Les élevages néo-zélandais façonnés par la demande
En Nouvelle-Zélande, la demande dicte la conduite des éleveurs bovins qui sont capables d’adapter rapidement leurs pratiques (race, croisement, finition…). Alors que le persillé est particulièrement prisé, l’Angus gagne du terrain. Le lissage des abattages, concentrés lors de l’automne austral, se met en place grâce à des incitations financières.
En Nouvelle-Zélande, la demande dicte la conduite des éleveurs bovins qui sont capables d’adapter rapidement leurs pratiques (race, croisement, finition…). Alors que le persillé est particulièrement prisé, l’Angus gagne du terrain. Le lissage des abattages, concentrés lors de l’automne austral, se met en place grâce à des incitations financières.
« Avant, nous élevions des Hereford, maintenant nous passons progressivement à l’Angus », lance Simon Wright, éleveur néo-zélandais de quelque 600 vaches allaitantes, 11 500 brebis et 2 500 biches. Le tout sur 4 500 hectares répartis entre deux sites. C'est ce qu'il a expliqué à un groupe de responsables professionnels lors d'un voyage d'études en Nouvelle-Zélande. Celui-ci a été organisé en février 2023 par Agrilys, agence de voyage spécialisée dans les voyages d’étude pour les professionnels de l’agriculture, et l'Institut de l'Elevage.
« Comme nous avons obtenu peu de gains de productivité ces trente dernières années, nous misons désormais sur la qualité en cherchant une viande persillée et des taureaux sélectionnés sur ce critère », explique-t-il. Autre changement de pratique : l’exploitant cherche désormais à commercialiser ses animaux relativement jeunes au printemps à partir d’octobre. Les raisons ? La demande du marché en marbling (persillage) et toute l’année.
Du persillé et encore du persillé
Une bonne note de persillé lui rapporte, par le biais de sa coopérative Alliance, des primes pouvant atteindre 1 $NZ/k géc (équivalent à 0,56 €) avec des paliers intermédiaires à 0,40 et 0,80 $NZ/k géc. Pour atteindre les plus hautes notes de persillé, la race Angus est particulièrement recherchée. Les plus persillés sont vendus sous le label Handpicked (littéralement cueillis à la main) après une maturation de 55 jours.
Côté restauration rapide, l’Angus est également plébiscité. « Ils veulent que les vaches soient noires », illustre Simon Wirght. Alors même s’ils ne sont pas valorisés dans les filières les plus haut de gamme, les bouvillons et les génisses Angus bénéficient d’une prime de 10 à 30 centimes $NZ/k géc.
À la Willesden Farms Ltd, l’Angus est également privilégié. Matt Iremonger, son manager explique que le programme Angus Pure lui permet de vendre ses génisses et bouvillons finis en premium avec un bonus de 300 $NZ par animal comparé au prix du marché, soit près de 165 euros. La génétique est au cœur de sa stratégie. En plus de sélectionner les taureaux pour leur persillé, ses animaux sont génotypés lors du bouclage pour un coût de 50 $NZ par animal.
Lissage des périodes d'abattage sur l’année
Les deux producteurs élèvent leurs animaux sur des terres collineuses. Ils sont ensuite envoyés sur un autre site, dans la plaine du Canterbury aux parcelles de meilleures qualités, pour être engraissés à l’herbe. La production néo-zélandaise basée sur l’herbe est très saisonnalisée. Les abattages sont concentrés à la sortie de l’été (de mars à juin) tant pour les races à viande que pour les réformes laitières.
« À cette période, les capacités de découpe et de réfrigération sont saturées », explique Danny Hailes, General Manager Livestock & shareholders Services pour la coopérative Alliance. Pour inciter les éleveurs à programmer leurs apports toute l’année, l’entreprise a mis en place des primes spécifiques pour des sorties précoces en hiver austral. Les disponibilités en herbe ne suffisent pas et il faut alors complémenter la finition.
« À l’automne, l’afflux de vaches laitières alourdit le marché. Les prix peuvent descendre très vite : de 20 à 30 centimes $NZ/kg carcasse par semaine [0,11 à 0,16 c d’euros, NDLR] », corrobore Simon Wright. Pour une génisse, les prix peuvent ainsi fondre de 6 $NZ à 3,8 $NZ/kg carcasse. L’éleveur veut désormais cibler le marché de printemps austral « où les prix sont les meilleurs ». Chaque semaine il reçoit de sa coopérative les grilles de prix lui permettant de piloter ses abattages.
Le saviez-vous ?
C’est cette année que l’exportation d’animaux vivants par transport maritime devient interdite en Nouvelle-Zélande. L’exportation d’ovins vivants par la mer étant déjà proscrite depuis 2003, ce renforcement législatif concerne essentiellement l’élevage bovin et les 60 000 animaux expédiés en moyenne chaque année.