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Ensilages de maïs, foins et enrubannages 2024 : comment en tirer parti malgré les conditions de récolte dégradées ?

Les chantiers d’ensilage de maïs sont tardifs, avec en plus un risque élevé de développement de mycotoxines. La pluviométrie de 2024 a aussi des impacts importants sur la valeur alimentaire des foins, ensilages et enrubannages de prairies. 

ensilage maïs sol lourd
© Réussir

La pluviométrie de 2024 ayant perturbé les chantiers de récolte des prairies au printemps et en été, l’analyse au laboratoire des fourrages est plus que jamais recommandée cette année pour pouvoir ajuster les rations. Si certains fourrages présenteront des valeurs alimentaires correctes, une bonne partie des stocks risquent de ne pas être conformes aux repères des années précédentes. 

Selon les premières données disponibles en région Centre-Val de Loire (source : Herbe et Fourrages Centre-Val de Loire), les conséquences de la météo sont de plusieurs ordres. « La matière sèche des fourrages stockés apparait hétérogène et parfois faible. C’est le cas des enrubannages de luzerne qui affichent un taux moyen de 47 % avec un tiers des récoltes en dessous de 40 %. De même, 10 % des foins titrent moins de 80 % de matière sèche. La plus grande prudence reste donc de mise en matière de problème sanitaire (et d’incendies). Enfin, les foins multi espèces manquent d’énergie et d’azote avec des valeurs moyennes de 0,64 UFL et 60 g de PDI par kg de matière sèche. »

Vigilance sur le niveau de protéines des rations à base d’herbe

« Vigilance sur le niveau de protéines des rations à base d’herbe », note dans son bulletin d’automne Elvea Béarn Pays Basque Landes. « Il est à craindre des foins assez fibreux et encombrants avec des valeurs en protéines (MAT) faibles. Les enrubannages de cette année sont plus pauvres de 3 à 5 points en protéines et tournent autour de 13 % de MAT au lieu de 17 à 21 %. Et au niveau de l’énergie, ils sont autour de 0.75 UFL au lieu de 0, 8 à 1.10 UFL. »

Les quantités de concentrés devront dans bien des cas être revues pour maintenir les niveaux de performances. 

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Pour les ensilages de maïs, les chantiers sont très souvent tardifs à cause de la pluie et du retard en végétation lié à des dates de semis tardives et à une année globalement fraîche qui n'a pas permis de compenser le retard éventuellement pris à l'implantation. 

« Si on arrive à ensiler à un taux de matière sèche proche de 30 %, on va certes perdre un peu de rendement, mais la valeur alimentaire de l’ensilage sera plutôt préservée », explique Anne-Sophie Colart, animatrice de la filière maïs fourrage chez Arvalis. On peut organiser le silo en intercalant des couches venant de parcelles plus sèches avec celles qui sont le plus humides pour absorber au mieux les jus. 

« Vu les grands gabarits des maïs cette année, le ratio entre les épis et la partie tiges-feuilles est souvent déséquilibré. On s’attend à une valeur énergétique un peu faible de l’ensilage », prévient la spécialiste. Ceci est à confirmer avec les retours d'analyses d'ici quelques semaines. 

Lire aussi | Maïs fourrage : faut-il encore attendre pour ensiler ?

La récolte en coupe haute, à 55 cm de hauteur, permet de reconcentrer l’ensilage. Elle a en même temps l’avantage d’augmenter de 2 à 3 % le taux de MS plante entière, ce qui permet d’anticiper la récolte de 8 à 10 jours selon la synthèse des essais d’Arvalis sur cette technique de récolte. 

 

Impact de la hauteur de coupe du maïs fourrage sur différents critères (essais Arvalis, 2014)

essai arvalis maïs ensilage coupe haute

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Une année particulièrement à risque pour les mycotoxines

L’année 2024 cumule pratiquement tous les facteurs de risques pour le développement de mycotoxines dans l’ensilage de maïs, prévient d’autre part Jérôme Larcelet, consultant nutrition chez Seenorest qui s’occupe de l’observatoire des mycotoxines.

Les mycotoxines se développent en effet de façon exponentielle en fin de cycle du maïs. De plus, la météo douce et humide favorise depuis le printemps et l’été le développement du fusarium, champignon responsable de la sécrétion de mycotoxines au champ. Les attaques de pyrale ont aussi été relativement fréquentes cette année, et si le champ n’a pas été traité, les dégâts des foreurs représentent des portes d’entrée pour les champignons sur les pieds de maïs.  Le spécialiste s’attend ainsi à une année faste pour les mycotoxines. 

« Pour situer le niveau de risque pour la santé des bovins, il faut calculer la quantité de mycotoxines ingérées par jour sur la ration totale », rappelle Jérôme Larcelet. Le risque est souvent faible pour les vaches allaitantes quand leur ration n’est qu’en partie composée d’ensilage de maïs, même si celui-ci est fortement contaminé. Leur transit est beaucoup plus lent que celui des vaches laitières, et leur rumen a davantage le temps de neutraliser les mycotoxines. 

Attention cependant pour les animaux jeunes de race à viande. « En engraissement de jeunes bovins, cette année, il est pertinent d’être vigilant sur le niveau de mycotoxines dans la ration. »  L’ensilage de maïs épi présente un risque plus élevé que l’ensilage plante entière du fait de sa récolte plus tardive. Les céréales présentes dans la ration peuvent elles aussi apporter leur lot de mycotoxines qui s’additionnent à celles des fourrages. 

Lire aussi | Mycotoxines : comment lire les résultats d’analyse

Lire aussi | Mycotoxines : un nouvel outil pour évaluer le risque dans la ration 

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