La Turquie, invitée d’honneur à Cournon
À l’occasion du prochain Sommet de l’élevage, la Turquie sera le pays mis à l’honneur. En organisant, mi-avril, une mission en Turquie, ses organisateurs ont voulu mieux connaître les filières d’engraissement existant dans ce pays.
À l’occasion du prochain Sommet de l’élevage, la Turquie sera le pays mis à l’honneur. En organisant, mi-avril, une mission en Turquie, ses organisateurs ont voulu mieux connaître les filières d’engraissement existant dans ce pays.
« Les tarifs des broutards français sont certes supérieurs en moyenne de 25 % aux broutards brésiliens ou australiens, mais le différentiel est atténué de dix points si on raisonne en termes de productivité et de qualité. Les dix points supplémentaires pourront être gagnés, si les critères contraignants pour l’export, dont la quarantaine, sont réduits », estimait Bruno Dufayet, président de la Fédération nationale bovine, à l’issue d’un déplacement en Turquie organisé par le Sommet de l’élevage en avril dernier. « Ce qui pose problème aujourd’hui, c’est le nouveau certificat sanitaire qui impose, en plus du vaccin, filets de sécurité anti-moustiques et quarantaine de 60 jours. Nous considérons que le vaccin contre la FCO avec ses deux injections protège. Il apporte une vraie couverture qui ne nécessite pas d’autres contraintes », poursuit Bruno Dufayet. Et de rappeler qu’avec les italiens, le commerce se fait sans encombre simplement avec la vaccination. « Si on veut faire du volume avec la Turquie, il est indispensable de lever tous les points bloquants pour les exportateurs français et qui sont générateurs de surcoûts », estime Jacques Chazalet, président du Sommet de l’élevage.
Éclaircir le protocole sanitaire
Osman Civil, vétérinaire et président de l’association des producteurs de viande rouge de Turquie, et lui-même directeur d’un atelier d’engraissement de 3 000 places près d’Izmir (Dikili Ciftligi), le reconnaît lui-même : « que ce soit en termes de poids acceptés (à priori jusqu’à 350 kilos) ou de conditions de vaccination, nous n’avons pas le même niveau d’information côté français ou turc ». Le cahier des charges du protocole sanitaire entre la France et la Turquie mérite donc à ce stade d’être affiné. Consultant influent au ministère de l’Agriculture turc, Osman Civil a tout intérêt à ce que le commerce reprenne entre les deux pays. Il a déjà travaillé avec la France, et c’est avec un contingent d’Aubracs français qu’il a obtenu l’un de ses meilleurs résultats. Venus pour la plupart au moins une fois au Sommet de l’élevage, les principaux acteurs de l’élevage bovins viande turc comptent bien y revenir dans quatre mois. D’ici là, ils ont espoir que les autorités des deux pays aient trouvé un accord sur un protocole sanitaire plus favorable aux deux parties. Ils espèrent de même que l’annonce par le président Recep TayyipErdogan d’élections présidentielles et législatives anticipées le 24 juin prochain, ne vienne pas se traduire par de nouveaux aléas géopolitiques entre les deux pays, lesquels pourraient contrarier et perturber la mise en place de nouveaux accords sanitaires indispensables au rétablissement des exportation de maigre français vers les ateliers turcs.
Bruno Dufayet, président de la Fédération Nationale Bovine
Un débouché potentiel de 200 000 têtes par an pour le maigre français
Le potentiel d’export de broutards français vers la Turquie, c’est environ 200 000 animaux. Au total, le besoin turc en animaux vivants est de l’ordre de 500 000 à 700 000 têtes par an. La Turquie, c’est clairement le potentiel de l’Italie. Mais prenons garde que, sous couvert de raisons sanitaires, les sociétés d’export de bétail maigre, globalement très liées aux Italiens, ne verrouillent pas les échanges entre la France et la Turquie pour freiner une éventuelle montée des prix.
Jacques Chazalet, président du Sommet de l’élevage :
Bâtir un partenariat solide avec la Turquie
La Turquie a accepté d’être l’invitée d’honneur du prochain Sommet de l’élevage. Ce partenariat est le fruit d’un travail de fond que nous menons, depuis plusieurs mois, auprès des autorités locales, des ministères de l’agriculture français et turc, et des organisations professionnelles des deux pays. La filière bovine française a l’opportunité de bâtir avec ce pays un partenariat solide. Les engraisseurs turcs ont goûté aux races françaises, ils ont vu la différence par rapport aux autres provenances et très logiquement veulent pouvoir y revenir !