Julien Denormandie fermement invité à revoir sa copie sur la prochaine Pac
La belle mobilisation des éleveurs à Clermont-Ferrand et Lyon leur a permis d’obtenir un rendez-vous avec le ministre de l’Agriculture. La répartition des aides compensatoires dans le cadre de la prochaine PAC sera au cœur des discussions.
La belle mobilisation des éleveurs à Clermont-Ferrand et Lyon leur a permis d’obtenir un rendez-vous avec le ministre de l’Agriculture. La répartition des aides compensatoires dans le cadre de la prochaine PAC sera au cœur des discussions.
Impressionnante mobilisation des éleveurs du Massif Central à Clermont-Ferrand. Le jeudi 25 mars dernier, ils étaient près de 8 000 venus avec un bon millier de tracteurs à avoir fait le déplacement. Une bonne vingtaine de départements des régions Aura, Nouvelle Aquitaine, Occitanie et Bourgogne Franche Comté étaient représentés. Une manifestation à laquelle participaient de nombreux élus des zones de montagne où l’élevage herbager et en particulier les cheptels bovins allaitants font partie des principales sources d’activité économique en générant de l’emploi tant en amont qu’en aval de la production. Les éleveurs et leurs tracteurs étaient d’ailleurs accompagnés des représentants de tous leurs partenaires économiques dont l’activité est elle aussi étroitement dépendante de l’élevage. "Cette mobilisation revêt un enjeu fort ! C'est le maintien des productions, des agriculteurs, des territoires qui est en jeu ! Merci à tous d'être si nombreux !" soulignait Sabine Tholoniat, présidente de la Fdsea du Puy de Dôme. Mobilisation d’autant plus réussie qu’elle a été organisée en très peu de temps.
L’absence de résultat d’Egalim
La problématique du prix de la viande bovine et plus largement des autres productions animales était au cœur des revendications. Depuis plus de deux ans, la loi EGA ne donne pas les résultats escomptés avec des prix agricoles largement inférieurs aux coûts de production. « Le revenu moyen d’un éleveur allaitant français l’an dernier c’était 700 €/mois/actif. C’est inacceptable et honteux. » tempêtait Bruno Dufayet, président de la Fédération Nationale Bovine. « On veut du concret et des prix pour nos animaux à la hauteur de nos couts de production. » Derrière ce volet c’est tout simplement l’avenir du métier d’éleveur qui est en jeu avec toute la problématique du renouvellement des générations. Sans la possibilité de dégager un revenu décent, en phase avec le gros capital que constitue un élevage en système bovin allaitant, il va être difficile d’attirer suffisamment de jeunes dans la profession alors même que la pyramide des âges des éleveurs est tout bonnement préoccupante.
La goutte qui fait déborder le vase
La seconde thématique qui a permis de rassembler en si peu de temps autant d’éleveurs et de tracteurs sur la place de Jaude, centre névralgique de la capitale auvergnate est la réforme de la PAC. Les premières propositions du Ministère exaspèrent les éleveurs herbagers. La goutte qui fait déborder le vase est cette proposition de réorienter une grande part des aides couplées vers les protéines végétales.
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Dans le cadre de la concertation autour du PSN (déclinaison française de la future Pac), le cumul de deux hypothèses étudiées par les services du ministère de l'Agriculture (DGPE) provoquerait « une réduction de 250 millions d’euros d’aides couplées accordées aux éleveurs de bovins viande ». Des annonces qui ne passent pas et qui, dans les rangs des éleveurs, ne font que des déçus. Cette réforme des aides couplées met ni plus ni moins en péril le devenir de l’élevage allaitant. « Sans aides couplées un département comme la Corrèze deviendra une immense friche » prévenait Daniel Couderc, président de la Fdsea de ce même département.
Proposition violemment anti-élevage herbager
« Cela fait plus de 30 ans que je fais du syndicalisme et je n’avais encore jamais vu une proposition aussi violemment anti-élevage et surtout anti-élevage herbager. C’est tout simplement l’avenir de nos zones de naissage qui est en jeu. Elles ont été prises pour cible. Cette proposition d’évolution du niveau des aides couplées ressemble à une volonté délibérée de faire baisser les effectifs du cheptel allaitant français. Il signifierait à terme un effondrement de l’activité économique de toutes nos zones de naissage. On demande au ministre de revoir sa copie. » soulignait Dominique Fayel, éleveur dans l’Aveyron et membre du bureau national de la FNSEA.
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« Vous, éleveurs ici présents, êtes venus empêcher un attentat prémédité qui ferait ni plus ni moins disparaitre toute l’économie présente sur nos territoires ruraux. Vous êtes venus empêcher cette tromperie que le gouvernement veut mettre en place. » s’agaçait Pierre Chevalier, élu de Corrèze et ancien Président de la Fédération Nationale Bovine. « Pas de veaux, pas de viande ! Ce recul programmé du nombre de veaux nés sur le territoire français aura évidemment un impact sur les tonnages de viande produites. Il se traduira par un appel d’air à la viande importée du Brésil ou d’Argentine avec des animaux finis par milliers, les pattes pataugeant dans la bouse, dans d’immenses feed-lots où ils sont gavés de maïs et soja OGM après avoir reçus leurs implants d’hormones. Et ça, nous n’en voulons pas ! »
Le lobbying de la « viande tricatel »
Derrière les premières propositions du Ministère ne faut-il pas non plus y voir le résultat des actions de lobbying menées par les différents promoteurs des viandes de synthèse ou autres galettes végétales qui ont forcément tout intérêt à faire en sorte que le cheptel allaitant soit décimé pour mieux vendre leur camelote. Et Patrick Benezit secrétaire général adjoint de la Fnsea et éleveur dans le Cantal de s’ériger contre la « viande Tricatel » telle qu’elle est actuellement promue par l’entreprise « Les nouveaux Fermiers » dans laquelle Xavier Niel, homme d’affaire et milliardaire français, a investi des sommes conséquentes. « Notre mobilisation à Clermont et Lyon n’est pas seulement celle d’une corporation. Les choix de la France engagent le modèle alimentaire de demain : produits naturels et de qualité versus alimentation de synthèse. Au pays de la gastronomie, c’est un véritable choix de société. »
Après quelques heurts avec les forces de l’ordre, les représentants des éleveurs ont finalement obtenus un rendez-vous avec le ministre de l’Agriculture Julien Denormandie, en début de semaine prochaine, à Paris.
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