« Le marché de la viande bovine bio est dégradé »
Philippe Sellier, président de la commission bio d’Interbev et éleveur de vaches allaitantes en Normandie, fait le point sur le marché de la viande bovine biologique, en pleine perturbation, pour la première fois après vingt ans de croissance.
Philippe Sellier, président de la commission bio d’Interbev et éleveur de vaches allaitantes en Normandie, fait le point sur le marché de la viande bovine biologique, en pleine perturbation, pour la première fois après vingt ans de croissance.
Comment a évolué la consommation de la viande bovine biologique ?
Comment peut-on expliquer cette décroissance ?
D’autre part, l’agriculture biologique subit de plein fouet la concurrence de la prolifération de marques privées, de labels, prônant un petit plus sur la protection environnementale mais qui sont loin de correspondre à la bio et à son cahier des charges. Depuis la Covid-19, les gens achètent également davantage local. Bio et local ne s’opposent pourtant pas !
Quel impact sur les abattages, de cette forte baisse de la demande et de la canicule de cet été ?
Du côté de la sécheresse, les exploitants ont anticipé la réduction du cheptel pour assurer leur autonomie fourragère estivale.
Une bonne partie de la viande bio est vendue sous forme de hachés, n’est-ce pas un frein à la valorisation de la viande des carcasses ?
Une démarche est faite par des opérateurs pour essayer de développer la valorisation bouchère des carcasses. On a l’exemple d’Unébio qui a repris des boucheries pour essayer de développer ce créneau-là. Il y a des opérateurs qui peuvent essayer de donner une plus-value pour des animaux de qualité de bouchère. Après cela dépend beaucoup du lieu de la valorisation. Globalement, 56 % de la viande bio est commercialisée en GMS, lieu où la viande hachée est largement plébiscitée.
Est-ce que des choses sont mises en place pour faire face ?
Au niveau politique, nous devons insister auprès des élus locaux pour que les lois Egalim 1 et 2 soient respectées. Elles imposent à la restauration collective de proposer 20 % de produits bio mais à peine 6 % en viande sont atteints.
On espère que la situation ne va pas perdurer. Toutefois, elle n’est pas spécifique à la viande bio mais touche tous les produits bio, les produits laitiers, les fruits et légumes…