Energie
Le petit éolien à la recherche d'un vent porteur
Le petit éolien est pour l’instant peu rentable. Tout projet mérite une solide réflexion pour s’assurer qu’il est réalisé dans les conditions les plus favorables car il est très facile de se tromper.
Les tergiversations parlementaires concernant l’énergie éolienne depuis l’automne dernier sont assez révélatrices de la confusion qui règne dans ce secteur énergétique. Des dispositions législatives desti- nées à lever certaines contraintes jugées excessives pour le grand éolien ont fait plusieurs allers et retours entre l’Assemblée nationale et le Sénat avant d’être votées définitivement en mars. Ce texte supprime notamment les zones de développement éolien (ZDE). Seuls les projets développés dans ces zones pouvaient prétendre à l’obligation de rachat de l’électricité par EDF.
De plus, jusqu’ici, les petits aéro-générateurs, qui intéressent particulièrement le monde rural, ont été les grands oubliés des incitations au développement des énergies renouvelables. Le petit éolien concerne des aérogénérateurs de moins de 36 kW, la puissance en-deçà de laquelle le raccordement au réseau de distribution électrique basse tension est relativement facile. La suppression des ZDE, qui devrait permettre d’appliquer l’obligation de rachat sur tout le territoire, « ne changera rien » pour le petit éolien, affirme néanmoins Jean-Marc Noël, président de l’association française du petit éolien (AFPPE). Le tarif de rachat de l’électricité, d’environ 8 centimes d’euro le kWh n’est pas suffisant pour rentabiliser des petits aérogénérateurs par la vente d’électricité.
« Développement possible dans le domaine agricole »
Dans le cadre du débat sur la transition énergétique, l’AFPPE a soumis aux instances décisionnaires toute une série de revendications pour « faire reconnaître le petit éolien ». Elle demande l’instauration d’un tarif de rachat se situant entre 20 et 25 centimes qui permettrait un retour sur investissement des petits aérogénérateurs au bout de 12 à 15 ans.«S’il y a un développement possible du petit éolien dans notre pays, c’est dans le domaine agricole parce que les agriculteurs détiennent le foncier et des espaces de dimension suffisante pour que ça puisse fonctionner », estime Jean-Marc Noël.
L’Ademe (Agence de l’environnement et de l’énergie), qui semble croire à ce possible développement, apporte son soutien à l’AFPPE dans sa décision « d’instaurer une démarche de qualité pour le petit éolien ». Notamment pour mettre en place une certification des aérogénérateurs, sur le site expérimental de l’Aude (Sepen). Une labellisation des installateurs est également envisagée.
« En éolien, on peut se tromper facilement »
Ce cahier de doléances des professionnels du petit éolien souligne en creux les difficultés actuelles de la filière. La régle- mentation inadaptée ne favorise pas la mise en œuvre de projets rentables. Mais, si une poignée d’opérateurs sérieux se bat pour faire vivre le petit éolien, les petits aérogénérateurs sont aussi victimes d’entreprises peu scrupuleuses qui vendent et installent des machines en dépit du bon sens et des normes techniques. En particulier, du très petit éolien implanté en zones habitées qui s’avère souvent calamiteux et contre-productif.
« En éolien, on peut se tromper facilement. C’est beaucoup plus risqué en termes de production d’énergie que le photovol- taïque », prévenait Olivier Krug, consultant, lors d’une récente formation organisée par la chambre d’agriculture de l’Aveyron. Si, aujourd’hui, le petit éolien reste loin de la parité avec le réseau, à terme cependant, le renchérissement annoncé du prix de l’électricité et, peut- être, une réglementation plus favorable pourraient lui redonner des couleurs.