Les jeunes bovins au plus bas alors qu’ils devraient être au plus haut
Alors qu’ils devraient être au plus haut à cette période de l’année, les prix des taurillons finis sont au plus bas. Peu prisée des distributeurs et restaurateurs français, cette viande essentiellement destinée aux marchés d’exportation peine à trouver sa place dans un marché européen actuellement saturé.
Alors qu’ils devraient être au plus haut à cette période de l’année, les prix des taurillons finis sont au plus bas. Peu prisée des distributeurs et restaurateurs français, cette viande essentiellement destinée aux marchés d’exportation peine à trouver sa place dans un marché européen actuellement saturé.
Les JB allaitants produits en France sont majoritairement destinés à l’exportation dans la mesure où cette viande jeune et maigre est peu prisée des distributeurs et restaurateurs français. Un total de 266 800 tonnes équivalent carcasse de taurillons allaitant ont été produites l’an dernier par les différents outils d’abattage français et 59% de ces tonnages (156 800 tec) ont été consommés hors de nos frontières. Le prix de cette catégorie d’animaux qui peine manifestement à trouver sa place sur le marché français est donc avant tout lié à la bonne tenue des niveaux de consommation dans les principaux pays (Italie, Allemagne, Grèce …) où cette viande est exportée. Et dans le triste contexte de cette fin d’année 2020 où les habituels équilibres de marché ont été et sont toujours passablement perturbés par les confinements passés et en cours associés aux restrictions de circulation et à une activité touristique estivale là encore passablement perturbé dans les deux pays clé que sont l’Italie et la Grèce, le moins que l’on puisse dire et que les engraisseurs de ces jeunes mâles ne sont actuellement pas à la fête.
Année atypique côté cotation
Les prix des taurillons finis ne parviennent donc toujours pas à se ressaisir. C’est même l’inverse ! Plus on avance dans le calendrier et plus la conjoncture tend à se dégrader. Habituellement la fin de l’automne se traduit par une remontée progressive des tarifs qui atteignent classiquement leur plus haut niveau quelques jours avant Noël (voir graphique). Mais cette année, d’après les cotations FranceAgrimer, le JB U était à 3,77 €/kg C en semaine 46, soit un bon quinze centimes de moins comparativement aux tarifs de cet été, période où il est habituellement au plus bas ! « Les cours des JB restent au plancher, sous la pression du nombre de JB à sortir en France et d’un marché européen poussif. » indique l’Institut de l’élevage dans sa dernière note mensuelle de conjoncture. D'après le suivi hebdomadaire des sorties réelles et attendues de JB viande, qui s'appuie sur le modèle de prévision Modemo, le sur-stock de JB était estimé à 12 700 têtes à la fin de la semaine 45, soit un peu plus d’une semaine de retard d’abattage.
Fin de saison pour les barbecues italien
Les cotations italiennes -classiquement exprimées en €/kg vif et non en €/kg de carcasse comme en France- font elles état d’une très légère remontée des tarifs (voir graphique). Pour autant les chiffres demeurent là encore passablement déprimés si on les compare à ceux des années précédentes. « Les cotations des jeunes bovins à Modène, qui avaient entamé une hausse saisonnière poussive en fin d’été, stagnent de nouveau depuis 2 semaines. Le Charolais de 700-750 kg cotait 2,52 €/kg vif début novembre (-5% /2019 et -2% /2018) et le Limousin de 600-650 kg 2,75 €/kg (-3% /2019 et -1% /2018). Le marché semble plus fluide pour les femelles, dont les prix avoisinent ceux des années précédentes. » explique l’Institut de l’élevage. « En Italie, pour lutter contre la pandémie de Covid-19, les restaurants doivent fermer leurs portes à 18h depuis le 26 octobre. Les restaurants sont même complètement fermés depuis le 6 novembre – sauf pour la vente à emporter – dans les zones rouges (Piémont, Lombardie, Val d’Aoste et Calabre) et orangées (Sicile et Pouilles). La valorisation des pièces nobles se pose donc de nouveau, alors que la saison des barbecues chez les particuliers s’achève. » Les enseignes de la grande distribution ont donc mis en place des opérations promotionnelles pour écouler les différents muscles à griller. Ces pratiques permettent de stimuler les ventes mais se font au détriment de la valeur du produit. La viande des animaux engraissés et abattus en Italie est également confrontée à la concurrence des viandes provenant d’autres pays de l’Union Européenne (Irlande, France, Pologne…). Toujours très présentes sur le marché italien elles contribuent à rajouter de la pression sur les prix.
Le JB R espagnol à 3,38 €/kgC
Le contexte est également très lourd sur le marché espagnol. Dans ce pays, les niveaux de consommation de viande bovine sont modestes, un peu moins de 10 kg/habitant/an en 2018 d’après des statistiques de France Agrimer, et la viande bovine est surtout pour une bonne part consommée dans la restauration. Les différentes restrictions sur ces circuits depuis l’arrivée du coronavirus ont de ce fait passablement perturbées les volumes de viande consommés et contribuent à engorger le marché espagnol. Le prix des taurillons finis espagnols est donc lui aussi actuellement au plus bas. « Fin octobre, le JB R espagnol était à 3,38 €/kg (-2% /2019 et -8% /2018). Ces bas prix permettent à l’Espagne d’expédier davantage de carcasses sur le marché italien. L’Espagne exporte aussi encore des JB finis vers la Libye et l’Arabie-Saoudite, et des broutards vers la Turquie mais sans retrouver le niveau d’activité précédant le confinement. » précise l’Institut de l’élevage.