Élevage bovins viande : « avec mon bâtiment caillebotis et aire paillée, j’utilise 5 kg de paille par jour par vache suitée »
Dans le Puy-de-Dôme, Samuel Poughon a opté, il y a une dizaine d’années, pour un bâtiment avec un caillebotis sur 3,5 m de large et des aires paillées. L’économie réalisée sur la paille de litière est plus que jamais d’actualité.
Dans le Puy-de-Dôme, Samuel Poughon a opté, il y a une dizaine d’années, pour un bâtiment avec un caillebotis sur 3,5 m de large et des aires paillées. L’économie réalisée sur la paille de litière est plus que jamais d’actualité.







À Biollet dans les Combrailles, à 700 mètres d’altitude, Samuel Poughon ne cultive que sept hectares de céréales et n’en fera pas plus. « Sur les 110 hectares de SAU, je n’ai pas davantage de surfaces qui s’y prêtent et bien que j’applique une conduite assez technique, les rendements ne sont pas importants », explique l'éleveur. En 2024, année particulièrement défavorable, ce dernier a récolté 50 quintaux de triticale et beaucoup moins de blé.

Autant dire que pour ses 60 à 65 vêlages de charolaises avec vente de broutards, l’éleveur ne vise pas l'autonomie en paille de litière. Pour le choix de son bâtiment en 2013, la consommation de paille figurait au premier rang dans ses critères. « Je ne voulais pas d’une stabulation avec aire paillée intégrale », se rappelle l’éleveur. « J’ai étudié l’option d’un bâtiment couplant aire raclée et aire paillée. Mais ces aménagements nécessitaient de couvrir la fumière, car le bâtiment est à moins de 50 mètres d’une maison, et je ne voulais pas l'allonger d’une travée pour cela. Quant aux logettes, j’ai visité plusieurs bâtiments équipés, mais cette option ne me paraissait pas idéale pour les charolaises. » Samuel Poughon a retenu la solution d’un caillebotis sur fosse et aires paillées.
Vaches et taureaux sont bloqués au cornadis la matinée
Aujourd’hui, l’éleveur referait le même choix. « J’ai besoin de 200 bottes de paille par hiver environ. Cela représente en moyenne 5 à 5,5 kg de paille par jour et par couple mère-veau. » Il en achète la moitié. Cette année, le prix à la tonne affichait 110 euros rendu cour de ferme. Les vaches sont en bâtiment en général du 15 novembre au 20 avril.

Le seul aménagement auquel pense Samuel Poughon est de prévoir un accès par l’intérieur, au sec, aux cases à veaux. Aujourd’hui, il installerait aussi des bacs à eau collectifs où quatre ou cinq vaches peuvent boire simultanément quand on ouvre les cornadis après le repas et plus faciles à nettoyer.
Il n’y a pas de marche entre le couloir d’alimentation et le caillebotis. « C’est très pratique pour intervenir sur les vaches prises au cornadis. Je prends leur température pour détecter le vêlage, la vétérinaire fait des soins dans de bonnes conditions… » Entre le caillebotis et l’aire paillée, la marche est de 40 cm.
La fosse à lisier vidangée deux fois par an
Le matin à 7 h 30, les vaches et les taureaux sont bloqués au cornadis jusqu'à la fin de la matinée, ainsi qu'un moment le soir. Les veaux ne sont pas enfermés dans leurs parcs et sont très vite à l’aise dans les différents espaces du bâtiment. La monte naturelle se passe sans problème. Il faut surveiller les premiers jours les jeunes taureaux pour qu’ils ne s’essayent pas à des figures de style sur le caillebotis, mais ils comprennent très vite.
La fosse à lisier est vidée en janvier, puis mi-avril et certaines années une dernière fois mi-mai quand le bâtiment est vide. C’est une entreprise qui vient épandre, pour un coût d'environ 1 200 euros pour deux vidanges dans l’année. « Elle a du matériel très performant et nous ne sommes pas assez nombreux à avoir du lisier parmi mes voisins pour qu’une organisation en Cuma permette d’amortir du matériel d’épandage. C’est aussi du travail en moins », observe Samuel Poughon. C’est également une entreprise qui vient curer le fumier.
Le lisier de vaches allaitantes est épais : les courroies du malaxeur travaillent, l’éleveur doit gérer la formation d’une croûte en surface, mais jusqu’à présent le moteur électrique s’en sort. « J’évite que de la paille qui est soufflée depuis le couloir d’alimentation se retrouve sur le caillebotis. » Le malaxeur (qui peut être branché sur tracteur en cas de coupure de courant) fonctionne en mode manuel ou automatique 10 minutes par jour sur les heures creuses.
Lisier et fumier permettent de fertiliser les trois quarts des prairies de fauche et les céréales chaque année.
Fiche élevage
Éliane Gardon, conseillère bâtiment de l’EDE du Puy-de-Dôme et Thierry Roche conseiller énergie et modernisation à la chambre d’agriculture du Puy-de-Dôme avec Marie Freyssenet du service bâtiment de l’EDE du Puy-de-Dôme
« 40 à 45 % de paille économisée par rapport à une aire paillée intégrale »

« Nous relevons des économies de 40 % à 45 % de paille avec un caillebotis de 3,5 ou 4 m de large derrière la stalle d’alimentation, et le surcoût à la construction s’amortit sur quinze à dix-huit ans pour un bâtiment qui servira quarante ans.
Si la construction d’un bâtiment en aire paillée intégrale revient sur ces dernières années à environ 3 000 euros par couple vache-veau, avec une aire raclée et une fumière, l'investissement avoisine 3 500 à 4 000 euros (un surcoût qui s’amortit sur six à huit ans). Une solution avec caillebotis et aire paillée se chiffre à environ 5 000 euros la place. Ce ne sont que des ordres de grandeur, et le tarif varie en fonction de différents paramètres, notamment l’importance du terrassement.
Ce n’est pas impossible d’installer un caillebotis dans un bâtiment déjà fait, mais cela ajoute une forte contrainte sur la charpente. Le mieux est de concevoir la fosse et le caillebotis à l’origine.
Il est essentiel que les éleveurs distinguent le coût d’investissement et le coût de fonctionnement d’un bâtiment. On encourage les porteurs de projets à étudier les différents systèmes de logement, de comparer les options sur la durée et d’échanger avec d’autres éleveurs par des visites de bâtiments en fonctionnement. »