MHE : tout savoir sur la maladie hémorragique épizootique, un virus proche de la FCO
Cet automne, la maladie hémorragique épizootique (MHE) est arrivée en France. Que sait-on de cette maladie émergente ? Réponses à toutes vos questions avec des spécialistes de GDS France et de l’Anses.
Cet automne, la maladie hémorragique épizootique (MHE) est arrivée en France. Que sait-on de cette maladie émergente ? Réponses à toutes vos questions avec des spécialistes de GDS France et de l’Anses.
- Qu’est-ce que la maladie hémorragique épizootique ?
- Quels sont les symptômes de la MHE ?
- Comment se transmet la MHE ?
- Quels sont les moyens de lutte contre la MHE ?
- Est-ce une maladie saisonnière ?
- Cet été, il y a aussi eu de nouveaux cas de FCO. Faut-il y voir un lien ?
Qu’est-ce que la maladie hémorragique épizootique ?
La MHE, c’est une maladie virale infectieuse, non contagieuse, à transmission vectorielle. Elle a été découverte aux États-Unis en 1955 sur des cerfs de Virginie. Elle touche les cervidés et les bovins. Les petits ruminants peuvent être porteurs de la maladie mais peu de cas symptomatiques ont été détectés jusqu’à présent chez ces derniers. Cette maladie n’est pas transmissible aux humains et n’impacte pas les denrées alimentaires. Il existe sept sérotypes de ce virus.
La MHE, une maladie réglementée au niveau européen avec déclaration obligatoire des foyers
Elle s’est répandue en Asie, en Afrique, jusqu’à atteindre l’Europe, après des premiers foyers décelés en Italie et en Espagne en 2022, puis en France en septembre 2023. La maladie hémorragique épizootique est une maladie réglementée au niveau européen (catégories D + E), avec déclaration obligatoire des foyers et restriction des mouvements intracommunautaires.
Quels sont les symptômes de la MHE ?
Causés par un virus de la même famille que celui de la fièvre catarrhale ovine (FCO), les symptômes de la MHE sont très similaires : fièvre, amaigrissement, ulcères sur les muqueuses, prolapsus lingual, difficultés respiratoires, boiteries… Il semble que la mortalité soit faible, autour de 1 %.
Quelles conséquences sur la reproduction ?
Il existe encore beaucoup d’inconnues sur ses conséquences, par exemple sur la reproduction même si les retours d’expériences d’autres pays touchés ne semblent pas alarmants. « Dans les élevages touchés, il y a très peu d’avortons, note Stéphan Zientara, directeur du laboratoire de santé animale de l’Anses. Nos collègues tunisiens, confrontés à la maladie depuis 2006, n’ont pas noté de problème particulier de reproduction ».
Comment se transmet la MHE ?
La contagion de la MHE ne se fait pas d’animal à animal, mais par les piqûres de moucherons du genre culicoïdes, qui transmettent le virus. Ces moucherons peuvent parcourir environ 2 km/jour et vivre de 10 à 90 jours.
« Comme la maladie est arrivée en Europe à plusieurs endroits sur une courte période, il est plausible que des moucherons soient arrivés du Maghreb portés par des vents », partage David Ngwa-Mbot, vétérinaire conseil à GDS France. Puis les conditions climatiques ont été favorables à leur développement avec un été chaud et humide, un automne très doux ».
Une contamination par le sang n’est pas à exclure. « Il est possible que le virus n’ait pas besoin de transiter par le vecteur et puisse contaminer un autre animal sans temps de latence, envisage le vétérinaire. Cette contamination pourrait se faire par des microgouttelettes de sang. D’où l’importance d’utiliser une aiguille par animal ».
Quels sont les moyens de lutte contre la MHE ?
Il n’y a pas de traitement curatif contre la MHE. « Il n’existe pas de molécule contre ce virus », confirme Stéphan Zientara. En cas de symptômes, on peut juste soulager les animaux.
Un vaccin existe au Japon mais il n’est pas efficace sur le sérotype présent en France. « Nous avons des échanges avec de potentiels fabricants mais il est trop tôt pour savoir s’il y aura un vaccin pour ce sérotype », poursuit le spécialiste de la santé animale.
La lutte contre la MHE passe par la prévention
La lutte contre la MHE passe donc par la prévention. « Face au peu de connaissances sur cette maladie, prenons un maximum de précautions, protégeons-nous par une approche collective », conseille David Ngwa-Mbot. Pour freiner la propagation sur des moyennes à longues distances, une mesure efficace est la restriction des mouvements d’animaux, comme cela est le cas dans les zones à risques.
Quand un mouvement est nécessaire, il est obligatoire de désinsectiser les animaux et, sept jours après, de vérifier leur statut par un test PCR. Dans les autres zones, il est déconseillé d’introduire des animaux. Sinon, il faut les désinsectiser et bien respecter les mesures de quarantaine. « À plus long terme, il faut espérer que, comme pour la FCO, les troupeaux vont acquérir une immunité de groupe », envisage Stéphan Zientara.
Est-ce une maladie saisonnière ?
Probablement, du fait de la transmission de la MHE par des moucherons. David Ngwa-Mbot espère que « l’arrivée du froid freinera leur activité ». « Est-ce qu’il y aura une résurgence au printemps ou pas, se questionne Stéphan Zientara. On ne connait pas la dynamique de la maladie en Europe. En Sardaigne et en Sicile, il n’y en a pas eu de résurgence, en Andalousie, si. »
Cet été, il y a aussi eu de nouveaux cas de FCO. Faut-il y voir un lien ?
« Même si FCO et MHE sont causés par des virus de la même famille, il n’y a pas à craindre pas de réassortiment viral, rassure Stéphan Zientara. Ce sont deux maladies indépendantes mais qui ont un facteur commun, leur vecteur, pour lequel le contexte météorologique a été favorable ».
« Dans les troupeaux touchés, 10 à 20 % des bovins avec des signes cliniques »
Vétérinaire à la clinique du Gypaète à Lannemezan (65), Vivien Philis suit des élevages touchés par la MHE.
« Si la mortalité semble rester faible - 1 à 1,5 % - la morbidité, le nombre d’animaux avec des symptômes, semble plus élevée que ce que les cas des autres pays n'auraient pu le laisser penser. Il y a souvent de 10 à 20 % d’un cheptel qui présente des symptômes. Ce qui est frappant, c’est la soudaineté : en quinze jours, de nombreux cas sont apparus », partage Vivien Philis. Il note également des symptômes plus marqués « chez des animaux âgés, en moins bon état. Mais quand les cas sont détectés tôt, avec des soins appropriés, il n’y a pas trop de casse. Il est trop tôt pour savoir s’il y aura des conséquences sur la reproduction ».