Des broutards aux GMQ plus autonomes avec le pâturage tournant
Une meilleure gestion de l’herbe permet d’obtenir des croissances plus autonomes pour des broutards nés en début d’automne. C’est le résultat de plusieurs séries d’essais réalisées à la ferme expérimentale de Jalogny en Saône-et-Loire.
Une meilleure gestion de l’herbe permet d’obtenir des croissances plus autonomes pour des broutards nés en début d’automne. C’est le résultat de plusieurs séries d’essais réalisées à la ferme expérimentale de Jalogny en Saône-et-Loire.
Quel niveau de complémentation sous la mère adopter en hiver pour des broutards charolais nés en début d’automne et destinés à être vendus courant juin à un poids objectif minimum de 400 kg vif payables au moment du sevrage ? Des réponses à cette question ont été apportées par l’équipe de la ferme expérimentale de Jalogny. Pour cela, différents itinéraires techniques ont été mis en place par le passé en faisant jouer le niveau de la complémentation en bâtiment entre la mi-novembre et la fin mars, puis une fois que les animaux ont regagné les pâtures avec leurs mères à compter de la mise à l’herbe jusqu’au moment de leur vente.
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En hiver, cette complémentation reposait sur un concentré fermier à 17 % de MAT associant 50 % d’orge aplatie, 25 % de pulpes déshydratées, 23,5 % de tourteau de colza et 1,5 % de minéraux. Au printemps, une fois les animaux à l’herbe, le mélange évoluait vers 50 % d’orge aplatie et 48,5 % de pulpes de betteraves, complété par des minéraux de façon à faire passer le taux de MAT de 17 à 10 %.
Les essais ont permis de montrer que des complémentations hivernales de haut niveau (plus de 1,5 kg de concentré par tranche de 100 kg de poids vif) se traduisent logiquement par des croissances pondérales elles aussi de haut niveau au cours de la période hivernale mais que cette forte complémentation en bâtiment se traduit ensuite par de moins bonnes performances à l’herbe. « À l’inverse, si on descend en dessous de 1 kg d’aliment par tranche de 100 kg de poids vif en hiver, les croissances seront un peu moins bonnes en bâtiment mais meilleures une fois les veaux mis à l’herbe », synthétisait Pauline Madrange, cheffe de projet à l’Institut de l’élevage. Au final, pour des veaux mâles charolais d’un bon potentiel génétique, le niveau optimum pour la complémentation hivernale se situe entre 1 et 1,5 kg de concentré par 100 kg de poids vif et par jour.
Impact très favorable du pâturage tournant
L’autre interrogation à laquelle les expérimentations de Jalogny ont permis d’apporter une réponse est celle de l’impact de la gestion du pâturage sur les croissances et les consommations de concentré une fois les veaux remis à l’herbe avec leurs mères. Les deux stratégies comparées sont celles d’un pâturage continu (également appelé pâturage simple) sur une seule parcelle ou d’un pâturage tournant simplifié sur trois parcelles. Les broutards étaient dans les deux cas complémentés au nourrisseur mais sans aller au-delà de 3 kg/tête/jour. Les performances pondérales obtenues sur les différents lots ont été synthétisées dans le graphique ci-joint.
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Une fois remis en pâture, les veaux qui avaient été complémentés à raison de 1 kg d’aliment fermier par tranche de 100 kg de poids vif au cours de leur hivernage en bâtiment ont ensuite réalisé à l’herbe des GMQ de 1 420 g quand ils étaient en pâturage simple et de 1 750 g quand ils étaient en pâturage tournant. Les niveaux d’ingestion en aliment étaient aussi bien moindres pour les lots en pâturage tournant, à savoir 1,5 kg d’aliment/veau/jour contre 2,6 kg/veau/jour en pâturage simple. La tendance était similaire pour les veaux qui en hiver étaient complémentés en bâtiment sur une base de 1,5 kg d’aliment par tranche de 100 kg de poids vif avec là aussi de meilleures croissances et une moindre consommation d’aliment pour les lots en pâturage tournant. « Cela s’est traduit par une complémentation fortement réduite dans les deux lots avec en parallèle une amélioration des croissances », résume Pauline Madrange. La diminution de la quantité de concentré fermier utilisé oscille de 80 à 130 kg/tête selon les années. Pour autant, les poids objectifs de vente ont été parfaitement respectés avec des veaux vendus autour du 15 juin à un peu plus de 9 mois autour de 450 kg net payables.
L’expérience 2021 est en cours
Pour l’année en cours, ce travail sur l’impact d’un pâturage tournant bien conduit pour aller dans le sens de croissances d’un bon niveau avec un maximum d’autonomie alimentaire se poursuit. Le dispositif retenu est un pâturage tournant sur cinq parcelles pour deux lots de vaches suitées de veaux nés en début d’automne. Dans un des lots, les veaux sont complémentés et dans l’autre, ils n’ont que cette herbe bien gérée et le lait de leur mère pour faire des kilos. Les premières données obtenues à mi-parcours fin avril laissaient augurer de performances très intéressantes pour le lot non complémenté. À suivre !