et une part très minime des jeunes bovins dans la mesure où seul le label rouge Limousin junior concerne des animaux de cette catégorie. Si pour l’année 2017 on fait le total des tonnages des catégories abattues susceptibles d’être labellisées (vaches viande : 333 400 tec, génisses viande : 146 000 tec, bœufs viande : 26 400 tec) et on le ramène au total des volumes de gros bovins abattus cette même année (1 259 000 tec), il faudrait que la totalité des trois catégories précédemment citées soient effectivement labellisées pour arriver au ratio de 40 % recherché. Un objectif vraiment extrêmement ambitieux !

Moins de 2 % des tonnages 2017 pour les viandes labellisées

Au cours de ces dix dernières années, les tonnages de viande bovine commercialisés dans le cadre des différents signes officiels de la qualité et de l’origine (SIQO) ont affiché une progression régulière. Ils ont approché les 50 000 tec l’an dernier. Cette progression est d’abord liée à la forte croissance des tonnages pour la viande bio. Évolution qui n’a fait que se confirmer l’an dernier. En revanche, les chiffres relatifs aux viandes commercialisées dans le cadre des différentes démarches Label rouge et AOP sont restés stables ces dernières années avec en 2017 moins de 2 % de la production française de gros bovins.

Les 12 labels rouges gros bovins

- Salers label rouge
- Bœuf fermier du Maine
- Bœuf fermier Aubrac
- Bœuf de Chalosse
- Bœuf gascon
- Bœuf Limousin label rouge
- Limousin junior label rouge
- Autre Pays de la Blonde d’Aquitaine
- Bœuf Charolais du Bourbonnais
- Bœuf de Bazas et Bœuf de nos campagnes
- Charolais label rouge
- Bœuf fermier de Vendée

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