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Les huit dossiers sur lesquels la Fédération nationale bovine attend des réponses concrètes en soutien à l’élevage

En conférence de presse ce mardi 23 janvier, la Fédération nationale bovine (FNB) a exprimé, au nom des éleveurs, un profond « sentiment d’abandon et d’incompréhension vis-à-vis des politiques publiques ». À l’heure où les manifestations de mécontentement de la profession se multiplient en France, le syndicat majoritaire des éleveurs de bovins viande attend des « mesures extrêmement concrètes » en faveur de l’élevage.

SCEA Chaudesaigues dans l’Aude / élevage de gasconnes des Pyrénées
« Nous tirons la sonnette d’alarme depuis longtemps, mais le ras-le-bol de la profession prend une autre ampleur depuis quelques jours », évoque Patrick Bénézit, président de la Fédération nationale bovine, lors d'une conférence de presse ce mardi 23 janvier 2024.
© Justine Bonnery

« Il n’y a, à ce jour, pas un seul dossier pour lequel nous avons obtenu gain de cause », soulève Patrick Bénézit, président de la Fédération nationale bovine (FNB), à l’occasion d’une conférence de presse organisée ce mardi 23 janvier 2024 à Paris. La poursuite de la décapitalisation bovine, le manque chronique de rémunération, la baisse des aides Pac, les effets d’annonces répétés du gouvernement sans mesure de soutien effective et les incohérences totales des politiques publiques envers l’élevage sont autant de perspectives alarmantes.

« Nous tirons la sonnette d’alarme depuis longtemps, mais le ras-le-bol de la profession prend une autre ampleur depuis quelques jours », reprend Patrick Bénézit, avant d’ajouter : « Les agriculteurs qui se tiennent sur les barrages attendent des réponses extrêmement concrètes ».

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1 - Des prix payés aux producteurs qui ne sont toujours pas au niveau des coûts de production

Malgré l’embellie des cours du marché en 2022 et leur bonne tenue sur l’année 2023, les coûts de production pour les gros bovins ne sont toujours pas couverts. « Dans des perspectives de rémunération aussi incertaines, les éleveurs ne sont pas en capacité à se projeter et la décapitalisation du cheptel se poursuit », se désole Cédric Mandin, secrétaire général de la FNB.

Se basant sur les indicateurs de référence « coût de production et prix de revient » produits par l’Institut de l’élevage (Idele), le syndicat majoritaire pointe des « niveaux de prix payés aux éleveurs inférieurs de 50 centimes à 1 euro par kilo de carcasse, selon les catégories d’animaux ». « D’après les premières estimations de revenus sur l’année 2023, le résultat courant des élevages bovins viande avoisinerait les 16 000 €/UMO, reprend Cédric Mandin. Ramené aux nombres d’heures travaillées et aux capitaux investis, ce niveau de rémunération est très problématique. »

2 - Un non-respect des obligations contractuelles

Depuis la promulgation de la loi EGalim 2 en octobre 2021, le nombre de contrats tend à progresser mais leur application réelle sur le terrain laisse à désirer. « La contractualisation n’a de sens que si elle est à la hauteur des coûts de production. Or, on s’aperçoit que beaucoup de contrats, élaborés avec des indicateurs "maison", sont signés hors de ce champ », explique Guillaume Gauthier, secrétaire général adjoint à la FNB. Ce dernier rappelle que les indices de référence, actualisés par l’Idele tous les six mois, ont été validés par l’ensemble des familles interprofessionnelles.

Dans le cadre du "plan de reconquête et de souveraineté de l’élevage" réclamé par la FNSEA, la FNB et la FNPL, le gouvernement s’était pourtant engagé à contrôler le respect des lois EGalim, et notamment « la bonne application des obligations contractuelles ».

3 - Aucun plan d'action pour promouvoir une viande durable et de qualité en restauration collective

Autre déclinaison forte de la loi EGalim sur lequel l’État était attendu, l’obligation au 1er janvier 2024 pour la restauration collective de s’approvisionner à 60 %, en valeur, (et 100 % pour les établissements de l’État) en viande durable et de qualité. « Un autre dossier pour lequel nous n’avons obtenu aucune réponse », indique Patrick Bénézit.

4 - La grande déception de la mesure fiscale de provision de 150 euros par vache

Le coup de pouce fiscal promis par Bruno Le Maire lors du dernier Sommet de l’élevage n’a pas l’effet escompté, selon le syndicat majoritaire des éleveurs de bovins viande. Inscrit dans le projet de loi de finances (PLF) de 2024, ce dispositif octroie, certes, une « déduction fiscale par l’impôt sur le revenu mais il n’a aucun impact sur les charges sociales des éleveurs », dénonce le président de la FNB, qui parle d’une « demi-mesure ».

5 - Un soutien financier jugé incomplet pour faire face à la maladie hémorragique épizootique (MHE)

Après l’annonce des dernières modalités de soutien financier aux élevages impactés par la MHE, la Fédération nationale bovine juge le plan « incomplet », la prise en charge ne tenant pas compte des pertes indirectes sur le cheptel. Aussi, « aucun accord n’a été trouvé de manière coordonnée à l’échelle européenne pour permettre la circulation des animaux d’une zone réglementée à une zone indemne, sous garanties sanitaires. Si le marché des broutards est impacté, celui des reproducteurs est complètement bloqué », détaille Patrick Bénézit.

6 - Une assurance prairies inefficace

Dans le cadre de l’assurance prairies, pour permettre un recours efficace en cas de dysfonctionnement de l’indice satellitaire, la FNSEA et ses associations spécialisées de ruminants avaient demandé la validation rapide du déploiement d’un observatoire de suivi de la pousse de l’herbe basé sur un réseau de fermes réparties sur l’ensemble des territoires herbagers français. Or, « le nombre de fermes de référence annoncé ne couvrirait que la moitié des zones fourragères », fait savoir Patrick Bénézit.

7 - La baisse des aides PAC cause de sérieux dégâts sur les exploitations de bovins viande

Pour Cédric Mandin, secrétaire général, « la réduction draconienne des aides couplées animales dans le cadre de la nouvelle PAC, qui s’additionne à la baisse des écorégimes pour la campagne 2023 (17 € de moins ramené à l’hectare selon la FNB), sera tenue pour responsable, dans la quasi-totalité des cas, de la baisse des revenus des éleveurs de bovins viande ». D’où l’importance d’aller chercher de la valeur supplémentaire pour les éleveurs.

8 - Des positions « extrêmement ambiguës » vis-à-vis des accords de libre-échange

Concernant les accords de libre-échange finalisés et ceux toujours en cours, le syndicat pointe à nouveau « l’incohérence totale des politiques publiques européennes et françaises » et demande des prises d’engagements fortes pour que les agriculteurs français ne soient plus soumis à une concurrence déloyale, avec l’importation de produits qui ne respectent en rien les normes réglementaires imposées au sein de l’UE. « Nous souhaitons que les autorités françaises et européennes s’opposent à l’ensemble des traités, temps que des contrôles fiables et opérationnels n’auront pas été mis en œuvre pour garantir le respect des clauses miroir dans les pays tiers », indique Guillaume Gauthier, secrétaire général adjoint à la FNB.

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