Le soja brésilien pose questions
Les incendies qui ont eu lieu ces dernières semaines au Brésil ont incité Emmanuel Macron à faire évoluer sa position sur les accords en cours entre l’Union européenne et les quatre pays du Mercosur. Plus de 80 000 feux de forêt ont eu lieu au Brésil depuis le début de l’année. La plupart sont volontaires et liés à la volonté de faire progresser les surfaces agricoles. Le soja est une des principales cultures concernées. Le Brésil en est l’un des premiers producteurs et exportateurs mondiaux. D’après un rapport de l’USDA, ce pays a exporté l’an dernier 83,6 millions de tonnes de soja, soit 22,6 % de plus qu’en 2017. Les Chinois sont de très loin leur premier client. Ils ont importé l’an dernier 68,8 millions de tonnes de soja brésilien.
D’après les statistiques du Snia, la France a importé 2,8 millions de tonnes de tourteaux de soja en 2018, lesquels provenaient principalement du Brésil. « La France n’a pas le pouvoir de faire infléchir le Brésil » pour freiner la déforestation de l’Amazonie, a estimé fin août François Cholat, président du Snia lors d’une conférence de presse à Paris. « En quinze ans, nous avons divisé par deux notre consommation de soja, qui a été remplacée par du colza et du tournesol », a rappelé Jean-Michel Boussit, vice-président de ce même syndicat.
« Le soja, on en a besoin aujourd’hui en Europe », a souligné Emmanuel Macron dans son interview fin août sur France 2. Le chef de l’État a reconnu une « part de complicité » de la France dans la déforestation de l’Amazonie, via nos importations. Et d’appeler de ses vœux à « recréer la souveraineté protéinique de l’Europe ». Ces propos n’ont pas manqué de faire réagir les acteurs de la filière oléoprotéagineuse qui attendent désormais que les pouvoirs publics dévoilent le contenu de leur plan de relance. « Si nous avons pris nos responsabilités en ayant déjà investi massivement dans l’essor des protéines végétales, il est indispensable d’avoir maintenant le soutien des pouvoirs publics. Alors maintenant, passons aux actes ! », estimait Arnaud Rousseau, président de la Fédération nationale des oléoprotéagineux.
F. A.