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Le Gaec des Acajous s’oriente sur le veau rosé bio

La production de veaux rosés est analysée comme un bon compromis pour valoriser les mâles au Gaec des Acajous. Finir quelques JB après un second passage à l’herbe a été testé l’an dernier.

Depuis son installation en conventionnel en 2002, puis sa conversion en bio en 2010, Frédéric Mallet a produit à partir des veaux nés sur son exploitation pratiquement toutes les catégories de bovins mâles possible. « Pour l’instant je n’ai pas produit de bœufs, mais je m’interroge ! ». Lorrain de naissance, fils d’éleveur, installé en individuel hors cadre familial aux confins du Berry et du Bourbonnais, Frédéric Mallet avait racheté le cheptel Salers présent sur l’exploitation où il s’est installé à Épineuil-le-Fleuriel, dans le Sud-Est du Cher. « Les premières années, j’ai continué en agriculture conventionnelle le système naisseur existant avec 90 vaches sur 137 hectares. Les mères étaient pour partie conduites en croisement et orientées vers une production de broutards et laitonnes. La finition concernait les seules réformes. »

En 2007, l’arrivée de la FCO et les contraintes liées à cette maladie pour le transport l’incitent à finir ses mâles en JB. La conversion en bio à compter de 2010, deux ans après l’installation de Mylène Pierrard, sa compagne et la création d’un Gaec ont profondément modifié les orientations de production avec en particulier la décision de finir sous la mère une partie des veaux nés sur l’exploitation. Les premiers ont été vendus en 2012. Cela concernait des croisés Salers et quelques Aubrac dans la mesure où les premières reproductrices de cette race ont été achetées en 2006.

Des broutards aux veaux sous la mère

« Depuis cette conversion bio, on produit une trentaine de veaux de lait par an. La plupart sont vendus autour de 150 kg de carcasse. Désormais notre cheptel allaitant est essentiellement composé d’Aubrac. Cette race convient bien. Les carcasses sont souvent classées U et grâce aux tantes laitières, la plupart sont classées 3 en note d’état. » Peu après la mise en place de cette production, les deux associés ont posé les premiers jalons pour créer de toutes pièces un troupeau laitier, lui aussi bio bien évidemment. Projet qui a véritablement pris corps en 2015 et s’est simultanément traduit par une progression des surfaces exploitées. « À côté de la demande en lait bio, tant qu’à subir l’astreinte de la tétée on pouvait aussi passer un peu de temps à traire ! », souligne avec humour Frédéric Mallet en précisant plus sérieusement que créer cet atelier dans une zone peu « laitière » où la tendance est à la spécialisation vers les productions végétales correspondait surtout à la volonté de ne pas mettre tous les œufs dans le même panier. « Dans la tendance flexitarienne du moment, on a souhaité se diversifier. Nous avons actuellement 50 laitières. On s’oriente vers la « brune originale » avec, comme pour les allaitantes, le souci de maximiser la part de l’herbe dans leur alimentation. »

Du veau sous la mère au veau rosé

Si les veaux sous la mère continuent d’être d’actualité, Frédéric Mallet reconnaît que le Gaec a tendance à produire davantage de veaux rosés type veaux d’Aveyron. Cela permet de les vendre plus lourds, jusqu’à 180 kg à 200 kg de carcasse. Même si leur viande est d’une couleur plus soutenue que celle de veaux de lait, avec un prix au kilo inférieur, le prix à la tête ne joue pas en leur défaveur ramené au temps de travail. « Ces derniers mois, ces veaux rosés lourds nous ont été réglés sur une base de 6,5 euros du kilo carcasse autour de 7 mois soit environ 1 200 euros/tête. Chiffre à comparer avec une moyenne d’un peu plus de 1 000 euros/tête pour des veaux de lait (140 kg à 7,5 euros) vendus à 5 mois. »

Veaux sous la mère ou veaux rosés, ils sont vendus à Sicaba, dans l’Allier. « Il est probable que si la demande perdure, on s’oriente davantage vers le veau rosé. C’est moins compliqué à produire et moins gourmand en temps de travail. De plus, nous ne pouvons pas loger simultanément plus de 15 veaux dans le bâtiment utilisé pour les veaux sous la mère. » Aller chercher les vaches en pâture, faire téter les veaux puis ramener les mères au pré, représente pratiquement trois heures de travail. « Le veau lourd rosé complémenté en grain et en foin est moins prenant et il est aussi peut-être davantage dans la philosophie du bio. »

Jeunes bovins repassés à l’herbe

Avec de nombreuses parcelles sur sols sableux en bordure du Cher, l’essentiel du cheptel allaitant est hiverné en plein air. À l’automne ou au printemps, l’essentiel des vêlages ont lieu en pâture. En 2017, la plupart des veaux nés au printemps n’ont pas été conduits en veau de lait. Ils ont suivi leur mère à l’herbe comme n’importe quel broutard. « J’ai voulu les finir avec une conduite proche de celle des taurillons d’herbe, telle qu’elle est pratiquée sur la zone Aubrac pour des mâles semis finis destinés à l’Italie en début d’été. » Le lot se composait de 14 veaux nés en avril et sevrés fin novembre dans une gamme de poids comprise entre 250 et 340 kilos. « Je les ai hivernés en stabulation avec foin à volonté et 1,5 kilo de méteil/tête/jour. Remis à l’herbe mi-mars sur des pâtures qui démarrent de bonne heure, je les ai rentrés début juillet compte tenu de la sécheresse et de la canicule. » En bâtiment, ils ont eu un enrubannage de qualité bien ordinaire en libre accès complété par quatre kilos de méteil (triticale-avoine-pois) par tête. Ils en ont mangé une moyenne de 600 kg/tête. Abattus en octobre à une moyenne de 325 kilos de carcasse et réglés 4,05 €/kg, le résultat n’est pas concluant avec des animaux trop légers et insuffisamment finis. « J’aurai dû monter à 7 kilos de méteil par tête. Mais la campagne fourragère a été pénalisée par la sécheresse. Des veaux rosés correctement finis vendus à 7 mois auraient été vendus pratiquement le même prix ! » En tablant sur une année climatiquement plus favorable, l’expérience devrait cependant être réitérée cette année. Début février, une dizaine de broutards nés en avril 2018 étaient prêts à être remis à l’herbe.

L’élevage est le complément des cultures

Pour accroître la part des surfaces consacrées aux prairies temporaires et aux cultures, certaines parcelles ont été drainées. La « rotation idéale » est de trois à quatre ans de prairie multiespèce, suivie d’un blé puis d’une avoine puis d’un méteil (triticale-avoine-pois-féverole) avant le retour de la prairie. Blé et avoine sont vendus pour l’alimentation humaine. Seul le méteil est utilisé par les bovins.

« Un ruminant est d’abord fait pour valoriser des fourrages. En bio, faire consommer du blé panifiable ou de l’avoine pouvant être vendue pour faire des flocons pour le petit-déjeuner est d’abord un non-sens économique », souligne Frédéric Mallet. Faire consommer des céréales pour produire de la viande n’est pas non plus dans l’éthique de l’agriculture biologique où les ruminants sont analysés comme utilisateurs de fourrages et sous-produits non utilisables par l’homme. La présence de productions animales est en revanche quasi incontournable pour une exploitation bio. « Elles permettent un précieux apport de fumier pour la partie cultures et donnent toute leur justification aux prairies intégrées dans la rotation. Je considère la partie élevage comme le 'moteur ' de la partie culture. »

En chiffres

295 ha de SAU majoritairement consacrés à l’herbe et aux cultures fourragères
50 vaches laitières
90 vaches allaitantes (deux tiers des vêlages en octobre novembre et un tiers en mars avril)
3 associés et 1 salarié

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