Les productions animales se développent en Chine
Dans l’alimentation chinoise, les produits animaux prennent de plus en plus de place, la rendant très dépendante en produits agricoles.

"Les produits animaux prennent de plus en plus de place dans l’alimentation chinoise qui se rapproche du modèle européen. Leur disponibilité totale a été multipliée par deux entre 1960 et 2010. La production et la consommation de viande restent certes tournées vers le porc, mais les autres viandes - volaille, bovine et ovine – se développent également", a expliqué Jean-Marc Chaumet, lors d'une conférence sur la Chine au dernier Space à Rennes.
Des contraintes subsistent tout de même face au développement des productions animales, relatives notamment à la disponibilité et à la qualité des ressources en eau. Des problèmes sont également liés aux surfaces en raison de l’urbanisation, de la pollution des sols et du surpâturage. Côté foncier, les baux signés sur des périodes très longues – 30 ans – représentent à la fois un filet de sécurité pour les familles et un frein à l’agrandissement des exploitations. La Chine devient par conséquent de plus en plus dépendante en produits agricoles. Son solde commercial agricole et agroalimentaire est devenu déficitaire en 2004 et depuis, il ne fait que se creuser. Ainsi, ses importations sont en hausse exponentielle, c’est le cas notamment du soja, mais la Chine commence à se tourner vers des productions telles que le maïs et le blé, aussi bien pour l’alimentation humaine qu’animale. Aussi, la stratégie du pays est d’augmenter la production pour nourrir sa population, de se concentrer sur certaines productions et d’en chercher hors de Chine.
L’élevage allaitant peu rentable avec une structure complexe
Des évolutions ont eu lieu en élevages allaitants. La production s’est déplacée des zones pastorales aux zones de culture, induisant une dépendance plus importante aux céréales. C’est une filière en crise, peu rentable, avec une structure complexe, qui souffre du surpâturage et du manque de connaissances des techniques d’élevage. À l’opposé, la consommation en Chine de viande bovine se démocratise. Pendant longtemps, elle y était très limitée pour des raisons diverses mais convergentes. Dans un pays où les hommes sont nombreux et les terres rares, l’élevage de bovins n’était pas la solution la plus appropriée pour nourrir la population. Seules les zones pastorales pouvaient élever des bovins. Ils étaient cependant utilisés comme animaux de travail agricole, pour les cultures et gardés pour cet usage. Aujourd’hui, la consommation reste liée à l’évolution économique des ménages – 4 à 5 kilos par an et par habitant. Les urbains sont quatre fois plus consommateurs que les ruraux. La consommation reste surtout hivernale et a une place importante dans la restauration hors foyer. Cependant, la viande est jugée trop chère.
On constate par contre un déficit de viande qui se traduit par une hausse des cours depuis deux ans. Ainsi, les importations explosent ce qui profite principalement à l’Australie, l’Uruguay et l’Argentine. Parmi les produits bovins français, pour l’instant, seules les semences françaises sont autorisées à l’importation. Les animaux vivants et la viande sont interdits pour cause d’ESB depuis 2001. L’évolution de la production à l’horizon 2020 devrait rester faible, contrairement aux importations qui devraient fortement progresser. La dernière publication OCDE-FAO anticipe une très forte progression des importations de viande bovine, de 7 % par an, pour atteindre 190 000 tonnes en 2022 (soit environ 250 000 téc).
Chiffres clés
. 105 millions de têtes (dont 12 millions de bovins laitiers)
. 6,6 millions de tonnes (5,5 millions de têtes selon l’USDA)
. 13,5 millions d’exploitations dont 13 millions avec moins de 10 animaux